L'Hôtellerie Restauration No 3421 - page 2

Le 10
e
art
L’édito
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Ça vous est arrivé
investissent votre
C’est sûrement l’annoncede la semaine :
les Relais &Châteaux
demandent que la table et l’hospitalité, réunis sous le terme d’‘arts
de vivre’, soient reconnues comme le 10
e
art
(lireenpage7), justeaprès
labandedessinée.Outre le fait que le jeuvidéoet le tatouage revendiquent
aussi ladixièmepositiondans la classificationdes arts,qu’est-ceque ce
combat peut apporter à laprofession?
Lorsque,pendant des années, laMission françaisedupatrimoineet les
cultures alimentaires (MFPCA), soutenuepar denombreux chefs, s’est
battuepour l’inscriptiondu repas gastronomiquedes Français sur la
liste représentativedupatrimoine culturel immatériel de l’humanité, on
entendait cettemêmequestion. Le 16novembre2010, ce fut la victoire.Un
combat prenait finet unautre commençait pour la créationdesCitésde la
gastronomie.Car il ne faut pas s’arrêter en si bonchemin.
La gastronomie française a besoin demontrer qu’elle n’est pas
assoupie et qu’elle sait aussi se défendre
. Ledînermondial Goût
deFrance/GoodFrance, le 18marsprochain,pour faire rayonner notre
cuisine, enest une illustration. LesRelais et Châteauxont choisi un lieu
symbolique - le siègede l’UnescoàParis - pour lancer leur croisadepour
le 10
e
art.Sadimensionuniversellededéfensedes cultures culinaires lui
confère toute sagrandeur. Le 10
e
art serait uneétape supplémentairepour
la reconnaissancedes savoirsque requièrent lesmétiersdesCHRet de la
placede l’industriehôtelièredans lemonded’aujourd’hui.
La cuisine est-elle un art ? Le cuisinier est-il un artiste ou un
artisan ?
Les tenantsdesdeux camps nedésarment pas.Quelle
importance ?La tableet l’hospitalité font partiedes artsde vivre.Mais
sont-elles également des arts vivants ?Dans les restaurants et dans
les hôtels, tous ceuxquiœuvrent pour donner lemeilleur aux clients
continueront àdispenser lebienmanger et lebienvivreensemble.
NADINE LEMOINE
A
lors qu’il n’avait
pas encore 30 ans,
Samuel Urbain
,
diplômé de l’école Le
Cordon Bleu qui a
managé un temps des
pubs agités de la rue
Princesse (Paris, VI
e
),
a ouvert en plein cœur
de Paris sa première
affaire : le Bistrot Urbain,
au 103 de la rue du
Faubourg Saint-Denis
(Paris X
e
).
“Très vite,
nous avons été classés
dans les vingt meilleurs
bistrots de Paris dans
le
Figaroscope 2013.
Je
suis passé trois fois dans
le
JDD
en un an. Le site
LaFourchette nous a noté
9 sur 10 et Tripadvisor
4,1 sur 5. Nous étions
rentables après trois
mois d’activité”,
se
souvient-il. Ce Parisien
de naissance revendique
son attirance pour les
quartiers populaires :
“J’ai toujours été sensible
à la diversité. Ma mère
est d’origine tunisienne.”
Assis sur la petite terrasse
de son bistrot, les yeux
clairs du restaurateur se
durcissent subitement au
passage d’une jeune fille
qui balaye d’un regard
circulaire les tables :
“Elle
cherche ce qu’elle pourrait
voler.”
Seringues et tâches
de sang
L’ambiance du quartier,
qui a toujours été animée,
a en effet changé du
jour au lendemain,
selon Samuel Urbain,
lorsqu’une bande a chassé
les sans domicile fixe qui
occupaient les bancs du
square Alban Satragne,
quelques mètres en amont
de son établissement. “
Ils
viennent par grappes le
matin. Les vieux restent
dans le square pendant
que les jeunes, de 7 à
18 ans, font des allers et
venues pour ramasser
tout ce qu’ils trouvent. La
police s’est déplacée au
début, mais aujourd’hui
nous sommes abandonnés.
Ce n’est pas l’unique
problème : la proximité
d’une association qui
délivre des produits
de substitution aux
toxicomanes sédentarise
ces populations, en
particulier dans les sous-
sols du parking voisin.
Sans parler d’un nombre
croissant de personnes
alcoolisées en déshérence.
Dans ces conditions, il
est exclu que j’utilise ma
terrasse le soir alors que
je paye une redevance,
s’époumone Samuel
Urbain. Dans le parking
où je raccompagne mes
clientes, il m’arrive de
devoir enjamber les corps.
On trouve des seringues,
des tâches de sang, des
compresses souillées sur le
sol... La semaine dernière,
j’avais une réservation de
six personnes. Arrivées au
parking, elles ont fait demi-
tour estimant le quartier
trop dangereux.
PARIS
œ
Depuis qu’il a ouvert son bistrot rue du
Faubourg Saint-Denis en octobre 2012, Samuel
Urbain a vu sa vie tourner, en quelques mois,
du conte de fée au cauchemar en raison de
l’explosion de la délinquance et des incivilités.
E
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Gran
Le square Alban
Satragne (Paris,
X
e
), laissé à
l’abandon et
squatté.
Une
épouvantable
saleté aux
abords du
Bistrot Urbain.
1 3,4,5,6,7,8,9,10,11,12,...36
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