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Bistrots en Fête 96 dans le collimateur de l'inspection du travail

Merci Monsieur Barrot !

Principalement à Paris, Lyon et Bordeaux, les établissements arborant Bistrots en Fête ont été confrontés au zèle des pouvoirs publics et en particulier de l'inspection du travail. A l'origine : une circulaire signée du cabinet de M. Barrot, demandant à ses services la plus extrême vigilance autour de Bistrots en Fête... Le travail c'est la santé, rien faire, c'est la conserver pourrait-on ironiser du côté des cafetiers. Mais l'heure n'est pas à la plaisanterie.

Pas facile de faire la fête aujourd'hui quand la musique, le rire et la spontanéité dérangent. C'est le constat qu'on peut tirer après les tracasseries administratives qui ont perturbé Bistrots en Fête à Paris, Lyon et Bordeaux cette année. A l'origine : une circulaire du cabinet du ministre du Travail et des Affaires sociales à l'attention des départements concernés par l'opération demandant «la vigilance la plus extrême de leurs services pour Bistrots en Fête». Résultat : la grande majorité des établissements a reçu la visite avant et pendant Bistrots en Fête de l'inspection du travail et de l'URSAFF. De quoi décourager les bonnes volontés. En effet, comme témoignent plusieurs cafetiers, non seulement les inspecteurs se sont intéressés aux éventuels groupes de musiciens ou artistes amateurs qui devaient se produire dans les établissements, mais ils en ont également profité pour faire un contrôle général du personnel.

Jean Biron, président de la Fédération nationale des cafés, brasseries et discothèques au sein de la FNIH, s'est insurgé contre le principe. «Ces descentes ternissent les fêtes dans les cafés et perturbent les clients», a-t-il martelé récemment devant la presse. Il faut dire qu'une grande majorité des «descentes» a eu lieu le samedi, au coeur de la manifestation. «Il ne s'agit pas d'embarquer les adhérents de Bistrots en fête dans une opération hors la loi», a-t-il fait remarquer. «Notre but est d'offrir des animations à nos clients et de proposer à toute une catégorie de musiciens et d'artistes la possibilité de disposer d'une salle et d'un public...».

Décourageant

Sur l'organisation intrinsèque de Bistrots en Fête, tous les établissements participant à l'opération avaient reçu des brochures explicatives destinées aux «organisateurs occasionnels de spectacles». En outre, une grande partie des animations se déroulait sous la houlette de l'agence responsable de la promotion de Bistrots en Fête. Ce qui n'a pas empêché des inspecteurs du travail de questionner un cafetier sur les rétributions qu'il allait verser à des personnalités du showbizz présentes dans son bistrot alors qu'elles étaient là pour participer à une émission organisée par une radio partenaire de l'opération...

«Les contrôles systématiques qui se sont exercés en prélude de la fête et pendant celle-ci ont découragé bon nombre de patrons», ajoute M. Biron. Certains d'entre eux -pas loin de 20%- ont même renoncé à offrir les spectacles prévus. De simples banderoles ont dû être enlevées et des spectacles décommandés. Dans un passage où l'animation extérieure n'avait pas été autorisée, des policiers ont fait retirer la banderole qui flottait sur la vitrine, estimant que c'était en soi une animation, explique un cafetier parisien, scandalisé par «le zèle» des pouvoirs publics.

«Ce qui s'est passé, constate un autre cafetier, ne fait que reflèter les problèmes que nous rencontrons régulièrement avec l'administration. On nous surtaxe et dès qu'on tente de faire vivre notre établissement, on vient nous mettre des bâtons dans les roues. C'est facile, on a pignon sur rue.»

Pour revenir au problème qui a touché Paris, Guy Imbert s'est exprimé officiellement au nom de M. Leban, adjoint au Maire de Paris en charge du commerce et de l'artisanat, et a rappelé son total soutien à Bistrots en Fête. «La ville tient à ses bistrots, vous en êtes l'image que retiennent les touristes. La Mairie de Paris regrette les problèmes rencontrés et restera partie prenante et agissante dans ces manifestations qui mobilisent les établissements parisiens. A Paris, il y a une Préfecture de police, il y a une inspection du travail, ces organismes n'ont rien à voir avec la Ville de Paris», a-t-il déclaré.

«Les difficultés que nous avons rencontrées ne doivent pas nous faire douter de l'intérêt de Bistrots en Fête», conclut Jean Biron qui souhaite réunir au plus vite tous les intervenants (administrations, municipalités et professionnels) pour «réfléchir ensemble aux moyens à mettre en place pour que la fête subsiste et se déroule sereinement». La partie n'est pas gagnée d'avance. Les administrations connaissent trop bien le gros défaut de la profession : sa frilosité devant les opération de masse. «Il va pourtant falloir qu'on apprenne à se serrer les coudes et à faire valoir nos droits légitimes», rétorque un professionnel.

Sy.S.



L'HÔTELLERIE n° 2481 HEBDO 31 octobre 1996

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