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du 10 mars 2005
ÉDITO

Pas assez cher…

Le maire d'Égletons, charmante bourgade de Corrèze, où vivent paisiblement quelque 4 000 habitants, ne s'attendait pas à cette indignité. Dès la parution du Michelin 2005, il a voulu, comme d'habitude, vérifier l'exactitude des informations publiées par le guide rouge. Et cette année, mauvaise surprise, Égletons a disparu. Rayé de la carte comme après le passage d'un tsunami ou d'une tempête.
Quelle faute avait donc commis la gentille commune assoupie au bord de son lac cher, paraît-il, à Jacques Chirac, pour qui la Corrèze est sacrée ? Après avoir cherché longtemps, M. le maire d'Égletons trouva la réponse à la lancinante question que ses administrés, notamment ceux qui vivent du tourisme, ne manqueraient pas de lui poser : Égletons ne fait plus partie des destinations répertoriées par le Michelin parce que le seul hôtel de la commune n'y figure plus. élémentaire.
Seulement, M. le maire digérait mal la sanction ressentie sous forme de punition collective, d'autant que le commentaire de 2004 sur l'établissement pouvait laisser espérer la discrète existence d'une modeste classification (une maison) : "Le plan d'eau voisin et les chambres un peu plus grandes qu'à l'ordinaire font l'attrait de cet Ibis qui a choisi pour cadre la campagne haut-corrézienne. La salle à manger intègre un salon réchauffé par une cheminée ; carte traditionnelle…"
Dans son étonnement, M. le maire songea peut-être que depuis l'an dernier, la qualité de la prestation s'était considérablement dégradée, mais étant lui-même appelé à fréquenter l'unique hôtel de sa commune, il n'avait rien remarqué d'inquiétant.
Têtu, M. le maire tint à en avoir le coeur net et c'est l'exploitant de 'son' Ibis qui la lui fournit : 95 % des Ibis, de même que pratiquement tous les Campanile et les Comfort Inn cités en 2004 ont été 'virés' (c'est le mot) de l'édition 2005.
Vous lirez dans ce numéro les réactions de certains des intéressés dont on comprend la stupéfaction, ainsi que les explications du directeur du Michelin.
Il n'empêche : même si le guide rouge est entièrement libre de ses choix et n'a pas davantage à les justifier que les étoiles qu'il accorde ou enlève aux restaurants, les responsables des établissements concernés s'interrogent sur la faute collective que leur reprochent les inspecteurs de l'avenue de Breteuil.
Et sans esprit polémique, mais dans le seul but d'éclairer le débat, il faut citer cette réaction de l'un des intéressés : "à l'heure du succès des compagnies aériennes low-cost, au moment où Renault fait un tabac avec une voiture à 7 500 E, il est surprenant que l'hôtellerie économique de chaîne, dont le rapport qualité/prix est plébiscité par la clientèle, soit écartée du plus important guide hôtelier du monde."
Effectivement, cela nous rappelle la publicité (Renault encore) qui disait : "Pas assez chère, mon fils…" Aujourd'hui avec un Michelin orienté vers le haut de gamme, impossible de trouver une chambre à Roissy à moins de 150 E. Trop cher pour beaucoup, y compris parmi les adeptes du guide rouge.
L. H. zzz80

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L'Hôtellerie Restauration n° 2915 Hebdo 10 mars 2005 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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