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Manifestation
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Près de 14 000 buralistes réunis au Bourget

La Confédération des tabacs lance un cri d'alarme

La profession est en perte de vitesse. 500 points de vente disparaissent chaque année et une majorité d'exploitants gagne tout juste le Smic. A l'appel de la Confédération des débitants de tabac de France, 14 000 buralistes étaient réunis samedi soir au parc des expositions du Bourget afin de crier leur mécontentement.

La réunion qui s'est tenue samedi soir au parc des expositions du Bourget est sans doute historique. Près de 14 000 buralistes, sur les 34 000 recensés, étaient en effet réunis à l'appel de Michel Arnaud, président de la Confédération des tabacs de France. C'est dire l'ampleur du malaise. A l'image de Christian Le Ny, patron du Bar des Sports de Guingamp, ou de Delphine Hurtel, qui rappelle l'importance du lieu de vie et de ralliement que constitue le tabac en province, les buralistes sont venus évoquer les difficultés croissantes qu'ils rencontrent dans l'exercice de leur métier. Une activité en proie d'abord à l'amertume d'être considérée par les "cabinets parisiens, ministériels ou autres" comme les "nababs du petit commerce" qui aurait vu "sa rémunération doubler en dix ans" dans le sillage du prix du tabac. Pour Michel Arnaud, il est "grand temps de rétablir la vérité. Nos études montrent que notre taux de remise nette tabac est écrasée en moyenne à 3,5 %. Sur un paquet de cigarettes vendu 21 F, le buraliste devrait gagner 1,20 F (remise nette de 6 %), mais en réalité, il ne gagne que 0,69 F. Pourquoi ? Parce que cette remise de 6 % s'est vue réduite par la forte majoration des charges. (...) De plus, les stocks sont considérables et constituent une avance permanente de recette fiscale par le buraliste pour l'Etat. A titre d'exemple, en dix ans, le nombre de références 'produits tabac' a doublé, passant de 484 à 945. La moindre erreur sur une commande et c'est le salaire du débitant qui n'est plus assuré en fin de mois. (...) Voilà pourquoi 20 000 d'entre nous retirent de l'activité tabac un revenu équivalent à peine au Smic. Bien souvent à deux et en travaillant plus de 13 heures, six jours sur sept. Voilà pourquoi 500 de nos collègues cessent chaque année leur activité". Une activité dont le rôle social reste pourtant indéniable. "Notre réseau est l'un des derniers remparts à la déshumanisation des quartiers et à la désertification des zones rurales." Le tabac, qui est souvent associé à l'activité limonade (deux tiers sont des cafés) ou presse (la moitié des tabacs proposent la presse), n'est pas seulement le lieu de vente des cigarettes. Le buraliste collecte des taxes pour le compte de l'Etat ; il est d'ailleurs à ce titre préposé de l'administration (timbres fiscaux, timbres-poste, et vignettes auto jusque-là). Il vend des titres de transport, sert de dépôt de pain et de gaz dans les zones rurales. On trouve aussi chez lui des informations touristiques ou régionales. Il est parfois le siège d'associations sportives, culturelles, tient aussi le rôle de correspondant local pour les douanes, et possède, dans certains villages dépourvus d'organisme bancaire, un distributeur de monnaie (Point vert du Crédit Agricole).

Rôle économique et social
Onze millions de Français fréquentent ainsi chaque jour les bureaux de tabac. Le chiffre est impressionnant. "Les buralistes, souligne encore le président de la confédération, font partie intégrante du paysage économique et social. Nous sommes le dernier service public de proximité." Depuis son élection à la tête du syndicat, il y a un an, Michel Arnaud est allé à la rencontre de ses troupes sur le terrain. Au terme de ce tour de France, celui-ci refuse haut et fort "la fatalité de voir disparaître" le réseau. La vignette auto n'est en fait que la "goutte d'eau qui a fait déborder le vase". Il faut savoir qu'en 1998 l'Etat avait déjà retiré une partie des ventes des timbres fiscaux qui s'est traduite par "une perte sèche de 30 millions de francs pour les buralistes". Le manque à gagner de la vignette auto est estimé quant à lui à 5 882 F par an et par buraliste (moyenne nationale). "L'équivalent du treizième mois." A l'heure où nous imprimons, le gouvernement, et Bercy en particulier, n'ont pas répondu aux questions soulevées par la confédération. Les objectifs de Michel Arnaud sont d'obtenir une revalorisation de la remise nette sur la vente du tabac et un allégement de trésorerie (avec l'allongement des délais de paiement de 14 à 28 jours. Les buralistes paient aujourd'hui les produits tabac au pied du camion). Michel Arnaud souhaiterait également "des moyens permettant d'assurer un revenu minimum garanti de 1 500 F par mois pour les buralistes réalisant moins de 300 000 F de chiffre d'affaires tabac", une révision de la base de calcul de la taxe professionnelle à laquelle ils sont assujettis, et une "meilleure prise en compte" de la situation d'insécurité dans laquelle se retrouve l'ensemble de la profession.
S. Soubes


A l'heure où nous imprimons,
le gouvernement, et Bercy en particulier, n'ont pas répondu aux questions soulevées par la confédération.

  

Chiffre d'affaires et exemples de rémunération des buralistes
  Les buralistes Rémunérations les plus courantes
  rapportent à l'Etat  
Tabac 63 MdF Remise nette réelle sur un paquet à 21 F = 0,69 F
Timbres fiscaux 15 MdF Timbre fiscal à 75 F = 3,75 F
+ vignettes auto   et vignette de 6 CV à 504 F = 7,56 F
Française des Jeux 26 MdF Un jeu à gratter de 10 F = 0,50 F
Timbres-poste 2,8 MdF Un timbre-poste à 3 F = 0,09 F

 

Extraits du discours de Michel Arnaud

* Aujourd'hui, on ne parle que des 35 heures. Et nous dans tout cela, qui se préoccupe de la réalité de notre travail ?
* Je l'affirme, le premier problème que nous avons, c'est un problème de reconnaissance, de respect, de morale dans une société où il est devenu suspect de travailler dur et d'assurer dignement ses engagements.
* Qui veut la disparition du métier de buraliste en France ? L'Etat ? Ce serait une erreur fatale. Entre le tabac et les jeux, sans oublier les charges d'emploi, nous continuons à lui apporter environ 2 milliards de francs par semaine, soit plus de 100 milliards de francs d'impôts indirects par an.
* Si nous n'obtenons pas gain de cause, attendez-vous à une initiative syndicale forte dans les prochaines semaines.
* Ce 14 octobre n'est pas une fin en soi.
* N'oublions jamais que nous sommes un réseau de commerçants libres. Nos affaires, nous les avons payées à la sueur de notre travail, en faisant face à de lourds engagements pour nos investissements. Au-delà de nos obligations à l'égard de l'Etat, nous n'appartenons à personne. Nous ne sommes les franchisés de personne. 


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L'HÔTELLERIE n° 2688 Hebdo 19 Octobre 2000


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