du 15 septembre 2005 |
DU CV À L'EMBAUCHE |
RECRUTER 17 000 JEUNES EN 2005 ET 2006
CONCILIER LES MÉTIERS DE MILITAIRE ET DE CUISINIER
L'armée de terre recrute une centaine de jeunes qualifiés dans les métiers de bouche.
Lieutenant-colonel Desgrees du Lou : "Cuisinier, maître d'hôtel ou barman, l'engagé volontaire doit être en mesure de combattre à tout moment, car il est au service des intérêts de la nation." |
En
général, les jeunes titulaires d'un CAP ou d'un BEP d'hôtellerie-restauration postulent
chez nous avec l'idée d'abandonner la cuisine. Ils ignorent trop souvent qu'en intégrant
volontairement l'armée de terre, ils peuvent être militaires et cuisiniers à la fois.
Mais bien sûr, ils seront soldats avant tout, ce qui signifie qu'ils doivent être
prêts, comme tous les autres soldats, à risquer leur vie", insiste d'emblée le
lieutenant-colonel Desgrees du Lou, de la direction du personnel militaire de l'armée de
terre. Et les jeunes qualifiés dans le service, la cuisine ou l'accueil sont beaucoup
plus recherchés aujourd'hui que lorsque le service militaire était encore obligatoire.
Auparavant, l'armée de terre affectait fréquemment les jeunes appelés diplômés
d'écoles hôtelières aux postes de cuisinier, maître d'hôtel, barman
d'un
régiment, d'un cercle-mess, au sein des formations de l'armée de terre ou du ministère
de la Défense. La suspension de la conscription a supprimé cette source d'effectifs,
mais pas les besoins de main-d'oeuvre qualifiée dans ces métiers.
Il est clair que les recrutements de jeunes
diplômés en hôtellerie-restauration représentent une infime partie des embauches de
l'armée de terre (environ 2 %). Mais son objectif de recruter 17 000 jeunes en 2005 et en
2006 porte les possibilités d'emploi à plus d'une centaine par année. "En 2004,
nous avons recruté 112 cuisiniers et 95 agents de service de restauration, d'hôtellerie,
au grade de militaire de rang. Dans 60 % des cas, ils avaient un CAP ou un BEP.
L'engagement direct au grade de sous-officier (bac minimum) ou d'officier (bac + 2 à + 5)
est beaucoup plus rare", précise le lieutenant-colonel Desgrees du Lou, avant
d'ajouter : "En revanche, la promotion interne existe réellement : en moyenne, 1
militaire de rang sur 5 peut espérer devenir sous-officier, et 50 % du corps des
officiers sont issus de celui des sous-officiers."
Circuit
balisé
Quant aux parcours professionnels,
l'armée de terre insiste sur la mobilité géographique et dans les fonctions. Compte
tenu de l'effectif des régiments à nourrir (pouvant aller jusqu'à 1 000 repas par
jour), le type de cuisine est plutôt collectif. Pour celui qui dirige les fourneaux, cela
nécessite de savoir gérer un stock alimentaire et de manier les chiffres. La cuisine
traditionnelle n'est pas exclue pour autant (notamment le week-end dans les cercles-mess).
Autre particularité : les cuisiniers peuvent accompagner un régiment en mission (en
France ou à l'étranger), et dans ce cas, ils peuvent être amenés à servir les repas
de leur régiment avec un matériel spécifique. "C'est ce que l'on appelle la
cuisine de campagne", précise le chef du bureau du personnel. Enfin, pour les
meilleurs d'entre eux, quelques opportunités de cuisine gastronomique existent au sein de
certaines structures spécifiques de l'armée de terre.
Côté recrutement, le circuit est
balisé : des Centres d'information et de recrutement de l'armée de terre (Cirat) sont
répartis sur tout le territoire national. Ils accueillent et informent les candidats sur
les métiers, les étapes et les implications de l'engagement militaire. "Beaucoup
de personnes ignorent qu'il s'agit d'un contrat de 3 à 5 ans renouvelable, pouvant
déboucher sur des carrières à durée très variable : 5, 10, 20, 25 ans
",
explique-t-on. Pour être embauché, plusieurs épreuves se succèdent : entretien
individuel dans un Cirat (présentation des exigences du métier de militaire et analyse
du projet professionnel), convocation dans un Centre de sélection et d'orientation (CSO)
pour plusieurs demi-journées de sélection avec bilan médical complet, épreuves de
sport, tests psychotechniques, entretiens individuels d'évaluation
C'est uniquement
en cas de résultats satisfaisants que le Cirat reçoit le postulant pour un second
entretien individuel à l'issue duquel il statuera en commission centralisée régionale
pour décider d'une embauche effective. Au total, la procédure peut prendre plusieurs
mois. Ne seront retenus que les candidats chez qui les recruteurs de l'armée de terre
auront décelé les qualités primordiales chez tout militaire : sens de l'effort et du
travail en équipe, capacité à se dépasser, ouverture aux autres, honneur et
discipline.
Tiphaine Beausseron zzz54r RE0607
www.recrutement.terre.defense.gouv.fr
Bon
à savoir
Pour pouvoir devenir cuisinier, serveur, maître d'hôtel ou
barman au sein de l'armée de terre, vous devez remplir les conditions suivantes :
Être de nationalité française et jouir de ses droits civiques
Être âgé de + de 17 ans et demi et de moins de 29 ans
Être en règle vis-à-vis des obligations de la Journée d'appel à la
préparation à la défense (JAPD) ou du service national
Être médicalement apte au service
Avoir satisfait aux tests d'évaluation
Militaire avant tout Dans l'armée de terre, les engagés volontaires sont militaires avant tout. Cela se ressent au quotidien dans l'organisation du travail. Leur emploi du temps comporte donc des entraînements réguliers au sport, au tir et au combat. Par ailleurs, il est impensable de compter ses heures. L'engagement est total. Une journée peut commencer à 6 heures et se terminer à 22 heures sans qu'il soit question d'heures supplémentaires. Par contre, depuis la mise en oeuvre de la loi sur la réduction du temps de travail, ils bénéficient de 45 jours de congé annuels ainsi que d'un système de journées de congé supplémentaires s'approchant des RTT. Quant au salaire, il se compose d'un solde de base (variable selon le grade et l'ancienneté) et d'accessoires de solde (indemnités de déplacement, indemnités de service de campagne ). À titre indicatif, un militaire du rang fraîchement engagé peut gagner entre 1 043,93 E (soldat logé et nourri) et 1 107 E par mois (caporal-chef). De sergent à major (sous-officier), le salaire s'échelonne entre 1 103,88 et 1 933,99 E. |
Témoignage
Daniel
Oudoire, brigadier-chef cuisinier auprès du chef d'état-major de l'armée de terre
C'est à 21 ans que le brigadier-chef Daniel Oudoire s'est
volontairement engagé dans l'armée de terre en qualité de militaire du rang. À 30 ans
aujourd'hui, ce diplômé du lycée hôtelier de Lille (bac pro cuisine et MC traiteur)
exerce son métier d'origine : cuisinier auprès du chef d'état-major de l'armée de
terre. Un poste rare, auquel il a été nommé en mai 2005 après 8 ans de cuisine au
cercle-mess de Douai (59), puis à celui de Hyères (83), et quelques échappées en
ex-Yougoslavie et en Guyane. Au sein d'une équipe de 9 militaires (dont 6 ont une
formation hôtelière), il est chargé d'élaborer des menus gastronomiques pour des
dîners protocolaires, galas, réceptions et autres événements officiels. "Avant
de m'engager, je n'avais jamais imaginé qu'il y avait une telle diversité de travail en
cuisine dans l'armée de terre : collective, traditionnelle, de campagne et gastronomique.
J'ai eu la chance de tout faire", précise celui qui vise, à travers ses
fonctions actuelles, à faire la promotion de la gastronomie française auprès des
délégations étrangères reçues à l'Hôtel national des Invalides de Paris.
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L'Hôtellerie Restauration n° 2942 Hebdo 15 septembre 2005 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE