Actualités

licence lvparlons-en

Du bon service de la bière...

Question n°1 : les français savent-ils boire une bière ? Question n°2 : les bièrologues franchouillards savent-ils servir la bière ? Dans l'Hexagone, il est de bon usage depuis longtemps de présenter verre et sous-bock adéquat, deux à trois centimètres de mousse, de rafraîchir le verre au rince-verre et de situer la température idéale entre 6 et 9° selon la bière, tout autre rituel étant passé au bûcher... Bien beau d'un point de vue académique. Mais tellement restrictif... Dans une micro-brasserie au pied des rocheuses, on sort la chope d'un bac à glace et la bière servie est si froide que des cristaux fondent dans la bouche... (oui aux US ! oui, bien sûr faut pouvoir y aller ! Oui, c'est pas dans nos habitudes la bière glacée !) En Australie, où il y a presque autant de marques de bières que de villes, la plus populaire titre 2,5° et on la boit à 3° dans un verre haut... (oui, l'exemple coûte encore plus cher si on veut tester sur place !) En Irlande (ça vous va, cette fois, comme paradigme brassicole ?), en Irlande donc, leur extra stout, tout de noir vêtue, se déguste à température ambiante (température du pub entendons-nous bien) et avec pour seule coiffe, une mince épaisseur entre mousse et crème dont la durée de vie s'arrête aux deux, voire trois premières secondes. En Belgique (1 heure par le train et de nombreuses promos en fonction des horaires), certaines recettes élaborées par les moines tiennent tête en matière de garde à certains rouges ou liquoreux. Là encore, nos piliers de bar, qu'ils soient parigots ou strasbourgeois, ont du mal à admettre les vertus d'une (allez, osons une marque) Chimay bleue de 15 ans...
La profession cocardière s'est lancée, il y a presque dix ans (déjà !), dans la belle et honorable démarche d'une qualité encadrée par quelques principes stricts sous tutelle de Charte (dans l'esprit ci-dessus : verre et sous-bock, voire collerette, température entre 6° et ..., etc). Quelques principes stricts qui vont, soyons francs, à l'inverse de la curiosité des nouveaux consommateurs. Des nouvelles générations. La bière en pichet est pour certains beaucoup plus sympathique que trois verres habillés de papier. Même parés de leurs trois centimètres de mousse. Le succès de la Corona (encore une marque, zut !) aurait dû faire réfléchir nos biérologues avertis. Eh bien non, ils ont préféré dire que ce n'était pas vraiment une bière (sic).
Quelle misère... Il n'y a pas une bière mais des bières. Il n'y a pas une façon de boire la bière mais autant de modes de consommation que de bières. Le seul point commun sera le respect des techniques (nettoyage des tirages-pression par exemple) et des process. Au-delà, laissons aux nouvelles générations de limonadiers le soin de surprendre.
Et vive les cocktails à la bière !

 


Vos commentaires : cliquez sur le Forum des Blogs des Experts

L'HÔTELLERIE n° 2655 Magazine 2 Mars 2000

L'Application du journal L'Hôtellerie Restauration
Articles les plus lus...
 1.
 2.
 3.
 4.
 5.
Le journal L'Hôtellerie Restauration

Le magazine L'Hôtellerie Restauration