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L’Hôtellerie Restauration

N° 3538 - 16 février 2017

RESTAURATION

L’Hôtel Nougier,

60 ans

et trois générations de chefs

SAINT-ÉTIENNE-DE-FURSAC

Le chef Stéphane Nougier

développe son offre pour pérenniser son établissement,

installé au centre d’une petite localité de 1 500 âmes.

L

e 8 novembre dernier, la Fédération

internationale des Logis a attribué

à l’Hôtel Nougier, à Saint-Étienne-

de-Fursac (Creuse), le titre de Table

distinguée, récompensant l’excellence

culinaire de son chef

Stéphane Nougier

.

Une distinction arrivée au moment où

l’établissement a soufflé ses 60 bougies.

En effet,

Albert

et

Lucie Nougier

, les

grands-parents de Stéphane, ont inaugu-

ré le restaurant le 14 juillet 1956.

Jean-

Pierre

et

Michèle Nougier

, les parents,

ont ensuite repris le flambeau avant que

leur fils prenne la relève.

Après six décennies d’existence, l’Hôtel

Nougier demeure une valeur sûre de la

gastronomie creusoise, auréolée d’un

Bib Gourmand depuis neuf ans. Une

reconnaissance pour cet hôtel-restaurant

situé au centre d’une petite localité de

1 500 âmes, en pleine campagne. Mais

pas question pour Stéphane Nougier

de céder à un quelconque complexe

d’infériorité.

“C’est vrai que la Creuse

n’est pas un département qui bénéficie

d’un dynamisme économique et d’un

fort potentiel touristique. Mais inutile de

noircir le tableau pour autant, car nous

avons des atouts comme notre indéniable

qualité de vie”

, insiste-t-il. Le chef reste

toutefois lucide face aux difficultés de

la ruralité.

“Notre isolement peut être un

handicap en matière de recrutement et

d’approvisionnement, mais la concurrence

est moins farouche que dans une grande

métropole.”

Investir et moderniser

La réussite de la maison Nougier

repose sur la volonté de ne rien céder

en matière d’exigence et de considérer

que, même en milieu rural, la qualité

est encore le meilleur atout pour se

démarquer. Stéphane Nougier propose

une version contemporaine de la cui-

sine traditionnelle, où tous les plats

sont faits maison à base de produits

frais et de saison, et en privilégiant

les producteurs locaux.

“Il faut trou-

ver le juste équilibre en proposant des

formules déjeuner à moins de 16 € mais

aussi une large gamme de menus, de 27 à

58 €. Une complémentarité capable de

séduire des connaisseurs tout en fidéli-

sant une clientèle locale.”

Exigeant, Stéphane Nougier l’est

aussi pour le cadre et il investit régu-

lièrement : restauration de la façade,

rénovation des salles de restaurant,

modernisation de la cuisine, remise aux

normes des dix chambres de l’hôtel…

Depuis dix ans, il n’a pas lésiné sur les

rénovations, pour moderniser son éta-

blissement et maintenir un bon niveau

de confort pour les clients.

www.lhotellerie-restauration.fr/publications/emmanuelle.couturier

www.lhotellerie-restauration.fr/publications/fabrice.varieras

Emmanuelle

Couturier

Fabrice

Varieras

Stéphane Nougier

,

seul chef limousin

récompensé du

titre de Table

distinguée par les

Logis.

À Lille, Nicolas

Pourcheresse

installe Le Vagabond

LILLE

Le chef, étoilé à l’Hôtel Clarance,

a ouvert son propre restaurant cet été,

en solitaire. Il y cuisine sous le regard

des clients, installés devant lui.

Q

uatorze couverts devant une petite cuisine-bar

en marbre du Brésil, des briques, des tables nap-

pées, une banquette moutarde qui court le long

du mur : le restaurant Vagabond a des allures de grotte

chic, nichée au bout du Vieux-Lille, mais ouverte sur

la rue avec sa grande baie vitrée.

Dans son repère savamment organisé, le chef

Nicolas

Pourcheresse

officie seul, en cuisine et au service

tous les soirs, se laissant observer, tout en ayant un

œil attentif sur les clients en face de lui. Un jeu de

regards qui s’accompagne d’échanges verbaux qui

naissent plus facilement dans ces conditions.

“Il n’y a

rien d’écrit, j’explique tout à l’oral, d’autant plus que le

menu est unique, à 70 € par personne. J’ai envie de bien

faire comprendre notre métier. Cela favorise les interac-

tions avec moi, mais aussi entre les clients”

, explique-

t-il. Une façon de faire radicalement différente de celle

qu’il pratique dans les cuisines de La Table (1 étoile

Michelin

) à l’Hôtel Clarance juste à côté, où il est pré-

sent pour le déjeuner.

Au plus près des saisons et du jardin

Chez Vagabond, c’est la spontanéité qui prime, dans

la cuisine et les menus tout particulièrement.

“Je

construis mes menus au jour le jour, en fonction de la

récolte du jardin.”

Car le chef est aussi devenu jar-

dinier, un autre rêve depuis son passage à l’Auberge à

Coulans, il y a plus de dix ans. Avec 3 000 m

2

de terres

dans la banlieue lilloise, il met une partie de ses légu-

mes récoltés au menu, tandis que les autres sont mis

en boîte, séchés, fermentés ou même distillés.

“Je n’ai

pas de congélateur et il faut bien les conserver !”

Un bocal de chou-rouge aux pommes et oignons

rouges, gingembre, vinaigre, cassis séché et poivre

trône sur les tables pour accompagner l’apéritif.

Nicolas Pourcheresse revendique son attachement à la

saisonnalité : durant cette période creuse en légumes,

le chef en profite pour cuisiner plus iodé et carné, avec

davantage de fruits et d’agrumes. Cette année, il veut

également mettre au point une carte de vins bio et

nature, mais aussi développer un nouveau projet pour

l’instant encore secret.

Nicolas

Pourcheresse :

“Je construis mes

menus au jour le

jour, en fonction de

la récolte du jardin.”

L’une des salles

de restaurant de

l’Hôtel Nougier.