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Partenariats entre hôteliers et prestataires de voyages

Un vent de co-branding

Depuis quelques années, le phénomène des partenariats poursuit son envolée dans le monde de l'hôtellerie et des voyages. Pour assurer leur développement et la valorisation de leur prestation, chaînes hôtelières et prestataires complémentaires se prennent la main pour mieux capter la clientèle.

Sur un marché du tourisme et de l'hôtellerie en pleine croissance, les groupes hôteliers et les prestataires de voyages ont maintenant tendance à se rapprocher du client pour compléter leur offre et verrouiller le circuit de distribution. Cette approche de co-branding s'explique parce qu'à la base, les divers prestataires s'adressent, chacun dans sa propre activité, aux mêmes clients. Outre la loi de l'économie qui pousse les entreprises à grandir pour devenir encore plus compétitives, ces partenariats entre entreprises de petite taille ou au contraire mastodontes du marché, ont la volonté de proposer aux consom-
mateurs une palette complète d'activités et de services. Certaines entreprises, à la vocation complémentaire, décident de travailler main dans la main, à l'image des groupes Accor et Air France, de la chaîne volontaire Châteaux et Hôtels de France et Europcar, mais aussi des hôteliers en partenariat avec des prestataires de services. Des alliances non négligeables qui permettent à ces entreprises de mieux se vendre et de mieux capter la clientèle.

Trouver le bon partenaire
Les alliances entre entreprises sont souvent le résultat d'une logique naturelle. Pour le groupe Accor, s'allier à la compagnie aérienne Air France n'était pas le fruit du hasard. "Nous avons d'abord constaté que nous avions le même cœur de clientèle à savoir les clientèles d'affaires et de loisirs", déclare Pascal Lacharme, directeur des partenariats Accor. Mais ce n'est pas tout. Les protagonistes du marché partagent aussi une même logique de fonctionnement en termes de distribution et de commercialisation. Ils ont chacun une dimension internationale mais conservent cependant une image française reconnue sur le marché mondial. L'affinité culturelle a également permis le rapprochement de Châteaux et Hôtels de France et Europcar. "Nous souhaitions un mariage avec une marque française (avant qu'Europcar soit repris à 100 % par Volkswagen)", confirme Caroline Piel, directrice des ventes de la chaîne Châteaux et Hôtels de France. La chaîne hôtelière avait trouvé des arguments convaincants et bénéfiques pour les deux parties : intégrer dans la brochure Autour de la ville, éditée par Europcar, les hôtels de la chaîne afin d'attirer un nouveau segment de clientèle.

Les actions communes
Etre partenaire, c'est avant tout avoir des objectifs communs. Le désir d'alliance est d'abord dicté par le souhait de satisfaire la clientèle. Pour assurer satisfaction et fidélisation, les partenaires tendent à offrir une gamme de services plus étendue et donc une valeur ajoutée pour le client. Cette intégration de services supplémentaires se traduit notam-
ment par le lancement de produits communs. Sur ce schéma, Air France et Accor mènent des programmes de fidélisation avec le lancement de la carte Corporate pour la clientèle d'affaires, ou encore la carte Compliment (en partenariat avec American Express) qui permet de gagner et de consommer des points sur les vols Air France et dans les hôtels du groupe Accor afin d'obtenir ainsi des nuitées ou des vols gratuits. Les équipes commerciales des deux groupes vendent également le produit "fly and stay" qui inclut le vol et la nuitée. Enfin, le client peut désormais réserver son billet d'avion et sa chambre d'hôtel simultanément grâce à leur centrale de réservations commune.

A chacun son métier
Pour mieux vendre leur activité séminaire, les hôteliers de chaînes et les indépendants intègrent aussi des services complémentaires dans leur prestation. En effet, proposer des prestations hôtelières sans animation, sans activité devient délicat. "Il faut jouer la carte de la différence et se démarquer par un thème", déclare Frédéric Jacquemin, propriétaire de l'hôtel La Peiriero en Provence. Ce dernier a conclu un partenariat avec des réceptifs locaux et des prestataires d'activités sportives et ludiques pour l'organisation de ses séminaires. Les animations, devenues une valeur de la réunion d'entreprise, sont indispensables à la vente de séminaires aujourd'hui. 48 % des entreprises commandent des activités en marge des prestations hôtelières, confirme la dernière étude de Coach Omnium. Un accord a aussi pour intérêt le mariage des actions de communication et de distribution. "Pour promouvoir le partenariat, nous avons réalisé trois plaquettes mises à la disposition de la clientèle dans les offices de tourisme et dans les agences de location de voitures Europcar", explique Caroline Piel. Les deux partenaires ont également distribué des flyers donnant droit ou à des réductions dans les hôtels ou à un surclassement de catégorie de voiture lors d'une location. Enfin, autre enjeu capital lié à un partenariat : la lisibilité et la notoriété réciproques.

La nécessité de s'entendre
En unissant leurs forces, les entreprises espèrent bien bénéficier de retombées gratifiantes. Certaines sociétés assurent que cette stratégie de partenariat tient la route comme le groupe Accor, qui, après un an de mariage avec Air France, annonce le succès de la carte Corporate et déclare déjà des milliers de porteurs des deux côtés. Pas de doute, le partenariat est en vogue et pour cause. Il permet non seulement à chacun d'augmenter ses parts de marché, d'offrir plus de services aux clients mais aussi de partager les coûts. "Offrir le maximum de services en un minimum de coûts est l'élément-phare de notre réussite future", affirme Pascal Lacharme du groupe Accor. Les partenaires bénéficient aussi de ventes et d'achats croisés, ce qui profite à leur activité. Se regrouper limite donc les frais mais permet également de resserrer les liens entre grandes entreprises du marché. D'un rapprochement découle une relation de confiance et de transparence entre partenaires. En fait, chacun bénéficie du professionnalisme de l'autre et s'engage ainsi à offrir des services à la convenance de la clientèle. Le voyageur est avant tout en quête de facilité et d'efficacité. Les divers packages proposés par les entreprises partenaires semblent d'ores et déjà répondre aux besoins du client qui rêve d'un voyage sur mesure et d'une assistance permanente en cas de problème. C'est face à cette course aux services pour satisfaire une clientèle plus exigeante que sont nés les partenariats qui ne manquent pas d'avenir. L'union est désormais synonyme de force sur les marchés de l'hôtellerie et du voyage. La seule limite à ces partenariats repose sur l'entente des parties : les différences culturelles créent parfois des chocs. Mais quand on veut que ça marche, on sait mettre les poings dans ses poches.
M. Guillot


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L'HÔTELLERIE n° 2656 L'Hôtellerie Économie 9 Mars 2000

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