L'Hôtellerie Restauration No 3429 - page 10

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L’actualité
Pénibilité, retraites, représentation salariale et
professionnelle : les patrons se mobilisent
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L’année s’annonce chargée pour la
Confédération générale des petites et
moyennes entreprises. Le point avec
Geneviève Roy, hôtelière et vice-présidente
nationale en charge du social de la CGPME.
PROPOS RECUEILLIS PAR SYLVIE SOUBES
L’Hôtellerie Restauration :
Les patrons sont
descendus dans la rue le 1
er
décembre dernier à
l’appel de la CGPME. Vous étiez vous-même en tête
de cortège aux côtés du président de la confédération,
Jean-François Roubaud. Quelles sont les retombées
de cette opération ?
Geneviève Roy :
La CGPME avait appelé à manifester
dans deux grandes villes, Paris et Toulouse. Il y a eu
respectivement plus de 5 500 et 4 000 participants,
ce qui est un succès. Les patrons ont exprimé leur
mécontentement. Les cadenas [accrochés aux grilles
du ministère de l’Économie, NDLR] étaient un
symbole fort qui exprimait l’enfermement dans lequel
l’entreprise se trouve, mais aussi un message d’espoir.
Un cadenas s’ouvre quand on utilise la bonne clé.
Où en est-on aujourd’hui ? Vos revendications ont-
elles été entendues ?
Concernant l’interdiction des contrats de travail
de moins de 24 heures, nous sommes relativement
optimistes. Les discussions en cours devraient aboutir à
quelque chose de cohérent pour tout le monde.
Et concernant le compte de pénibilité ?
Le compte individuel de prévention de la pénibilité
est massivement rejeté par les chefs d’entreprise.
Le texte va à l’encontre de l’emploi. Les contraintes
sont telles qu’il va favoriser les travailleurs détachés
et encourager certains secteurs à se robotiser
davantage. Nous sommes entrés, depuis plusieurs
années, dans un processus de prévention et avons
déjà des obligations de résultat quant à la santé de
nos salariés. Il y a eu des compensations, nées de
négociations. Le dispositif que l’on nous impose
aujourd’hui est beaucoup trop lourd et trop complexe,
et il va placer le chef d’entreprise dans l’insécurité
juridique. Un exemple : lorsque vous secouez une
couette, vous levez les bras de telle manière que vous
entrez dans la pénibilité. En revanche, si vous utilisez
des draps, la façon de faire le lit change et n’entre pas
dans la pénibilité. Le personnel va tout bonnement
estimer que je le mets en danger si je continue à
utiliser des couettes dans mon établissement. Ce texte
va créer de réels problèmes dans les relations entre
patrons et salariés.
La CGPME s’est prononcée contre l’extension
d’ouverture des commerces le dimanche. Pourquoi ?
Nous ne contestons pas la
nécessité d’offrir une véritable
souplesse dans les zones
touristiques, là où cela est
justifié. En revanche, la CGPME,
qui regroupe de nombreux
commerçants, est opposée à la
quasi généralisation de l’ouverture
dominicale prévue dans la loi
Macron, qui va se traduire par
une distorsion de concurrence
entre les différentes catégories
de commerces. Ces ouvertures
seront subordonnées à des
compensations, par exemple le
doublement du salaire. Les petits
commerces n’ont pas les moyens
financiers de suivre.
Quels sont les chantiers prévus en 2015 ?
Ils sont nombreux. Il y a la pénibilité bien sûr,
mais aussi la représentation salariale et patronale.
Certains, parmi les syndicats de salariés, voudraient
voir l’instauration de délégués par site ou zone
géographique pour les entreprises de moins de
11 salariés. Imaginons que ce soit le salarié d’une
boucherie qui soit délégué, il prendra en charge les
problèmes des salariés du coiffeur ou du boulanger. En
ce qui concerne les branches, leur nombre va passer
de 700 à 100. Les restructurations qui s’annoncent
ne seront pas neutres et auront de nombreuses
répercussions.
Quant au dossier des retraites, tout le monde s’accorde
à dire qu’il faut bouger les curseurs. Mais il n’y a que
trois leviers : les cotisations, l’âge de départ et la
durée des cotisations. Les employeurs ne peuvent pas
supporter de nouvelles hausses de cotisation. C’est
sur l’âge de départ qu’il faut agir et ce, de manière
progressive.
Geneviève Roy
:
“Le
compte individuel
de prévention de la
pénibilité va à l’encontre
de l’emploi.”
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