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L’Hôtellerie Restauration

N° 3538 - 16 février 2017

EMPLOI

Être concierge aujourd’hui :

un métier en pleine transformation

Les nouvelles technologies font évoluer les pratiques et la

relation que ces professionnels de l’accueil entretiennent avec les

clients. Comment la nouvelle génération appréhende-t-elle ces

changements ?

B

enjamin Camus-Durand

, 25 ans, est

chef concierge du Roch Hôtel (Paris, I

er

).

Le jeune homme est convaincu que son

métier intéresse de plus en plus les jeunes,

grâce notamment aux membres de l’associa-

tion les Clefs d’or, qui contribuent au dyna-

misme de la profession.

“Cela change la donne,

on peut accéder au métier par la formation et

plus seulement en passant par les postes de

groom, portier, bagagiste”

, estime-t-il. Pour

lui, la nouvelle génération de concierges

accompagne le rajeunissement de la clientèle

et des hôtels 5 étoiles dans le monde.

“Les

réseaux, les tablettes dans les chambres, cela

permet de discuter avec les clients. J’aime ce

partage avec ma clientèle.”

Benjamin Camus-Durand note également que

les clients sont déjà très au fait de l’actuali-

té des lieux et veulent de la nouveauté :

“À

nous d’être défricheurs à Paris.”

Pour cela, le

jeune concierge consulte entre 70 et 80 sites

pour apporter une valeur ajoutée, en connais-

sant les différents lieux et en étant réactif. Il

n’hésite pas à nouer une certaine proximité.

“Lever la barrière que l’on s’impose naturel-

lement. Le client peut me tutoyer, on discute

par WhatsApp ou on s’installe dans un canapé,

cela me correspond davantage.”

De plus en plus connectés

Concierge au Nolinski (Paris, I

er

),

Christopher

El Ouadakri

, 30 ans, se réjouit de l’arrivée des

nouvelles technologies dans sa profession.

“C’est à nous de nous adapter, d’être plus vigi-

lants. Au Nolinski, la clientèle trendy et noc-

tambule est particulièrement connectée.”

Trois

jours avant l’arrivée du client, le service de con-

ciergerie lui fait parvenir un e-mail,

“Beaucoup

passent par des sites de réservation. C’est à

nous de mettre en valeur nos services. On leur

montre qu’une équipe dédiée est prête à rendre

leur séjour mémorable.”

Selon lui, les clients y

sont sensibles et répondent. L’emplacement

des concierges est également stratégique. Les

réceptionnistes qui conduisent les clients dans

leur chambre font systématiquement un arrêt

à leur desk situé à côté de l’ascenseur.

Un smartphone équipé du système Dringme est

mis à disposition dans la chambre et permet

au client de se connecter à internet en dehors

de l’hôtel et de passer des appels. Différentes

applications sont installées, dont celle qui

permet de joindre le concierge 24 heures sur

24.

“De notre côté, on peut lui envoyer des SMS

ou l’appeler pour lui donner des infos”

, ajoute

Christopher El Ouadakri.

Les débuts de la mixité

À la loge du Four Seasons George V

(Paris, VIII

e

), la jeunesse est une

richesse pour

Alice Daniel

, 26 ans,

assistante concierge depuis 2013.

“La dextérité et les automatismes

dont nous faisons preuve avec les

connexions numériques, les

iPad ou notre logiciel dédié

sont des atouts. On a égale-

ment des connaissances sur

la vie nocturne. Et en même

temps, les plus anciens vont

pouvoir débloquer des situa-

tions comme obtenir une table

dans un restaurant 3 étoiles

Michelin.”

Cette loge a été

l’une des premières à s’ouvrir

aux femmes. Alice Daniel,

citant

Sonia Papet

du Bristol

(première femme à avoir été

nommée chef concierge), est

convaincue que la mixité est

indispensable dans cette pro-

fession.

“On se rend compte

de l’importance de notre

sensibilité dans beaucoup de

situations. Un homme viendra

plus facilement vers nous pour

savoir où acheter de la lin-

gerie pour sa femme. Il arrive

également que la clientèle

du Moyen-Orient soit plus à

l’aise. Les femmes ont beau-

coup à apporter à ce milieu.”

www.lhotellerie-restauration.fr/publications/caroline.mignot

Caroline

Mignot

Benjamin Camus-Durand

,

concierge au Roch Hôtel, à Paris.

Christopher El Ouadakri

,

concierge au Nolinski,

à Paris.

Alice Daniel

, assistante

concierge au Four Seasons

George V, à Paris.

© BRUNO COMTESSE / ETRE(S) SINGULIER(S)

Une confiance aveugle ?

Les sources illimitées d’informations auxquelles ont

accès les clients ont véritablement changé les relations

entre eux et les concierges. Ceux-ci doivent aujourd’hui

convaincre la clientèle que leurs recommandations

sont les bonnes. Alice Daniel remarque que les

clients n’hésitent pas à lui demander de raconter son

expérience personnelle.

“Il faut convaincre et établir

une relation de confiance, cela représente beaucoup de

travail”

, explique-t-elle.

C’est à nous de mettre en

valeur nos services. On

leur montre qu’une équipe

dédiée est prête à rendre

leur séjour mémorable.”

Christopher El Ouadakri