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du 3 juillet 2008
L'ÉVÉNEMENT

ALORS QUE LE PHÉNOMÈNE S'AMPLIFIE

La pénurie de main-d'oeuvre exige des solutions d'urgence

Paris Régis Bulot vient de remettre au Gouvernement son rapport qu'il a intitulé : 'Comment résoudre la pénurie de main-d'oeuvre dans le secteur de l'hôtellerie-restauration'. Il tire la sonnette d'alarme.


Régis Bulot.


Les métiers de serveur et de femme de chambre rencontrent des difficultés de recrutement particulièrement élevées.

Il y a le feu !", a déclaré tout de go Régis Bulot à Hervé Novelli, secrétaire d'État chargé du Commerce, de l'Artisanat, des Petites et Moyennes entreprises, du Tourisme et des Services, alors qu'il lui remettait le rapport demandé par son prédécesseur Luc Chatel, intitulé 'Comment résoudre la pénurie de main-d'oeuvre dans le secteur de l'hôtellerie-restauration'. C'était il y a quelques jours, lors des Assises nationales du tourisme à Paris. "Monsieur le ministre, il faut se bouger ! Vous n'imaginez pas, quand vous venez dans nos établissements, à quel point c'est compliqué pour nous. On a réduit les horaires et on manque de personnel pour faire face. Jamais on a été confronté à un phénomène d'une telle ampleur", a alerté Régis Bulot.
Selon celui-ci, l'image de marque du secteur est en train de s'améliorer doucement. "C'en est fini de l'image négative, mais ça va être dur de ramener les jeunes vers nos métiers", estime-t-il. Alors, afin de répondre maintenant aux besoins de main-d'oeuvre, il préconise "d'arrêter les tracasseries administratives pour faire venir les travailleurs européens". "On doit prendre conscience qu'on doit avoir accès à la main-d'oeuvre étrangère, au moins européenne, martèle Régis Bulot. On est accueilli partout dans le monde par des gens de toutes les nationalités et personne n'est choqué !"
Beaucoup de travailleurs européens sont partis travailler à Londres. "Or, ils sont aussi attirés par la culture française, et ce qui a réussi à Londres doit réussir ici. Tous ces jeunes, qui restent dans nos maisons pendant un ou deux ans, rentrent ensuite chez eux. Ils emportent avec eux une petite part de la France qu'ils vont partager à leur retour. Ça fait partie du rayonnement de la France et de notre culture", conclut Régis Bulot.

Les pistes de réflexion
Pour ce rapport, Régis Bulot, président de la section économie touristique du conseil national du tourisme, a travaillé de concert avec Michel Prospéri, proviseur du lycée hôtelier Paul Augier de Nice et Michel Geiser, directeur général du Fafih. Voici les pistes de réflexion qu'ils ont suggérées pour résoudre la pénurie de main-d'oeuvre dans l'hôtellerie-restauration :
• renforcer la cohérence et la permanence de l'information et de la communication concernant le secteur, ses métiers, ses emplois, ses parcours professionnels. Trois mesures, pour partie préexistantes, sont visées : poursuivre les campagnes nationales 'valorisation des métiers', développer l'information - voire la formation - des prescripteurs, faciliter l'information des saisonniers. Le secrétariat d'État chargé du Tourisme pourrait plus spécialement appuyer le développement des 'ambassadeurs des métiers' ;
• mieux accueillir les personnes qui arrivent dans le secteur. Il s'agit d'améliorer l'entrée dans les établissements des nouveaux salariés, stagiaires, contrats d'apprentissage ou de professionnalisation. Une amélioration de l'utilisation des mesures légales existantes permettrait également de fidéliser le personnel du secteur ;
• améliorer la cohérence entre apprentissage et contrats de professionnalisation en rapprochant les avantages des deux dispositifs ;
• favoriser la constitution d'un guichet unique 'formation professionnelle continue' pour tous les professionnels qui s'engagent ou sont déjà présents dans le secteur (salariés, non-salariés, demandeurs d'emploi). Ce guichet pourrait être l'OPCA Fafih ;
• faire un effort vers des populations peu sollicitées (jeunes étudiants, adultes en reprise d'activité…) capables de s'adapter rapidement, pour venir exercer une activité dans le secteur, éventuellement en accompagnant la prise de poste avec un module de formation, et en proposant des parcours professionnels au sein des branches du secteur ;
• développer les groupements d'employeurs ;
• amplifier et organiser localement la constitution de ressources en logements temporaires ;
• pour les métiers et les lieux où il existe de fortes pénuries, faire appel à une main-d'oeuvre étrangère qualifiée ou prête à être formée et prévoir son logement à proximité des emplois ;
• conduire une analyse des fichiers de demandeurs d'emploi pour lever le paradoxe des difficultés de recrutement alors qu'il existe plus de 150 000 inscrits disponibles.

À plus long terme :
• la piste la plus évoquée est l'amélioration significative des salaires (baisse des charges, rémunération sur le pourcentage…) ;
• les difficultés de transport et de logement dans les zones saisonnières comme urbanisées pèsent lourdement sur le recrutement et la stabilité dans l'emploi. La recherche de solutions pérennes dépasse le cadre du recrutement des actifs du secteur, mais deviendra de plus en plus incontournable pour assurer la survie de certaines activités ;
• revoir les méthodes d'orientation et le contenu des formations pour les adapter à l'évolution des attentes de la clientèle, faciliter les parcours de formation incluant des périodes à l'étranger ;
• établir une collaboration plus étroite entre le ministère du Tourisme, le ministère de l'Éducation nationale et le ministère des Affaires étrangères (responsabilités, programmes….).

Nadine Lemoine zzz22v zzz36v

Pourquoi cette pénurie de main-d'oeuvre ?

Les freins identifiés dans le rapport de Régis Bulot :
• Une image dégradée, parcellaire, éloignée de la réalité des métiers et du secteur. Une méconnaissance des parcours professionnels possibles.
• Des conditions d'activités décalées.
• Une formation peu réactive, parcellaire, touchée par de nombreux abandons. Des difficultés pour mobiliser les dispositifs en alternance sous contrat de travail, un temps de latence entre la fin des études et l'entrée dans la vie active. Des difficultés pour pérenniser les jeunes professionnels dans le secteur.
• Une organisation du travail qui exploite insuffisamment les possibilités légalement ouvertes et un niveau de rémunération qui souffre de la comparaison avec ceux pratiqués par d'autres secteurs.

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Complément d'article 088p3
Pour retrouver l'intégralité du rapport de Régis Bulot sur la pénurie de main-d'oeuvre : cliquez ici

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L'Hôtellerie Restauration n° 3088 Hebdo 3 juillet 2008 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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