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A Angers, après trois dépôts de bilan

Le Quéré éteint ses 4 étoiles

Maison luxueuse au cœur d'Angers, le pavillon Le Quéré vient d'être mis en liquidation judiciaire. La fin d'un établissement, grevé de problèmes financiers et malencontreusement laissé aux mains d'hommes peu scrupuleux.

La nouvelle année 1998 sonne le glas d'un établissement de prestige sur la ville d'Angers. Hôtel-restaurant 4 étoiles situé au cœur de la cité du roi René, Le Quéré a été mis en liquidation judiciaire le 14 janvier dernier, entraînant le licenciement des quatorze employés.

L'aventure de cette luxueuse maison remonte à 1991, date à laquelle Paul Le Quéré rachète l'hôtel particulier Bordeaux-Montrieux, d'époque Napoléon III. L'homme n'est pas un inconnu sur la place puisqu'il possède déjà un établissement, qu'il vend pour se lancer dans ce nouveau défi. Les travaux d'aménagement de cet hôtel de 9 chambres et du restaurant de 70 couverts sont nombreux et importants (plafonds à l'ancienne travaillés à la feuille d'or...). Le coût total se monte à 18MF. De gros emprunts sont alors contractés et leur remboursement va s'avérer préjudiciable pour l'affaire. Une première déclaration de cessation des paiements intervient en juillet 94, suivie d'un redressement judiciaire. Le fonds est alors cédé à une société parisienne, gérante de nombreux hôtels dans l'Hexagone, OHR, l'Office Hôtelier Régional. Paul Le Quéré demeure le patron de l'établissement et règne toujours sur les cuisines. En 1996, le scénario intervenu deux ans plus tôt se répète. L'affaire connaît un nouveau dépôt de bilan. Cette fois-ci, le repreneur du fonds de commerce, un homme du métier, se nomme Michel Bleyère.

A quelques heures de la fermeture de son établissement, ce dernier revient sur les errements passés et désigne, sans ambages, les responsables. "J'ai fait progresser le chiffre d'affaires de 21% et baisser les charges de 41%. Les pertes sont passées de 300.000 F par mois à environ 50.000 F. Il aurait fallu encore quelques mois pour que cette affaire retrouve une certaine vie, souligne-t-il. Mais le passif laissé par l'ancien propriétaire, aujourd'hui mis en examen, était trop lourd. Environ 3 MF." Ce passif, bien que colossal, n'est pas seul en cause. "Il fallait renégocier le bail commercial complètement aberrant." Le loyer atteint en effet 50.000 F. plus un prélèvement de 7% sur le CA !

Enfin, toujours selon M. Bleyère, "le renouveau passait par une renégociation salariale." En Août 96, la masse salariale représentait 105% du CA (30% aujour-d'hui) et depuis quatre mois, les salariés demandaient le paiement des heures supplémentaires, "soit 200.000 F. de plus par mois."

Au regard du passif et des résultats réalisés depuis deux ans, on comprend aisément l'amertume du dernier propriétaire. Selon lui, "une affaire de ce type peut fonctionner. La clientèle était revenue et Paul Le Quéré, toujours aux cuisines, avait redoré le blason de l'établissement", qui, de l'aveu même de son propriétaire, comportait un défaut. Il n'avait que neuf chambres. Elles devraient être aménagées en bureaux.

O. Marie

A Angers, Le Quéré ferme ses portes.



L'HÔTELLERIE n° 2548 Hebdo 12 fevrier 1998

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