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du 17 janvier 2008
RESTO CONCEPT

EN PÉRIGORD, UN COUSCOUS "BON COMME LÀ-BAS"...

Quand la volonté gomme le handicap

Château-l'Évêque (24) Malgré de sérieux problèmes de santé dus à son diabète, Jean-Marc Lehoult, secondé par son épouse Fatima, a ouvert Le Marrakech 24, où il propose un couscous marocain traditionnel, particulièrement renommé dans la région.


Jean-Marc et Fatima Lehoult.
"Je suis en cuisine, Fatima est en salle, les clients sont reçus à la marocaine, avec des dattes", explique Jean-Marc Lehoult.

L'histoire de Jean-Marc Lehoult n'est pas de celle que l'on raconte dans les grands guides culinaires, mais elle peut servir d'exemple à tous ceux ou celles qui se croient, pour cause d'accident de la vie, écartés de la réussite. D'origine bretonne, ce professionnel a exercé de longues années au Maroc, comme chef de cuisine et responsable d'établissement (Le Café de la Paix à Marrakech, puis une table dirigée par un membre de la famille royale). Toujours aux fourneaux, il gère en parallèle et anime les structures qui lui sont confiées, avant de rentrer en France en 1997 pour raisons de santé, non sans avoir, en passant, fait la conquête de Fatima, devenue son épouse.
Diabétique, Jean-Marc revient se soigner, avec un handicap estimé à 95 %, et les arrêts de travail correspondant. Tenace, il ne dételle qu'à moitié, retournant passer quelques mois par an au Maroc, histoire de ne pas perdre la main. Fatima, serveuse de métier, devient gouvernante au Château des Reynats, près de Périgueux, puis le couple rencontre Jacqueline Leymarie, présidente des Logis de France de la Dordogne. Les deux entrepreneurs décident de se lancer dans l'aventure. "Nous voulions avoir notre affaire à nous, avoue le cuisinier, et nous avons donc cherché une opportunité. Un exemple de mauvais couscous testé à Sarlat nous a donné envie de monter notre propre table marocaine, avec l'idée de développer une cuisine typique de qualité."

Un couscous "comme on fait là-bas"
Reprenant, pour 30 000 E, une salle à l'abandon à Château-l'Évêque, à 11 km de Périgueux, Jean-Marc et Fatima tentent leur chance en 2003. Ainsi naît Le Marrakech 24, un restaurant qui se veut marocain à 100 % : tables basses, banquettes, tapis au sol, le tout fabriqué par des artisans du royaume de Mohammed VI. À raison de 25 000 E de travaux et aménagements, l'établissement, mis aux normes sanitaires les plus strictes, est aujourd'hui le plus réputé de toute la Dordogne dans sa spécialité. Quarante couverts y sont servis quotidiennement, pour un ticket moyen de 20 E, et il est plutôt prudent d'y réserver sa place en fin de semaine. Car le lieu fait le plein, fréquenté par des amateurs de préparations authentiques ; on refuse même, dans cette oasis gourmande aux effluves ensoleillées, une centaine de personnes chaque week-end. "Nous faisons comme on fait là-bas, précise le chef. Un couscous à l'agneau, copieux, servi dans un plat au milieu de la table, et quelques ingrédients, pois chiches, raisins secs, miel, oignons, sarriette, le tout permettant différents accommodements. Et bien sûr toutes sortes de tajines, dont l'un au foie gras… Je suis en cuisine, Fatima est en salle, les clients sont reçus à la marocaine, avec des dattes, et le tout est dépaysant au possible."

Surveillance médicale permanente
Reste le handicap de Jean-Marc qui accuse 125 kg sur la balance, a du mal à se déplacer, est sous surveillance médicale permanente, et a des problèmes de vision. Avec cinq opérations en un an, une pause manquée d'anneau gastrique, des hospitalisations à répétition, l'homme tient sa place aux fourneaux alors que bien d'autres seraient déjà au fond de leur lit. "Au départ, Fatima voulait faire un restaurant dans lequel j'aurais donné un coup de main. Aujourd'hui c'est le contraire, reconnaît-il. Je suis seul en cuisine, je travaille à mon rythme, et les jours où rien ne va, je ferme, avec une pancarte sur la porte. Mes clients connaissent mon état, viennent à 80 % sur réservation, donc téléphonent avant."
Dans son aventure extraordinaire, ce 'grand corps malade' pense aux autres, s'occupant en prime des Restos du Coeur locaux, partageant la misère de ses semblables. Dans sa salle de soixante places, il offre en fin d'année un repas festif aux plus démunis. À la question : "Mais comment faites vous ?", ce modeste répond qu'il y a sur cette terre plus malheureux que lui, et que le travail est parfois un remède contre l'adversité.
Jean-Pierre Gourvest
zzz22v

Le Marrakech 24
Vessat
24460 Château-l'Évêque
Tél. : 05 53 03 74 37       

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L'Hôtellerie Restauration n° 3064 Hebdo 17 janvier 2008 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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