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du 11 mars 2004
L'ÉVÉNEMENT

Sud-Aveyron

LE VIADUC DE MILLAU, UNE CHANCE À SAISIR POUR LES PROFESSIONNELS DU TOURISME

MillauDès la mise en service de l'ouvrage d'art conçu par Norman Foster, prévue pour la fin 2004, la ville de Millau sera contournée. Un événement qui va bouleverser l'économie touristique de la cité. Tous les acteurs locaux en ont conscience et affûtent leurs armes pour faire de Millau une destination touristique à part entière. Les atouts ne manquent pas. Reste maintenant à communiquer avant que 'l'effet' viaduc ne retombe comme un soufflé.

C. Cosson

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Le tourisme industriel est un atout important du Sud-Aveyron, notamment avec les caves de Roquefort (143 609 visiteurs en 2003). Parapente,Via Ferrata, canoë-kayak... Beaucoup d'activités sportives peuvent être pratiquées à Millau

Millau 'sur' Tarn, dans le Sud- Aveyron. Le cauchemar de millions de vacanciers qui descendent rejoindre les rivages de la Grande Bleue. Chaque année en effet, au mois de juillet et août, c'est la même 'galère' sur cette portion de l'autoroute A 75 (La Méridienne) qui relie Béziers à Clermont-Ferrand. Les automobilistes roulent pare-chocs contre pare-chocs pendant des heures. Le tout sous un soleil de plomb et face à une seule et unique information récurrente figurant sur les panneaux de signalisation : 'bouchon'. Patience ! Encore quelques mois d'attente, et ce point noir ne sera plus qu'un mauvais souvenir.
Dès la fin décembre 2004, la construction du plus ambitieux franchissement jamais réalisé en France sera de fait achevée. "Au rythme où nous évoluons, on peut tout à fait imaginer une ouverture avant les fêtes de fin d'année", confirme tout sourire Marc Legrand, le directeur de la compagnie Eiffage Viaduc de Millau. En clair, fort de ses sept pylônes culminant à 343 mètres au-dessus du Tarn (mieux que la Tour Eiffel), l'ouvrage d'art (long de 2 460 mètres), conçu par le Britannique Norman Foster et réalisé par le Français Eiffage, contournera la ville de Millau.
De quoi faire sauter tous les bouchons estivaux ! Et quelques-uns de champagne également. Car, depuis la pose de la première pierre en décembre 2001 par le ministre de l'Equipement de l'époque, Jean-Claude Gayssot, de ce que l'on considère aujourd'hui comme le chantier du siècle, la situation semble apparemment bénéficier assez bien aux Millavois et à l'économie locale. "Ce pont est un vrai bol d'oxygène ! Nous accueillons beaucoup plus de monde durant la période de basse saison", avoue ainsi une commerçante.
Il est vrai qu'au plus fort des travaux, Eiffage a employé plusieurs centaines de salariés. Et tout ce joli petit monde a eu besoin, à un moment ou à un autre, de se loger et de se nourrir. Un apport de population temporaire dont le secteur immobilier a su pleinement profiter. L'Etat, associé au constructeur Eiffage, la mairie et l'office HLM ayant lancé une vaste opération concernant l'habitat.

Les principaux centres d'intérêts touristiques de Millau et ses environs (chiffres 2003)

a Les Gorges du Tarn : 500 000 visiteurs
a Les Caves Société de Roquefort-sur-Soulzon : 143 609 visiteurs
a Le Château de Séverac : 27 404 visiteurs
a Cité templière de Couvertoirade : 137 981 visiteurs
a Musée de Millau : 20 777 visiteurs
a Micropolis, la cité des insectes : 97 322 visiteurs
a La Coutellerie de Laguiole : 70 000 visiteurs
a Abbaye de Sylvanès : 84 660 visiteurs

*Sources : CDT 2003. Liste non exhaustive.

Un ouvrage d'art devenu objet de curiosité
Reste que ce mastodonte de 36 000 tonnes fait également rêver des milliers de personnes à travers la planète tout entière. "Le viaduc est devenu un véritable objet de curiosité", indique, enthousiaste, Frédéric Dune, directeur d'exploitation de l'ouvrage. Et de poursuivre : "Plus de 200 000 visiteurs se sont rendus sur le site à fin octobre 2003."
Personne n'avait pourtant prévu un tel engouement. Pas même le bâtisseur qui, devant ce succès, a décidé d'ériger un bâtiment baptisé 'Viaduc Espace Info' afin de dispenser l'information nécessaire aux visiteurs. Des visiteurs venus de toute la France et de l'étranger (Japon, Corée, Pologne, Belgique...) dont la présence ravit les professionnels du tourisme. D'autant plus fortement que le phénomène est loin de se tarir, comme le précise Sylviane Truchetet, directrice de l'office de tourisme de Millau, organisme gérant les visites du week-end. "La demande est telle que nous avons ouvert l'office le samedi et le dimanche cet hiver. Mieux encore : nous avons embauché deux hôtesses pour gérer les visites individuelles de fin de semaine", indique la responsable.
"Je n'ai pas eu personnellement l'occasion d'héberger des ouvriers du chantier. En revanche, j'enregistre des retombées économiques importantes en termes de groupes et d'individuels grâce au viaduc. A titre d'exemple, 70 % de mon chiffre d'affaires provenaient de cette clientèle en janvier 2004", témoigne à son tour Alain Girard, propriétaire du Citôtel Jalade et président départemental de la section hôtellerie de l'Umih.

Des retombées provisoires
Même satisfaction affichée pour Thierry Dupuis, directeur de l'International Hôtel. "L'apport de recettes en provenance du viaduc est incontestable, notamment s'agissant de groupes, en ce qui nous concerne", reconnaît d'emblée l'intéressé. "Aujourd'hui, l'effet viaduc est très positif. Nous avons pas mal de passage, des gens qui viennent de Béziers et de Montpellier pour voir le site. D'autres arrivent de plus loin par petits groupes... C'est tout bénéfice !", surenchérit Romain Fabre, chef du restaurant La Braconne. Propos quasiment identiques pour M. et Mme Aveline du restaurant Capion, qui confessent volontiers que leur affaire "tourne en ce moment très fort, accueillant bon nombre d'ingénieurs du BTP et de seniors en semaine, tandis que des individuels débarquent le week-end." Une clientèle qu'ils jugent d'ailleurs non négligeable.
A l'évidence, l'ouvrage imaginé par le créateur du nouveau Reichstag à Berlin fait pour le moment recette. "Ce chef-d'œuvre technologique constitue une véritable revanche sur la déchéance économique de la ville depuis 40 ans", déclare ainsi Jacques Godfrain, député-maire de la cité millavoise. Reste que tous ces heureux 'élus' ne le sont peut-être que de manière provisoire. Comment parvenir en effet à ce que les touristes, une fois le viaduc opérationnel, ne se contentent pas de regarder Millau d'en haut ? Sachant que moins de 10 % des usagers d'une autoroute en sortent avant l'arrivée à destination (source : Association Millau 3V) et que le centre-ville de Millau, habituellement traversé par la RN 9 (23 200 véhicules par jour en moyenne les mois d'été en 2000), se situe à 6 kilomètres de l'échangeur.
"Inutile de se voiler la face. L'engouement pour le viaduc ne durera qu'un temps. Tout au plus 18 mois. Il faut donc agir vite et mettre rapidement en musique la richesse du pays pour en faire une véritable destination touristique", avance avec fermeté Yves Poss, ingénieur des Eaux & Forêts, chargé de coordonner les initiatives locales dans le cadre du plan d'accompagnement du viaduc.

Le viaduc en chiffres
a Hauteur : 343 mètres au-dessus du Tarn
a Longueur : 2 460 mètres
a Tonnage : 36 000 tonnes de charpente métallique, 205 000 tonnes de béton
a Durée des travaux : 39 mois
a Concepteur : Norman Foster
a Constructeur : Compagnie Eiffage
a Coût : 320 Me
a Exploitation : Concession par Eiffage pour une durée de 75 ans, avec une période incompressible de 40 ans
a Prévisions de trafic : 22 500 véhicules par jour en juillet et août 2006
a Tarifs : Aux environs de 5 e par voiture en période de basse saison et 6,50 e en été

Assèchement évident du centre-ville
Au terme d'une convention signée entre l'Etat, les collectivités territoriales et Eiffage, un plan d'accompagnement a de fait été conçu pour aider au développement du Sud-Aveyron dans les domaines économique, culturel et bien sûr touristique. C'est loin d'être une fin en soi. Mais l'idée a le mérite d'exister. D'autant plus que ce plan s'est vu allouer une enveloppe budgétaire d'un montant de 12 Me.
En vérité, institutionnels et élus locaux comme professionnels du tourisme ont conscience du bouleversement économique auquel la ville va être prochainement confrontée avec la perte de la clientèle dite de passage. "Au début, il va y avoir un assèchement évident des clients de passage, en particulier en centre-ville", admet Jean-Luc Gayraud, président de la communauté des communes de Millau Grands Causses. Phénomène qui risque d'être accentué les qualités recherchées par les usagers des autoroutes (notoriété de l'enseigne, bas prix, rapidité de service...) ne correspondant pas ou peu à celles des différents équipements touristiques et commerciaux millavois.
Dans ce contexte, la ville a compris qu'elle devait impérativement se remettre au goût du jour pour asseoir sa vocation touristique. Et le plan d'accompagnement du viaduc tombe à pic. L'A 75 va en effet faciliter l'accès à Millau et réduire de manière sensible les distances depuis Montpellier (1 heure), Clermont-Ferrand (2 h 30) et même Paris (5 h 30 à peine). Une aubaine - même si les retombées de l'autoroute pour le développement du Sud-Aveyron demeurent hypothétiques - qui devrait malgré tout générer une demande touristique pour des courts séjours et en dehors de la haute saison.
D'autant plus aisément que Millau jouit d'atouts exceptionnels. "On entend souvent dire du tourisme millavois qu'il travaille sur le mode de la 'cueillette', alors que le territoire possède tous les atouts pour être une véritable destination touristique. Ici, tous les éléments sont réunis pour attirer les clients : positionnement géographique exceptionnel, environnement naturel idéal, (parc naturel régional des Grands Causses, gorges du Tarn, lacs du Lévézou..., patrimoine historique d'une grande richesse, activités de pleine nature, tourisme industriel, hébergements diversifiés. De quoi occuper et satisfaire tous les publics pendant de nombreuses journées. Beaucoup de professionnels le savent et travaillent déjà en faisant de la prospection, fidélisant leur clientèle... ne se contentant pas d'attendre le passage. Ces démarches de commercialisation, de montage de produits et de travail en réseau doivent se développer", analyse Corinne Mercier, chef du service tourisme-communication-développement local de la CCI de Millau-Saint-Affrique.


Corinne Mercier, chef du service tourisme-communication-développement local de la CCI de Millau-Saint-Affrique : "Les démarches de commercialisation, de montage de produits et de travail en réseau doivent se développer."

Pas d'hôtel Coste à La Capelle
Une attractivité naturelle qui saute aux yeux. Rien n'est cependant jamais trop beau pour renforcer cette dernière. Résultat : de nombreux projets sont en cours de finalisation. A commencer par l'implantation d'un lieu de découverte des grands ouvrages d'art en plein cœur de la ville. "Parallèlement, nous allons construire autour de la friche Guibert (réhabilitée par Jean-Michel Wilmotte), sur le secteur de La Capelle, un atelier relais ganterie, doublé d'un espace muséographique. Le tout en partenariat avec Gérard Boissins (associé à Jean-Louis Coste), propriétaire de la société Causses Gantier, l'homme qui a relancé le célèbre couteau de Laguiole sur l'Aubrac", précise Jean-Luc Gayraud.
Figurent aussi au programme des élus locaux : le classement espéré du Larzac au patrimoine mondial de l'Unesco, l'aménagement des berges de la Dourbie, l'embellissement de la gare routière et des façades des espaces publics stratégiques. Sans oublier la construction d'un centre commercial de plus de 6 000 m2 et d'un parking de 450 places toujours à La Capelle (à noter que Jean-Louis Coste nous a indiqué qu'il n'envisageait pas de bâtir un hôtel à Millau), le réaménagement de l'aire de Brocuejouls, au nord du viaduc, pour y bâtir un 'point d'accueil' digne de ce nom où la ville pourrait en toute liberté exposer ses attraits.

Les élus locaux vont tout faire pour bloquer les projets hôteliers aux abords des autoroutes. Mais tout ne passera pas par le centre-ville. La rumeur laisse entendre que plusieurs projets d'hôtels pourraient voir le jour sur la zone du Cap du Crès.

Dans le cadre de la réhabilitation de la friche Gribert, un atelier relais ganterie doublé d'un espace muséographique et un centre d'interprétation des ouvrages
d'art sont programmés.

Dispositifs d'aide à la modernisation
Un projet de pôle hôtelier à l'entrée de la ville au Cap du Crès devrait en outre voir le jour à plus ou moins long terme. Rien d'officiel ne filtre sur le sujet. Les rumeurs vont néanmoins bon train. Le tout cautionné par certaines déclarations. Par exemple celle de Jacques Godfrain, qui, tout en annonçant que la ville travaille à l'élaboration d'une grande salle de spectacles (500 places), nous confie : "Nous ne souhaitons pas implanter d'hôtels aux abords des autoroutes, mais nous sommes favorables à des établissements d'où l'on voit Millau par la fenêtre. Millau doit devenir la salle de spectacle du viaduc."
A bon entendeur, salut ! Cela signifierait-il que l'hôtellerie millavoise n'est plus à la hauteur des ambitions de la ville ? Probablement. Toutes les études commandées par la commune dans le cadre du schéma d'aménagement global touristique le prouvent. Composée de 91 unités, du non homologué au 3 étoiles (3 390 lits), l'offre hôtelière du Sud-Aveyron est jugée obsolète. "Dimension insuffisante et de qualité incertaine", résume ainsi le schéma directeur du développement économique du Sud-Aveyron (juin 2003). Autrement dit, s'ils veulent survivre, les hôteliers vont être contraints de rénover leurs affaires.
Des dispositifs d'aides sont d'ailleurs mis à leur disposition sous certaines conditions (aides limitées à 30 % de l'investissement plafonné, l'hôtel doit être classé après travaux en 2 étoiles). "A la fois dans le cadre du plan d'accompagnement du viaduc ainsi que dans celui des aides européennes et de la région", souligne Corinne Mercier de la CCI de Millau. Reste qu'il semble que cette information ait mal circulé. "Beaucoup d'hôtels, gérés par des couples ou bien encore des personnes seules, n'ont pas le temps d'entamer des démarches aussi lourdes", explique Alain Girard. "Et puis les professionnels du centre-ville craignent l'implantation de concurrents au Cap du Crès : elle signerait leur arrêt de mort", continue le président des hôteliers millavois. Grâce à la communication réalisée par les représentants de la CCI voilà quelques mois, la situation a toutefois bien évolué. Outre l'International Hôtel qui, après travaux du sol au plafond d'un montant de 2,28 Me, arborera les couleurs de la chaîne Ibis et de Mercure, plusieurs dossiers sont aujourd'hui en cours à Millau. "C'est le cas de l'Hôtel-Restaurant des Causses, du Tourotel ou bien encore du Campanile. D'autres dossiers sont également en préparation", note Corinne Mercier.

Manque de concertation
Même si quelques-uns demeurent encore réticents au changement, la plupart des hôteliers et restaurateurs semblent aujourd'hui avoir compris l'enjeu économique de l'ouverture du viaduc et de l'autoroute. "Il ne s'agit plus d'attendre le client, il faut désormais aller le chercher", martèle Thierry Dupuis. Une philosophie à laquelle adhèrent certains professionnels depuis belle lurette. Plusieurs se sont d'ailleurs regroupés afin de vendre leurs hôtels et le département (lire encadré Il y a des hôteliers millavois qui se bougent). "Chacun fait des choses intéressantes. Mais devant le manque de concertation avec les institutionnels et les politiques, mieux vaut se prendre en main", explique Alain Girard. Et de poursuivre : "D'autant plus vite qu'il faut agir maintenant en matière de promotion. Vendre Millau comme destination touristique aurait déjà dû être effectué depuis longtemps." Actuellement, il semble en effet que le volet communication pèche un peu. Tout le monde vante bien sûr les mérites du viaduc en tant que produit d'appel. Mais les collectivités locales n'entendent pas communiquer avant 2005. "Dommage, parce que les produits touristiques doivent être prêts aujourd'hui pour assurer une bonne commercialisation à la rentrée prochaine. De fait, la vision de l'après viaduc doit être collective", constate Yves Poss. Il n'est jamais trop tard pour bien faire. Une fois encore, c'est l'union qui fera la force dans le cas précis de Millau et ses environs. Une première étape a déjà été franchie avec la mise en place d'une appellation commune, Aveyron Côté Sud, regroupant 119 communes du territoire. Action accompagnée d'une promotion regroupée et d'éditions communes d'un guide hébergement, locatif, accueil, circuits et animations. Alors, à quand une table ronde réunissant professionnels du tourisme, institutionnels et élus locaux ? Au plus vite, espèrent les hôteliers et restaurateurs millavois. zzz20o

"Les hôteliers doivent eux aussi prendre des risques de leur côté"

Entretien avec Jean-Luc Gayraud, président de la communauté des communes Millau Grands Causses

L'Hôtellerie : Qu'attendez-vous concrètement du viaduc de Millau ?
Jean-Luc Gayraud : L'achèvement du viaduc de Millau suscite de nombreux espoirs. A commencer par le désenclavement du Sud-Aveyron. Grâce à l'autoroute A 75, Millau va de fait se situer à moins d'une heure de Montpellier et à 2 h 30 de l'Espagne. Cette meilleure accessibilité va nous permettre de capter une clientèle venue de toute la France et d'ailleurs.
Autrement dit, nous allons passer d'un tourisme dit de 'cueillette' à celui d'une véritable destination touristique.

L'Hôtellerie : Quels sont les atouts de Millau pour asseoir sa vocation touristique ?
Jean-Luc Gayraud : Grâce à sa position géographique stratégique, Millau est la plaque tournante du tourisme dans la région Midi-Pyrénées, entre le Languedoc et l'Auvergne. La ville bénéficie en outre d'un environnement naturel unique : au cœur du parc naturel régional des Grands Causses, non loin des lacs du Lévézou, des grottes de Dargilan, au confluent des vallées du Tarn... Ajoutons à cela un patrimoine historique d'une exceptionnelle richesse (sites des Templiers et Hospitaliers du Larzac, site gallo-romain de la Graufesenque, abbayes romanes...) et un fort tourisme industriel.
Millau est en effet la capitale de l'industrie de la peau et du gant. Les caves de Roquefort constituent également un haut lieu de savoir-faire traditionnel. Et aujourd'hui, nous abritons également le plus haut viaduc au monde. Sans oublier que nous sommes aussi la capitale des sports nature avec des aires d'envol pour le parapente et le deltaplane, des sites privilégiés pour le canoë-kayak et les sports d'eaux vives, une Via Ferrata, des parcours aventure dans les arbres... De quoi susciter l'intérêt des touristes. Sachant que pour inciter ces derniers à séjourner dans notre ville, nous avons bon nombre d'autres projets tels que le réaménagement des berges de la Dourbie, la construction d'un centre d'interprétation des grands ouvrages d'art de franchissement, un programme de réhabilitation de la friche Guibert avec la création d'un atelier relais de ganterie doublé d'un espace muséographique...

L'Hôtellerie : A vous entendre, Millau dispose de tous les atouts nécessaires pour séduire une clientèle de court ou moyen séjour. Aucun point négatif à l'horizon ?
Jean-Luc Gayraud : Il y a bien sûr plusieurs points sur lesquels nous devons encore nous améliorer, en particulier l'hôtellerie. D'une manière générale, les professionnels de l'hôtellerie ont souffert des difficultés économiques de l'agglomération. Résultat : l'offre, aujourd'hui vieillissante, ne correspond plus aux attentes des consommateurs actuels. Tout, bien sûr, n'est pas mauvais. Il n'empêche que les hôteliers doivent faire des efforts en termes d'image, de services et de confort s'ils veulent profiter pleinement de l'opportunité viaduc et autoroute A 75. En clair, ils doivent eux aussi prendre des risques de leur côté. Pendant de longues années en effet, nous avons fait du protectionnisme à l'égard de ce secteur en bloquant de nombreux projets. Depuis plusieurs mois déjà, les demandes d'investisseurs affluent pour construire de nouveaux établissements. Nous allons pousser les projets dans la vallée, soutenir les hôtels existants en centre-ville et geler pour le moment ceux notamment autour de la barrière de péage. Reste qu'à terme, il est évident que nous aurons besoin de plus d'hôtels de charme et d'enseignes connues. Tout ne pourra pas se limiter au centre-ville.

 

Il y a des hôteliers millavois qui se bougent
Thierry Dupuis Directeur de l'International Hôtel


Thierry Dupuis, directeur de l'International Hôtel : "Nous arriverons toujours à capter des clients tant le département regorge d'atouts. Mais, il faut agir au plus vite. L'ouverture du viaduc, c'est demain !"

Loin de rester les deux pieds dans un même sabot, le jeune directeur du plus grand établissement de Millau, qui doit prochainement se transformer en un Ibis et un Mercure, a décidé de prendre le taureau par les cornes. "L'ouverture du viaduc de Millau et de l'autoroute A 75 va désengorger l'A 6 et nous mettre en outre à la portée de nombreuses villes de proximité. Plus accessibles, nous avons des chances de capter une nouvelle clientèle qui ne se serait peut-être jamais arrêtée auparavant chez nous, compte tenu des difficultés de circulation. Alors, il ne faut pas laisser passer cette chance. Mieux vaut agir maintenant !", commente Thierry Dupuis. Agir, cela signifie en l'occurrence pour l'intéressé fédérer les forces existantes pour séduire le consommateur et jouer collectif. Du jamais vu dans la capitale du gant. Qu'à cela ne tienne, Thierry Dupuis s'est jeté dans l'aventure en créant voilà bientôt un an une association baptisée Destination Qualité Sud-Aveyron. A ce jour, cette dernière regroupe 23 membres parmi lesquels figurent des hôteliers, des restaurateurs, des sites touristiques et culturels ainsi que des agences réceptives. "Notre objectif est simple. Il vise à promouvoir le Sud-Aveyron en tant que destination touristique. Jamais en effet je n'ai vu une région bénéficier d'autant d'atouts naturels", explique le directeur de l'International Hôtel. Une plaquette présentant l'offre de ces nouveaux partenaires et proposant des packages va ainsi être éditée d'ici à quelques semaines. Un démarchage sur des salons grand public et professionnels est également envisagé.
En attendant les retombées pour les prochains mois...

Alain Girard Président des hôteliers de Millau


Alain Girard, président des hôteliers millavois, a fédéré certains établissements pour vendre le Sud-Aveyron.

Propriétaire de l'hôtel Jalade, situé à deux pas de la gare, et également président des hôteliers millavois, Alain Girard a conscience des effets de l'ouverture du viaduc et de l'arrivée de l'autoroute A 75. Pas besoin de lui faire un dessin. "Cela va bouleverser l'économie touristique de la ville. Nous allons perdre les clients de passage. Il va falloir compenser par une clientèle de court séjour. Pour cela, il est indispensable de communiquer sur nos atouts", commente le président des hôteliers millavois. Une idée qui trotte dans la tête de ce chef d'entreprise et représentant de l'Umih, plutôt dynamique, depuis un petit moment déjà. A tel point qu'il a fini par monter, avec la participation de la CCI de Millau Saint-Affrique et Roquefort, la communauté de communes de Millau et Saint-Affrique ainsi que le parc naturel régional des Grands Causses, une brochure intitulée Destination Sud Aveyron. Disponible notamment à l'office de tourisme de Millau, ledit document, édité à 20 000 exemplaires, regroupe des formules, week-ends et courts séjours, adaptées aux différentes saisons (printemps, été et automne) auxquelles participent six hôtels 2 et 3 étoiles ainsi qu'une résidence hôtelière. La démarche semble faire des émules puisque de nouveaux candidats se profilent à l'horizon. De manière d'autant plus intéressée qu'un site de réservations en ligne est actuellement en test. Preuve que les professionnels savent se prendre en main lorsque cela est nécessaire !

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L'Hôtellerie Restauration n° 2863 Hebdo 11 mars 2004 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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