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Editorial

Fumeux...

La tendance se confirme, le lobby des intellectuels renforçant par tous moyens son action, la consommation de cannabis se banalise. Celle que l'on se plaît à qualifier de drogue douce est aujourd'hui considérée comme quasiment moins nocive que le tabac... distribué sous le contrôle de l'Etat pour son plus grand bénéfice d'ailleurs.

De là à envisager sérieusement la vente libre de cette herbe interdite hier, il n'y a qu'un pas que certains n'hésitent pas à franchir. L'Etat trouvera beaucoup plus moral d'être là encore distributeur exclusif du produit, histoire de prendre officiellement la part du bénéfice que se partagent aujourd'hui les dealers, on a la moralité que l'on peut !

Une nouvelle source de business qui n'est pas sans susciter l'intérêt de certains qui se verraient bien faire partie de la filière de distribution. Avec beaucoup de réserve et de sagesse, les pharmaciens, que certains voyaient désignés d'office, se voient mal vendre un produit qui ne concourt pas à la santé et d'évoquer une certaine répartition des rôles en précisant que les buralistes vendent du tabac et les pharmaciens les produits pour soigner le cancer... Ils savent, avec intelligence, préserver leur image.

Du côté des buralistes, ce n'est de toute évidence pas en ces termes que l'on voit les choses et l'on se met déjà sur les rangs pour vendre, entre timbres fiscaux, cartes de téléphone, chewing-gum et cigarettes, du cannabis. Un monopole que l'on se prépare à revendiquer en mettant en avant l'existence d'un réseau de professionnels de service public, auxiliaire du percepteur et déjà étroitement contrôlé par l'administration. Autant d'arguments pour mettre en avant les garanties de sérieux et de moralité d'une profession qui semble voir avant toute chose, l'intérêt immédiat de son tiroir-caisse. Un élément important, certes, à l'heure où les campagnes de lutte contre le tabagisme font reculer d'une manière sensible les ventes de cigarettes, mais il ne faudrait pas que les buralistes s'engagent trop rapidement dans une aventure aussi périlleuse pour l'image des cafés, bars, tabacs en général.

A l'heure où l'on dénonce le code des débits de boissons, où l'on se bat contre les fermetures administratives que l'on qualifie systématiquement d'abusives, alors que dans bien des cas, les professionnels informés et honnêtes reconnaissent que les abus sont réels chez certains peu scrupuleux, on ne peut que s'étonner, pour ne pas dire s'insurger, devant une telle déclaration d'intention ! Si l'on veut redonner au café sa vocation de lieu de vie, de convivialité et de sécurité, comment tolérer que cette profession se porte volontaire pour la vente d'une drogue, même si on la qualifie de douce ? Les cafés, injustement qualifiés par certains de "lieux de perdition", pourraient dès lors le devenir réellement pour peu qu'ils soient café-tabac-cannabis !

PAF


L'HÔTELLERIE n° 2554 Hebdo 26 mars 1998

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