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Trois hôtels changent de vocation

Entre Nîmes et Alès, 194 chambres d'hôtels se sont transformées en résidences pour étudiants. Une façon de contourner la crise, d'assurer une succession ou d'éviter des investissements pas toujours rentables.

Trois hôtels, deux à Nîmes et un à Alès, ont donc changé, en l'espace de quelques mois, de vocation. Oubliés les clients qui réservent et ne viennent pas, les petits déjeuners, les papiers peints, la décoration qu'il faut sans cesse rafraîchir : désormais, ce sont des étudiants qu'ils accueillent dix mois sur douze. De quoi assurer un taux d'occupation exceptionnel.

Mais si l'Hôtel Carrière, le Solotel et le Grand Hôtel ont connu à peu près à la même époque cette grande mutation, les motivations divergent et surtout, seul Michel Roussière, le propriétaire du premier, est resté à la barre. Les autres ont vendu. Le Solotel (93 chambres classées 3 étoiles) à la Mutualité Gard-Cévennes et le Grand Hôtel (43 chambres classées 2 étoiles) au Lycée technique de La Salle.

L'Hôtel Carrière, c'était 58 chambres, rue Grizot. Une petite rue donnant cependant directement sur les grands boulevards qui entourent le centre commercial de Nîmes. Une hôtellerie de centre-ville qui a appris, au fil des années, à souffrir de la concurrence menée en périphérie par les établissements issus de chaînes. «Et puis, il y a eu un changement de mode de vie, les gens sont devenus amateurs d'hôtels en périphérie. Du coup, pendant les dix dernières années, la baisse de la fréquentation a été progressive et régulière. La différence entre les taux d'occupation en ville et à l'extérieur n'a fait que s'accroître. Comme on ne gagnait plus d'argent et qu'on allait bientôt en perdre, nous avons choisi de nous restructurer», conclut Michel Roussière.

C'est ainsi qu'est née, à la dernière rentrée scolaire, la Résidence Grizot avec ses 34 studios et ses 12 deux pièces. Après 11 mois de travaux durant lesquels il a fallu «récupérer de l'espace dans les couloirs pour agrandir les chambres, installer des kitchenettes partout, refaire la plomberie, l'électricité, la ventilation. Bref, tout transformer», résume Michel Roussière. Mais cet investissement est visiblement plus sécurisant qu'une rénovation hôtelière comme il l'aurait envisagé si l'activité avait été satisfaisante. C'est aussi moins de soucis.

Aujourd'hui, d'ailleurs, il ne regrette pas ce virage. Ses locataires non plus qui se retrouvent en centre-ville et non excentrés comme dans la majorité des résidences universitaires classiques.

Sollicitation
du groupe Accor

Le cas du Solotel est sensiblement différent comme l'explique Christian Py, le directeur de la Mutualité Gard-Cévennes, le nouveau propriétaire et exploitant. «En fait, c'est la direction du groupe Accor qui a pris contact avec nous, tant au plan local que national, au début de l'année. C'était pour nous faire part du souhait de réduire une capacité hôtelière jugée un peu trop importante dans une même zone. Après quelques mois de discussions, nous avons signé l'acte de vente début juillet et réalisé les travaux durant l'été pour mettre 94 appartements à la disposition d'étudiants, mais aussi de jeunes entrant dans la vie active ou suivant un apprentissage. Aujourd'hui, nous gérons une liste d'attente tant la demande a été forte.»

Ainsi, les appartements sont gérés par la MGC selon la formule d'un foyer, alors que le restaurant est loué à l'Association des parents d'adultes handicapés qui ont ouvert un restaurant à vocation sociale et que le bar et le hall, modifiés, accueillent le club-house du sport universitaire nîmois. Un exemple de réussite qui incite Accor et la Mutualité Française à aller un peu plus loin. Ils étudient d'ailleurs une vingtaine de dossiers identiques de reconversion en France...

Question d'opportunité

Pour le Lycée technique de La Salle, à Alès, le rachat a été une question d'opportunité et de patience. «Nous savions depuis longtemps que cet établissement connaissait des difficultés et il y a trois ans, nous avions fait des propositions à M. Larguier, son propriétaire. Comme ses prétentions étaient un peu hautes, nous n'avons pas donné suite. Mais comme il y a quelques mois, il les a revues à la baisse, nous avons pu concrétiser notre projet.»

Les 43 chambres, devenues 48, accueillent ainsi chacune, deux lycéens âgés entre 17 et 21 ans à moins de 500 mètres de l'établissement scolaire lui-même. Mais avant de livrer le bâtiment aux élèves, d'importants travaux ont été réalisés. «L'aménagement, la rénovation, la mise en sécurité, tout cela a nécessité un investissement de l'ordre de 5,5 MF, poursuit Jacky Brès, le directeur de cet établissement privé. Si M. Larguier avait dû réaliser la même chose, je pense qu'il aurait eu du mal à amortir un investissement de cet ordre.»

Une réalité économique qui, dans ces trois cas, a été le moteur d'une évolution importante. Car, à l'arrivée, le Gard a perdu près de 200 chambres. Ce qui signifie aussi moins de concurrence pour les hôtels en place.

J. Bernard



L'HÔTELLERIE n° 2486 HEBDO 5 decembre 1996

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