Actualités

Page d'accueil
 Sommaire
du 14 juin 2007
RESTAURATION

POUR LA PROMOTION DES FEMMES EN CUISINE

LES AMIS D'EUGÉNIE BRAZIER CRÉENT UNE BOURSE POUR LES JEUNES FILLES

Lyon (69) Eugénie Brazier est la première femme à avoir décroché 3 étoiles au Michelin dans 2 établissements. Sa petite-fille Jacotte lance une 'bourse' pour aider les jeunes femmes et un prix littéraire, le Prix Eugénie Brazier, pour la transmission du patrimoine culinaire.


Jacotte Brazier, petite-fille d'Eugénie Brazier et présidente de la nouvelle association, soutenue par Paul Bocuse et Bernard Pacaud.

L'Association des amis d'Eugénie Brazier, créée en tout début d'année, a deux parrains de choix : Paul Bocuse et Bernard Pacaud qui furent tous les deux commis chez la Mère Brazier. Déjà une centaine de 'fans', cuisiniers ou non, les ont rejoints dans le but de préserver et promouvoir l'oeuvre culinaire d'Eugénie Brazier, mais aussi pour apporter un soutien à des jeunes ayant une véritable vocation pour la cuisine. C'est la première action mise en place : la Bourse Eugénie Brazier. "Cette bourse ne s'adresse qu'aux jeunes femmes qui comptent entamer leur cursus au lycée François Rabelais. On prendra en charge la scolarité de la boursière (couteaux, veste, cantine, transport…) du CAP jusqu'à la fin de ses études à hauteur de 1 000 euros par an. Lors des inscriptions au lycée, elles auront toutes les informations pour présenter leur candidature. Ensuite, elles feront un stage chez l'un des membres de l'association, chez Paul Lacombe, Pierre Orsi… et à l'issue de ces quinze jours, les maîtres de stage, les professeurs et membres de l'association désigneront la lauréate. Le premier critère, c'est la motivation", explique Jacotte Brazier, petite-fille d'Eugénie Brazier et présidente de l'association. La jeune femme qui remportera cette première bourse ne bénéficiera pas seulement d'un soutien financier, mais aussi d'un soutien pédagogique. Les membres de l'association suivront son parcours, l'encourageront, l'accompagneront à chaque étape. "Nous commençons tout juste, mais nous souhaiterions vraiment pouvoir créer plusieurs bourses. Si nos finances nous le permettent, nous le ferons", assure Jacotte Brazier.

Pour la transmission du patrimoine culinaire
Le Prix Eugénie Brazier pour la transmission du patrimoine culinaire récompensera trois livres : le Grand Prix ira à un livre de cuisine écrit ou conçu par une femme ou sur la cuisine des femmes, le Prix de l'iconographie à un illustrateur ou un photographe d'un livre autour de la cuisine et le Prix du roman de gourmandise sera décerné à une oeuvre de fiction. Le jury composé notamment de Jacotte Brazier, Françoise Decitre, libraire, Sonia Ezgulian, cuisinière, accueillera chaque année quatre invités, personnalités du monde la gastronomie. Les dossiers de candidature doivent être envoyés avant le 1er septembre à l'association. Le lauréat recevra une réplique numérotée de la statuette représentant la Mère Brazier, cadeau de Frédéric Dard à Jacotte Brazier, ainsi qu'un exemplaire du livre Eugénie Brazier, un héritage gourmand, écrit par Jean-François Mesplède aux éditions Page d'Écriture. La remise des prix aura lieu à Lyon en fin d'année. Et pour cette première édition, Paul Bocuse et Bernard Pacaud seront présents, entourés - à n'en pas douter - par de nombreux chefs, Anne-Sophie Pic y compris, la seule femme aujourd'hui à 3 étoiles.
L'association a d'autres projets. "Aujourd'hui, les idées fusent, ajoute Jacotte Brazier. On pense au village de la grand-mère, Dompierre-sur-Veyle, dans la Dombes, qui pourrait donner son nom à une place. On pense à une vente aux enchères, aussi, avec des objets que nous donneraient des chefs. Il y a surtout notre projet de rencontres autour de professionnels pour parler des produits, des métiers ou de l'histoire de la cuisine." Un comité des sages, composé de professionnels de la restauration et de la gastronomie, sera chargé chaque année d'évaluer les projets et actions de l'association. Il ne manquera pas de travail si l'on en croit Jacotte Brazier qui envisage aussi "la création d'une bourse pour la salle l'année prochaine", toujours pour les jeunes filles. Eugénie Brazier a ouvert la voie pour les femmes en cuisine. Sa petite-fille, à la direction du restaurant de la rue Royale à Lyon pendant trente ans, enfonce le clou. Chapeau !
Nadine Lemoine zzz76v zzz22v

Association des Amis d'Eugénie Brazier
1 rue Eugénie Brazier
69001 Lyon
Tél. : 09 65 10 92 06
amiseugeniebrazier@orange.fr

Eugénie Brazier, une femme de légende


Le lauréat du Prix littéraire Eugénie Brazier pour la transmission du patrimoine culinaire recevra un exemplaire numéroté de cette statue de la mère Brazier.

Eugénie Brazier est née en 1895 à Dompierre-sur-Veyle dans la Dombes.
En 1921, à 26 ans, elle s'installe rue Royale dans une petite épicerie-comptoir.
En 1928, elle fait l'acquisition d'un bungalow au col de la Luère.
En 1932, le guide Michelin signale pour la première fois La Mère Brazier aussi bien au col de la Luère que rue Royale. Elle est notée 2 étoiles.
En 1933, la classification 3 étoiles est étendue à toute la France ; la Mère Brazier est distinguée pour ses deux établissements parmi les 23 "meilleures tables de France". Elle s'éteint le 4 mars 1977.

Ses plats emblématiques : Fond d'artichaut au foie gras, Quenelle, Langouste Belle Aurore, Terrine, Gratin de macaronis, Volaille demi-deuil, Galette et Chabraninof….

Complément d'article 3033p6

Eugénie Brazier, une femme de légende

Eugénie Brazier est née en 1895 à Dompierre-sur-Veyle dans la Dombes. Placée dans une ferme par l’assistance publique à l’âge de 10 ans à la mort de sa mère, elle y apprend les bases de la cuisine paysanne.
Se retrouvant fille-mère en 1914, chassée par son père, elle trouve un emploi dans une famille bourgeoise de Lyon. Elle y fait tout sauf la cuisine, jusqu’au jour où elle doit remplacer la cuisinière qui lui a simplement donné quelques conseils sur cette cuisine bourgeoise, basée sur la qualité des produits.
“La cuisine, ce n’est pas compliqué, il faut savoir s’organiser, avoir de la mémoire et un peu de goût. J’ai appris à faire la cuisine en la faisant, tout simplement.”
Puis, elle se fait engager chez la Mère Fillioux, rue Duquesne à Lyon, restaurant très apprécié et tenu par une femme qui fait une grande cuisine bourgeoise. C’est là qu’Eugénie Brazier observera et puisera l’essentiel du répertoire culinaire qui la rendra célèbre.
En 1921, à 26 ans, elle s’installe rue Royale dans une petite épicerie-comptoir.
En quatre ans, la réputation s’installe, puis la maison s’agrandit. Révélée par le grand critique gastronomique Curnonsky, elle accueille une clientèle de notables. Edouard Herriot prend ses quartiers chez elle, il lui restera fidèle jusqu’à sa mort.
En 1928, elle fait l’acquisition d’un bungalow, au col de la Luère, où ses fidèles clients et amis lui demandent d’organiser des pique-niques, le dimanche. Ce bungalow deviendra en peu de temps l’un des plus fameux restaurants au monde.
En 1932, pour la première fois, le Guide Michelin note 2 étoiles La Mère Brazier, à la fois au col de la Luère et rue Royale, pour une cuisine “d’excellente qualité”.
En 1933, la classification 3 étoiles est étendue à toute la France ; la Mère Brazier est distinguée pour ses deux établissements parmi les 23 “meilleures tables de France”. Ainsi, avec deux restaurants notés 3 étoiles, Eugénie Brazier entre dans l’histoire, rejointe seulement soixante ans plus tard en 1998 par Alain Ducasse et en 2001 par Marc Veyrat.
Et si en 1933, Eugénie Brazier est notée 3 étoiles en même temps que sa consœur et amie la Mère Bourgeois à Priay, dans l’Ain, il faut attendre 2007 pour qu’une nouvelle femme ait la même distinction : Anne-Sophie Pic.
Après-guerre, Eugénie confie la rue Royale à son fils Gaston et à sa belle-fille Carmen, elle-même continuant à régner sur le col de la Luère.
Les deux établissements proposant la même cuisine recevront tout ce que le monde compte de célébrités, avec des personnalités aussi différentes que le Général de Gaulle, le prince Ali Khan, les artistes Maurice Utrillo et Jacques Prévert. La notoriété est immense, immortalisée par les célèbres photographes lyonnais Blanc et Demilly, son ‘logo’ est dessiné par le grand caricaturiste Abel Faivre. Le directeur du Waldorf-Astoria demande à Eugénie de venir à New York.
La grande dame de la cuisine sait transmettre les valeurs qui ont fait sa gloire et ce n’est pas un hasard si elle perçoit chez les apprentis Paul Bocuse puis Bernard Pacaud, les talents de futurs plus grands cuisiniers du monde.
Paul Bocuse : “Auprès d’elle j’ai appris le métier à la haute école des bons produits…C’est au contact de cette femme que mon inclination naturelle pour la cuisine simple, je ne dis pas facile, se fit jour. Ses élèves dont je suis n’oublieront jamais son remarquable exemple : elle a su nous faire prendre conscience de nos papilles et nous donner le goût du travail bien fait, facteur indispensable de la réussite.”
En 1970, Jacotte, fille de Gaston, diplômée de la fameuse école hôtelière de Lausanne en Suisse, vient seconder ses parents. En 1974, à la mort de son père, elle prend avec sa mère la direction de la rue Royale, qu’elle gardera jusqu’à sa retraite en 2004, cédant alors l’établissement.
En 1975, Eugénie Brazier se retire, elle s’éteindra le 4 mars 1977.
En novembre 2000, la ville de Lyon lui rend hommage en donnant son nom à la rue qui longe le restaurant de la rue Royale, grâce à la ténacité de Jean-François Mesplède, Raymond Barre en ayant accepté l’idée. Pendant quatre-vingt ans, tous les maires de Lyon ont été clients fidèles et amis de l’établissement.
Et pour finir concrètement, comme aimait le faire la Mère, citons les plats emblématiques qui la rendirent mondialement célèbre : Fond d’artichaut au foie gras, Quenelle, Langouste Belle Aurore, Terrine, Gratin de macaronis, Volaille demi-deuil, Galette et Chabraninof…. zzz22v

Article précédent - Article suivant


Vos questions et vos remarques : Rejoignez le Forum des Blogs des Experts

Rechercher un article

L'Hôtellerie Restauration n° 3033 Hebdo 14 juin 2007 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

L'Application du journal L'Hôtellerie Restauration
Articles les plus lus...
 1.
 2.
 3.
 4.
 5.
Le journal L'Hôtellerie Restauration

Le magazine L'Hôtellerie Restauration