du 16 août 2007 |
VIE PROFESSIONNELLE |
un restaurateur face aux difficultés de trouver du personnel
Recrutement, attention aux arnaques !
Beaulieu-sur-Dordogne (19) Il faut se méfier des soi-disant 'chasseurs de têtes', si l'on en croit l'expérience vécue par Patrice Landrein, patron du réputé Manoir de Beaulieu.
Ayant fait appel aux services d'un professionnel du recrutement de la région de Montpellier, apparemment bien sous tous rapports, l'hôtelier estime avoir été victime d'une arnaque sophistiquée destinée à lui extorquer de l'argent. "Je recommande vivement à mes confrères la plus grande vigilance, confie-t-il, notamment en matière de recherche de personnel via un bureau spécialisé, présentant à première vue toutes les apparences du sérieux. J'en suis de 10 000 E minimum de ma poche, sans compter le préjudice moral subi, et les conséquences sur la rentabilité."
Un chef qui rend son tablier en pleine saison
Résumé de l'affaire : en août 2004, Patrice Landrein recherche son futur chef ainsi qu'une réceptionniste. Venant de prendre en main Le Manoir de Beaulieu et n'ayant que peu de relations avec la profession, il décide de confier leur recrutement à un chasseur de têtes. Malgré l'assurance donnée d'une recherche pointue, le recruteur lui envoie tout d'abord un chef venu d'Amérique du Sud, très au fait en matière de brasserie - alors que son établissement ambitionne l'étoile - sympa, mais sans les compétences requises. Il sera suivi d'un autre candidat, bien sous tous rapports, qui profitera rapidement de l'aubaine pour rafler deux mois de salaire sans faire grand-chose, sous couvert d'un CDD pour lui, et d'un contrat bétonné pour l'agent. L'homme rendra son tablier, sans préalable, en pleine saison touristique.
"L'ennui, c'est que ce recruteur n'avait visiblement jamais rencontré ces cuisiniers qu'il affirmait pourtant avoir soigneusement sélectionnés, s'emporte le propriétaire du Manoir de Beaulieu. Il a dû faire les petites annonces, et nous envoyer le premier chef venu avec une commission au passage, et devait être copain avec le second. Les contrats étaient si bien rédigés que je n'ai pu le poursuivre en justice."
Quant à la réceptionniste, la perle rare annoncée n'en était pas une. Patrice attendait, selon les termes avancés par le recruteur, une agréable personne parlant anglais couramment et très expérimentée. Las, la postulante ignorait tout de la langue de Shakespeare, et n'avait jamais exercé dans le métier.
"Ce que je reproche à ce genre de recruteur, c'est bien sûr le manque de sérieux, souligne l'intéressé, mais aussi la capacité à encaisser une commission non méritée. Dans ce cas précis, il était évident que les personnes proposées n'avaient jamais fait l'objet d'une évaluation, d'une recherche, ni d'un examen du CV. Pire, le deuxième cuisinier était vraisemblablement un complice amical du chasseur de têtes, avec qui il devait répéter un peu partout la même arnaque. Si l'on fait abstraction du manque à gagner généré par l'absence de personnel qui nous a handicapé à l'époque, j'en suis de ma poche en salaires, en frais d'hébergement, et en commissions substantielles pour le cabinet. Sans oublier les frais devant le tribunal engagés pour rien."
Depuis, le Manoir a trouvé son
chef - Jérôme Artiguebert, excellent, en route pour les plus hautes distinctions -,
sa réceptionniste, qui, Dieu merci, manie l'anglais. L'établissement connaît
une croissance exponentielle, mais Patrice - qui a fini par se charger du recrutement
- le promet : il ne fera plus jamais appel à ces pseudo-spécialistes
du placement. Il conseille vivement à ses confrères de faire de même.
Jean-Pierre Gourvest zzz22v
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L'Hôtellerie Restauration n° 3042 Hebdo 16 août 2007 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE