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Des Alpilles au Luberon en passant par Avignon...
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La petite chaîne qui monte...

En 1983, Françoise et Jean-Michel Gallon étaient cadres dans des multinationales. Pour ne pas être séparés par les aléas de leur carrière professionnelle, ils décident de se lancer ensemble dans l'hôtellerie.

m Lisa Casagrande

Formés dans des écoles de cadres aux Etats-Unis, spécialisés l'un dans le marketing, l'autre dans la communication, Françoise et Jean-Michel Gallon ont, un jour, fait le bilan de leurs compétences réciproques pour savoir dans quel secteur se lancer pour réussir ensemble. Ce fut l'hôtellerie, un monde que Jean-Michel connaissait bien puisque ses parents étaient eux-mêmes hôteliers, mais dans lequel, plus jeune, il n'avait pas voulu faire carrière, préférant le métier d'ingénieur. Réflexion faite, ils décident d'acheter en Avignon l'Auberge de Cassagne et ses 14 chambres. Aujourd'hui, ils sont également propriétaires du Vallon de Valrugues à Saint-Rémy-de-Provence, et viennent de racheter les Bories de Gordes. Au total : 100 chambres 4 étoiles et une vraie petite chaîne de luxe...

Une obligation de résultats
"Nous avions une envie de réussir acharnée et étions animés par l'esprit de conquête car nous avons toujours eu l'habitude de prendre des risques", estime Françoise, mince femme blonde et énergique.
Le couple achète donc, au Pontet près d'Avignon, l'Auberge de Cassagne, une bastide-hôtel de 14 chambres, dans un écrin de verdure, avec un restaurant noté 12 au Gault et Millau, mais un chiffre d'affaires stagnant autour de 2,20 MF. "Nous avions une obligation de résultats car pour acheter nous avions fait de gros emprunts et hypothéqué nos biens. Il fallait que nous augmentions le chiffre de 25 à 30 % en deux ans."
Deux années plus tard, le restaurant gagne son premier macaron, grâce à Philippe Boucher, son chef, toujours aux fourneaux aujourd'hui. Du coup, l'établissement gagne aussi la clientèle supplémentaire indispensable. Mais l'Auberge de Cassagne est bientôt trop petite pour les ambitions du couple, bien qu'il en double peu à peu le nombre de chambres. Pour motiver le personnel et dégager des fonds, il cède une partie des actions à l'équipe d'encadrement et, en 1988, achète à Saint-Rémy-de-Provence un second établissement 3 étoiles entouré d'un vaste parc et composé de 33 chambres, 50 aujourd'hui, avec un CA de 2,40 MF.
"Nous avons enfin pu vraiment appliquer nos compétences en marketing, estime Françoise Gallon. Notre objectif, dès le départ, était de nous développer et de passer à la gamme d'hôtellerie supérieure. Nos deux établissements sont passés en quatre étoiles au début des années 90. L'hôtellerie haut de gamme rapporte en effet plus que la restauration, mais celle-ci doit être de qualité car c'est l'image de marque de l'hôtel."
L'objectif est donc aujourd'hui de décrocher aussi une étoile pour le restaurant du Moulin de Valrugues, qui compte 90 couverts, et dont le nouveau chef, Laurent Chouviat, a été pris en mains par son "mentor" de l'Auberge de Cassagne.
Pour avoir une gestion plus efficace, le couple, qui vient de racheter le petit hôtel 4 étoiles des Bories à Gordes (16 chambres), a rapidement créé une holding patrimoniale chapeautant les différents établissements et en assurant la commercialisation commune avec une équipe composée d'abord de deux commerciaux, auxquels se sont rajoutés il y a un an un directeur commercial et, depuis quelques mois, une directrice des relations publiques. Chaque établissement possède par ailleurs une direction opérationnelle propre.
Le couple, qui à ses débuts avait une dizaine d'employés, en salarie aujourd'hui plus de 100 - 40 à l'Auberge de Cassagne, 65 au Vallon de Valrugues, auxquels s'ajoute la petite équipe des Bories - et réalise un chiffre d'affaires de 40 MF (16 à Cassagne, 24 à Valrugues). Le prix moyen des chambres est de l'ordre de 1 100 F la nuit avec un ticket moyen de restaurant de 600 F en saison.
"Pour l'instant, explique Françoise Gallon, notre clientèle est avant tout française, avec, en outre, des Belges en Avignon, des Suisses et des Allemands à Saint-Rémy. Elle est composée d'hommes d'affaires dans les trois quarts des cas en basse saison, et de touristes exclusivement individuels en haute saison, avec 50 % d'étrangers à cette période. Notre objectif est d'accroître notre clientèle en moyenne et basse saison en développant notre activité séminaires et le tourisme d'incentive."

Devenir une petite chaîne de luxe
Mais le couple d'hôteliers souhaite passer encore à la vitesse supérieure. Il compte pour cela sur son directeur commercial, Patrice Landrein, qui a fait toute sa carrière dans les palaces parisiens ou étrangers, du Ritz au Plaza Athénée de New York, en passant par le Crillon ou le Savoy à Londres.
"Ma priorité en arrivant a été d'améliorer encore l'accueil au Moulin de Valrugues, dont nous comptons faire le bateau-amiral d'une véritable petite chaîne de luxe, dont Cassagne sera le refuge provençal de luxe et Gordes le petit joyau de la flotte. Les clients, que d'ici nous inviterons à aller y faire étape en montant des produits spécifiques (golf en Provence, découverte de la gastronomie...) leur faisant visiter la région, doivent être "ébahis" en arrivant à Valrugues. Nous avons donc réorganisé tous les services, du voiturage aux étages en passant par la réception et allons créer, en plus de nos trois voituriers, un poste de "guest relation manager" (concierge). Nous avons également créé un service de réservations avec une personne à temps plein afin de développer le yield management et optimiser nos ventes et notre prix moyen."
Objectif : conquérir une nouvelle clientèle et séduire davantage la clientèle étrangère, particulièrement américaine, en travaillant sur la clientèle de groupe, grâce à une collaboration accrue avec les agents de voyages et les tour-opérateurs, ce qui se faisait peu jusque-là.
"Nous voulons en particulier attirer des séminaires d'entreprises étrangères car ils produisent ensuite des retombées individuelles fortes. Nous avons désormais deux clientèles prioritaires, toutes deux exigeantes mais toutes deux très fidèles lorsqu'elles sont contentes : les Français et les Américains. Nous souhaitons que ces derniers constituent 30 % de notre clientèle au lieu de 5 % actuellement, car ils ont un fort pouvoir d'achat et adorent la Provence. Notre objectif est de faire en sorte que Saint-Rémy soit l'étape incontournable sur la route de la Côte d'Azur", explique Patrice Landrein.

Doubler la capacité d'hébergement
Mais tout cela passe aussi par des investissements importants. Cette année, la moitié des chambres du Moulin de Valrugues ont été refaites - dont une suite avec piscine privée - et le parc a été embelli, soit un investissement de 3 à 3,50 MF. L'hiver prochain, les chambres restantes et les huit appartements seront à leur tour relookées, soit encore 2,50 MF d'investissements.
Mais le grand chantier est celui de l'extension de l'établissement, avec un doublement des capacités d'hébergement afin de disposer à Saint-Rémy-de-Provence de 110 chambres, l'ajout d'une nouvelle salle de séminaires de 200 places et d'un restaurant de séminaires, dissocié du restaurant habituel afin de ne pas dévaloriser l'image de ce dernier. Le budget consacré à ce projet est de 40 MF. Françoise et Jean-Michel Gallon espèrent aussi agrandir les Bories à Gordes.
Quand des indépendants français ambitieux pratiquent un marketing à l'américaine efficace, ça marche... *


Chambre bleue au Vallon de Valrugues.


Dans son écrin de verdure, la terrasse de l'Auberge de Cassagne, à l'ombre des platanes séculaires.


Patrice Landrein, directeur commercial du Moulin de Valrugues, de l'Auberge de Cassagne, et des Bories.


L'HÔTELLERIE n° 2620 Magazine 1er Juillet 1999

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