du 6 avril 2006 |
CONJONCTURE |
Le marché hôtelier sur la Côte d'Azur
L'année 2005 marque un très net progrès des résultats enregistrés par les hôtels de la Côte d'Azur : ils semblent avoir mis un terme au recul des performances des années passées car la reprise est bien présente, bien que modérée. L'année 2005 s'achève sur une croissance des chiffres d'affaires hébergement. La progression va de 2,3 % pour les hôtels haut de gamme à 3,7 % pour les établissements 2 étoiles. Les hôtels 3 étoiles réalisent une augmentation de 2,4 %. L'amélioration des résultats reste fragile (comme illustrée par les conséquences de la mort du roi Fahd en août), mais témoigne d'une sortie de crise.
Le décès du roi Fahd a entraîné une baisse sensible de la clientèle du Moyen-Orient au mois d'août. |
La
Côte d'Azur aura mis davantage de temps pour regagner le chemin de la croissance
que Paris ou le reste de la France. L'année dernière encore, la quasi-totalité
des catégories et familles affichait un recul ou, pour les meilleures, une
stagnation de leur RevPar. L'année 2005 voit au contraire une progression du
RevPar de quasiment l'ensemble des catégories. Ceci est d'autant plus positif
qu'à la différence d'autres territoires, l'accroissement du RevPar n'est
pas essentiellement dû à la hausse des prix moyens (RMC). L'amélioration
des chiffres d'affaires hébergement a surtout été générée
par un retour de la demande. Les taux d'occupation sont à la hausse dans
l'ensemble des catégories.
Dans l'hôtellerie haut de gamme,
l'augmentation de l'occupation a été de 2,9 %. Elle a permis de compenser
la stagnation du prix moyen (- 0,6 %), et de clôturer l'année sur une
progression de 2,3 % du RevPar moyen des 4 étoiles. Encore, cette augmentation
aurait-elle pu être plus forte si la mort du roi Fahd n'était venue déstabiliser
le marché au mois d'août. Le décès et le deuil de 40 jours
qui s'en est suivi ont entraîné une très forte baisse de la clientèle
du Moyen-Orient sur l'ensemble du mois. Les hôtels haut de gamme ont dû,
dans l'urgence, trouver de nouveaux clients pour leurs chambres, et surtout
pour leurs suites. Ceci fut chose faite grâce
à des politiques commerciales très réactives. Les hôtels
ont pu compenser les départs, et même augmenter leur taux d'occupation
en comparaison de l'année précédente (+ 9 %). Malheureusement, ceci
s'est réalisé au détriment du prix moyen (- 14,7 %). Sans cet accident,
l'hôtellerie 4 étoiles de la Côte d'Azur aurait probablement achevé
l'année sur un solde positif de l'occupation et du prix moyen. Un tel événement
souligne combien les performances annuelles de l'hôtellerie haut de gamme
de la Côte d'Azur restent conditionnées à une bonne saison estivale.
L'analyse est d'autant prégnante que le seul mois d'août représente
de 15 à 17 % du chiffre d'affaires hébergement des hôtels de la
Côte d'Azur. La dépendance de l'hôtellerie haut de gamme à
l'égard de la saison estivale est encore plus vraie pour les établissements
4 étoiles supérieur. Pour ces derniers, août représente traditionnellement
près de 20 % de leur chiffre d'affaires hébergement.
Si pour l'hôtellerie moyenne gamme l'été
représente également une part importante de chiffre d'affaires, en revanche,
les aléas internationaux n'ont pas eu d'impact majeur sur son activité
estivale. Pour l'hôtellerie 2 et 3 étoiles, le mois d'août a été
globalement satisfaisant et n'a pas impacté négativement les performances
annuelles. Au final, le RevPar de l'hôtellerie 3 étoiles progresse de
2,4 %, et celui des établissements 2 étoiles, de 3,7 %.
Au-delà de la clientèle
d'agrément, très présente en été, la clientèle d'affaires
pèse de manière
grandissante dans le chiffre d'affaires
des hôtels azuréens. L'année 2005 a été marquée par
une hausse des clients venant pour des motifs professionnels. Cette augmentation
a été particulièrement visible sur les mois de juin et septembre,
et a concerné presque toutes les catégories.
Toutefois, l'ensemble des hôteliers est
unanime pour dire que la pression sur ces marchés - et en particulier sur celui
des groupes d'affaires - se fait de plus en plus présente. La Côte d'Azur
n'est plus une destination aussi naturelle qu'auparavant. Davantage engagée
dans un marché globalisé, il est nécessaire de travailler au maximum
la relation clients et proposer des prestations capables de rivaliser à l'international.
Une telle situation passe par un travail commercial important mais également
par une modernisation des structures. De nombreux hôteliers ont bien compris
cette situation et se sont engagés dans des rénovations importantes. De
même, de nouvelles structures sont apparues ces dernières années
: si elles peuvent, à court terme, inquiéter les établissements
existant, elles sont sur le long terme des atouts. Ces nouveaux hôtels contribuent
à renouveler l'image de la Côte d'Azur ainsi que de son hôtellerie,
et permettre une meilleure visibilité à l'international. De même,
ces établissements aiguillonnent la concurrence et l'obligent à se remettre
en cause. La crise récente de l'hôtellerie que le marché azuréen
a traversé, et dont elle n'est pas totalement sortie, aura eu le mérite
de rappeler à certains qu'aucune rente de situation n'est durable. La Côte
d'Azur, comme l'ensemble des destinations, est désormais entrée dans une
phase de concurrence exacerbée où l'innovation, la créativité
ou encore l'adéquation avec les attentes du client sont déterminantes.
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L'Hôtellerie Restauration n° 2971 Magazine 6 avril 2006 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE