L'arrivée d'un McDonald's dans une ville engendre souvent le mécontentement des hôteliers et restaurateurs indépendants. A Saint-Malo, rien de tel, au grand dam de Jean Chouamier, président du Syndicat hôtelier de la Côte d'Emeraude.
Pourtant, la municipalité vient de donner son accord à l'implantation d'un McDonald's au coeur de la cité corsaire, rue du Général de Gaulle, sur un terrain de 2.700 m2 appartenant à la ville. Un emplacement de choix sur une artère fréquentée par quelque 35.000 véhicules par jour. «Dans un premier temps, la municipalité nous a demandé notre avis. Il a été négatif, explique Jean Chouamier. Les responsables de la mairie m'ont dit qu'ils préféraient contrôler eux-mêmes cette implantation plutôt que quelqu'un d'autre. En fait, ils se débarrassent d'un terrain à bon compte. C'est une histoire de gros sous.»
Suite à cette décision, les professionnels envoient une lettre de protestation dans laquelle l'argumentation principale repose sur la différence de TVA. «Mais depuis peu, mon argumentation tombe à l'eau, puisque maintenant tout le monde risque de passer à 20,6%», reconnaît Jean Chaoumier. Le président regrette toutefois que la municipalité soutienne la concurrence, «alors que la situation des hôteliers- restaurateurs sur Saint-Malo est loin d'être au beau fixe».
Mais ce qui rend Jean Chouamier le plus amer reste le manque de mobilisation de la part de ses confrères. «Une seule restauratrice s'est manifestée. Aujourd'hui, c'est du chacun pour soi.» L'avertissement lancé au maire dans la lettre («Faut-il prendre exemple sur le monde agricole pour se faire entendre ?») est tombé à l'eau. Il a été désamorcé par les professionnels eux-mêmes. Particulièrement remonté contre ses adhérents, le président en profite pour critiquer la surcapacité hôtelière sur Saint-Malo et Cancale. «Que l'on s'occupe déjà des normes sanitaires de certains établissements et on serait beaucoup moins nombreux sur la place !»
Quant au McDonald's, Jean Chouamier n'y va pas par quatre chemins : «Les enfants n'y vont pas pour la nourriture, mais pour les cadeaux qu'on leur offre.» Bientôt, pendant la Semaine du goût, Jean Chouamier et ses collègues inviteront des classes dans leurs établissements. «Là, ils viendront pour le goût...»
O. Marie
L'HÔTELLERIE n° 2477 Magazine 3 Octobre 1996
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