du 4 octobre 2007 |
L'ÉVÉNEMENT |
ENTRETIEN AVEC LE PRÉSIDENT DE L'UMIH 69
ROLAND BERNARD : "NOUS DEVONS ÊTRE LES ACTEURS DE LA PRISE DE CONSCIENCE ÉCOLOGIQUE"
Du 20 au 22 novembre, Lyon, la capitale de la gastronomie, accueillera le 55e congrès national de l'Umih. Le développement durable, qui est aussi une des préoccupations du Rhône, sera au coeur des débats. L'occasion également d'un focus sur un département particulièrement actif.
Propos recueillis par Sylvie Soubes
L'Hôtellerie
Restauration : Vous qui êtes
à la fois président de l'Umih Rhône, hôtelier et restaurateur,
comment percevez-vous la profession ?
Roland Bernard :
On
a besoin d'élévation, on ne peut pas rester nombrilistes, nous ne pouvons
pas continuer à regarder par le petit bout de la lorgnette. Si l'on ne change
pas, nous n'obtiendrons aucune reconnaissance réelle des autres filières.
Je pense aux industriels. Il y a des locomotives qui ont parfaitement joué
leur rôle. L'arrivée des grands groupes a changé la donne. Malheureusement,
le 'petit' se sent dépossédé de l'exception française. Ce
n'est pas vrai. Il est porteur d'une culture, d'un savoir accueillir, et ce n'est
pas par hasard si 70 millions de touristes passent par chez nous. Le problème
est complexe. Il faut que les pouvoirs dirigeants prennent en compte leurs spécificités.
Parallèlement, ces petites entreprises ne doivent pas se mettre une balle dans
le pied en refusant d'aller vers autre chose, en refusant l'ouverture. Le consommateur
a beaucoup changé, il n'est pas celui d'hier et n'est pas celui de demain.
C'est ça qu'il faut avoir en tête.
Et Lyon, qui est votre ville de naissance, vous
la voyez comment ?
J'ai la chance d'être dans une région
extrêmement dynamique. Le Rhône-Alpes possède une grande diversité
d'offres entre montagne, tourisme rural et urbain. Ces différences s'additionnent
entre elles et permettent une vraie optimisation de l'économie touristique.
Lyon est la ville phare parce qu'elle a su faire évoluer son image. Elle s'est
décoincée, elle a laissé ses talents s'exprimer, et du coup, les
énergies se sont libérées. Cela a entraîné une image plus
agressive, dans la bonne définition du terme. Lyon est associée à
la haute gastronomie comme au foot. L'Olympique lyonnais et ses succès répétés
en championnat de France sont importants. Et puis, s'est installé à
Lyon le leader européen des manifestations et congrès professionnels.
Lyon est entré dans la cour des grandes villes organisatrices de congrès.
Le Sirha en est un bel exemple. Lyon a été une ville de foire et elle
retrouve cette notion de commerce et d'échange grâce à la volonté
des politiques. La Cité Internationale, qui accueille le 55e congrès
de l'Umih en novembre, est un fabuleux outil.
Vous êtes président de la commission
tourisme de la CCI et responsable de la commission tourisme du CES régional.
Êtes-vous satisfait de la politique mise en
place en faveur du tourisme
d'affaires ?
On peut dire que le tourisme d'affaires avait
du mal à être compris. Ce qui est quelque part antinomique, car c'est
un des premiers vecteurs de l'activité de Lyon et de sa région. En l'espace
de quatre ans, j'ai effectivement réussi à faire en sorte que le tourisme,
dans son ensemble, soit reconnu comme une valeur ajoutée de l'économie
locale. Lyon s'est construite sur différents pôles économiques,
et le tourisme d'affaires fait partie intégrante du paysage.
Quels succès récents pour
l'Umih 69 ?
Nous avons été le département
test pour les Titres Emploi Service. Le centre de Lyon compte aujourd'hui 30 000
adhérents dont plus de 80 % relèvent de l'hôtellerie-restauration.
Il a enregistré 200 000 contrats de travail et délivré 300 000 bulletins
de paie depuis 2004. Pour être au plus près des attentes des employeurs,
le centre développe des
engagements
de service ambitieux en termes de taux d'efficacité de la réponse téléphonique
avec plus de 90 % de décrochés, de délais de réponse aux courriels
sous 48 h et de délais de traitement des pièces déclaratives en moins
de cinq jours. L'Umih 69 va également, durant le congrès, signer une convention
pour le développement de CI-RMA (contrat insertion-revenu minimum d'activité),
qui vise à faciliter l'insertion professionnelle de personnes au RMI. Nous
nous sommes engagés auprès du conseil général qui finance l'opération
d'embaucher 200 RMIstes sur deux ans. Je vous rappelle le principe : le bénéficiaire
du CI-RMA perçoit une rémunération de la part de l'employeur et
continue de percevoir son allocation mais diminuée du montant de l'aide versée
par le conseil général à l'employeur. Cette aide sera de 440 euros
pour les professionnels de la région.
Le 'durable' sera au centre des débats du congrès
national de l'Umih. C'est un sujet qui vous tient à coeur, je crois ?
Cela fait un certain temps que nous incitons les
indépendants à utiliser le solaire (je vous rappelle que nous avons
un fort taux d'ensoleillement dans le Rhône) pour l'eau chaude et le préchauffé.
On fait très attention aux déchets. Il faut aussi encore et encore sensibiliser
les gens à aller vers le recyclage. Et montrer l'exemple. Tous les papiers
à en-tête du syndicat sont désormais sur papier recyclé.
Dans le pack d'accueil du congrès, nous aurons une démarche
dans ce sens et vous verrez que c'est hautement qualitatif. On souhaite que le plus
grand nombre de professionnels appréhendent ces réflexes. La planète
ne nous appartient pas, elle nous est confiée en héritage et nous devons
la protéger. Ce qu'a fait Accor avec sa nouvelle 'baignoire douche' est particulièrement
judicieux. À nous de proposer des produits d'accueil novateurs et il en existe.
Mais ce n'est qu'en multipliant l'information qu'on parviendra à faire prendre
conscience aux gens du rôle qui est le leur et qu'ils doivent tenir. Je pense
qu'on peut arriver à faire des établissements où tous les produits
soient sous bannière développement durable. Pour que les clients comprennent,
là encore, l'information doit passer. Nous devons être acteurs de cette
citoyenneté, de cette prise de conscience écologique. Je crois que c'est
aussi une autre façon d'aborder la rénovation des établissements.
Ce doit être une dynamique. À Lyon, ce mouvement est né il y a
six ou sept ans. On ne fait que l'amplifier. Ce n'est pas tendance, c'est beaucoup
plus que ça. C'est une réflexion d'avenir comme vous le savez. Ça
a démarré chez nous par un partenariat avec le Grand Lyon, tout simplement
parce qu'il y avait des problèmes de ramassage des ordures. Ensuite, nous avons
reconquis les berges du Rhône ; il s'est passé quelque chose pour l'environnement.
En fait, le politique l'a décidé et les acteurs économiques ont emboîté
le pas. Prenez le Vélov (Vélib à Paris), ça existe depuis
deux ans chez nous. Je voudrais vraiment remercier le président confédéral,
André Daguin, qui nous a laissé toute liberté pour promouvoir nos
métiers et s'ouvrir au monde avec des débats très forts sur la nature
et l'environnement, avec des témoins de grande valeur.
Prochain congrès national de l'Umih à
Lyon Lyon accueillera le 55e congrès national de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie, les 20, 21 et 22 novembre 2007 à la Cité internationale de Lyon, palais des congrès. Le thème de ce congrès 2007 sera : 'Promouvoir nos métiers et s'ouvrir aux mondes'. Avec deux temps forts : 'S'ouvrir à la nature', avec le développement durable et la signature d'une convention de partenariat avec l'Ademe et 'S'ouvrir aux cultures', avec le témoignage de jeunes et l'approche des diversités culturelles. Trois journées de rencontres, tables rondes et débats prometteurs, en présence bien sûr d'André Daguin, président national de l'Umih. Il aura à ses côtés plusieurs ministres et personnalités territoriales. Le congrès de Lyon se tiendra sous la présidence d'honneur de Gérard Pelisson et de Paul Bocuse. Plus de 1 000 personnes sont attendues. |
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L'Hôtellerie Restauration n° 3049 Hebdo 4 octobre 2007 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE