
Si quelques grands établissements hôteliers
entretiennent à demeure un fleuriste, nombre
d’entreprises du secteur confient cette mission à
des prestataires extérieurs.
HÔTELLERIE
François
Pont
www.lhotellerie-restauration.fr/publications/françois.pont
Comment fleurir
son hôtel ?
M
ajid Mohammad
est devenu
compositeur de décorations
florales dès son arrivée en
France en 2001 :
“C’était en souvenir
de mon enfance en Iran, bercée par
les odeurs d’œillets. J’ai d’ailleurs été
choqué à mon arrivée en France de
constater que les fleurs étaient si peu
parfumées, peut-être le climat.”
En
2013, il quitte la boutique du Marais
où il travaillait pour ouvrir Muse, à
Montmartre. Sa clientèle chic le suit
et s’étoffe.
Gilles Marchal
, ancien
chef pâtissier du Bristol et du Plaza
Athénée, est un inconditionnel :
“Avec Madjid, les bouquets adoptent
un esprit ancien [légumes, vieilles es-
pèces, NDLR], façon nature morte,
poétique ou un peu fou.”
“Toutes les fleurs ont leur place
dans un hôtel”
Si quelques grands établissements
hôteliers entretiennent à demeure
un fleuriste, nombre d’entreprises
du secteur confient cette mission à
des prestataires extérieurs.
“J’ai sou-
vent carte blanche mais avec parfois
des contraintes comme la couleur des
vases. Avec les hôteliers, nous conve-
nons d’un abonnement, à partir de
50 € mensuels. J’élabore alors une
ou plusieurs compositions florales
en fonction de l’emplacement, de la
couleur du plafond, de la direction
de la lumière et de la présence de cli-
matisation, de chauffage ou de cou-
rants d’air. Nous passons au moins
une fois par semaine pour changer
l’eau, les fleurs et nettoyer les vases.
Pour les plantes, nous proposons des
contrats d’entretien avec deux pas-
sages annuels. Toutes les fleurs ont
leur place dans un hôtel, même les
chrysanthèmes. J’évite seulement les
lys en raison de leur
odeur et des risques
d’allergies”
, explique
le fleuriste.
Flor A Dhoc travaille
avec des dizaines
d’hôtels en France à
qui elle propose des
fleurs artificielles pour
un prix quatre fois
moindre que celui des
fraîches.
“Nos fleurs sont réalisées à
partir d’une base de tissu avec une
finition qui donne un aspect réaliste.
Une résine dans le vase imite l’eau.
Nous louons un bouquet pour 65 €
par mois. Nous venons de perdre un
gros contrat de 100 bouquets avec
un hôtel de luxe parisien en raison
de la crise. Les fleurs sont les pre-
mières lignes de budget qui sautent”
,
regrette le patron,
Yann Delacour
.
Respecter les saisons
“Nous fleurissons de nombreux
hôtels comme l’Intercontinental
Paris Le Grand [IX
e
] ou la Réserve
[VIII
e
]”
, explique
Julian Tonnellier
,
fleuriste à Paris (VI
e
) depuis treize
ans.
“Je m’inspire des peintures, de
l’architecture mais aussi des attentes
du directeur de l’hôtel. Les fleurs
passent par trois phases : montante,
excellente et descendante. Cette der-
nière n’a pas sa place dans un lieu
luxueux alors il faut les changer tous
les quatre jours. Les compositions
doivent suivre les saisons. Décorer
un hôtel de fleurs blanches toute
l’année me paraît aussi incongru que
de cuisinier des fraises en hiver”
, pré-
cise le fleuriste, meilleur ouvrier de
France, qui rappelle que les fleurs
très odorantes (lys, roses de jardin,
fritillaires…) sont malvenues dans
les salles de restaurant, où
“il ne faut
pas tuer l’odeur des aliments”
.
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Conseils
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L’Hôtellerie Restauration
N° 3524 - 10 novembre 2016
Une composition florale pour l’hôtel
Le Narcisse blanc, par
Julian Tonnellier
.