du 20 décembre 2007 |
RESTAURATION |
IL ENTEND CHANTER LES CIGALES DANS LE VIN
Paul Léaunard reçoit les insignes d'officier de l'ordre national du Mérite
Marseille (13) Le patron de La Côte de Boeuf a été récompensé pour sa contribution à la promotion de Marseille et de la Provence.
De gauche à droite, Jean-Pierre Foucault, ex-condisciple, le général Lecorre, Paul Léaunard, Jean-Claude Gaudin et Jean Roatta, maire du 1er secteur de Marseille. |
Salle
comble dans le salon d'honneur de la mairie pour Paul Léaunard. L'homme
aux célèbres moustaches a reçu avec émotion et humour l'hommage
de sa ville d'adoption pour une vie consacrée à la gastronomie, au vin,
à l'enseignement et une certaine idée de la solidarité. En présence
de Jean-Pierre Foucault, son ex-condisciple, et de Jean-Claude Gaudin,
son ancien professeur d'histoire-géographie, il s'est étonné que
lui, "simple sergent, pilote d'hélicoptère dans l'armée de l'air
en 1968", devienne officier et puisse symboliser sa ville d'adoption. "Sans
mes amis, je ne serais rien, a-t-il rappelé. Et d'insister : Jean-Claude
Gaudin a communiqué au petit Bordelais que j'étais la passion pour cette
ville merveilleuse et pour une Provence où on peut entendre les cigales chanter
dans le vin."
Élève médiocre et facétieux,
Paul Léaunard rate son bac et s'engage dans l'armée de l'air où il
devient pilote d'hélicoptère. Il a 23 ans quand un accident le cloue au
sol et l'oblige à changer de vie. Commercial chez Simca Citroën, son
sens des affaires fait des merveilles. À tel point qu'on lui propose de devenir
directeur de la promotion France… à Paris. Il refuse de quitter Marseille.
Boulimique d'activités
Il aime la cuisine et les
défis. En 1979, il ouvre La Côte de Boeuf, premier restaurant
de viande dans une ville vouée au poisson et autres pieds et paquets. Le pari est osé parce que la place d'Estienne
d'Orves, à deux pas du Vieux Port, est enlaidie par un parking aérien,
disparu en 1983. Après quelques mois de travail acharné, le restaurant
se fait une place au soleil. Le succès ne s'est jamais démenti, même
en pleine crise de la vache folle. La qualité des produits, le décor vieille
ferme, le service très soigné et l'accueil chaleureux d'un patron qui
connaît tout le monde expliquent cette longévité. Mais, le trésor
des trésors repose sur une des meilleures caves au monde, saluée par le
livre Guinness des records. Parce que, après l'aviation, les voitures et la
cuisine, Paul Léaunard s'est pris d'une passion pour les vins. Il crée
en 1990 l'Association des sommeliers Marseille-Alpes-Provence et il court le monde
pour promouvoir le vin français, du Sud-Est de préférence. Boulimique
d'activités, il participe à l'émission de France 3 Provence, 'La
cuisine d'à côté', dans laquelle il donne des conseils sur les
accords mets et vins. Il est aussi conseiller de l'enseignement technologique, président
de jury, maître d'apprentissage, enseignant, etc.
Paul Léaunard est aussi un homme généreux
et solidaire. En adhérant en 1987 au Lions Club International, il a fait sienne
une doctrine selon laquelle "on n'a pas fait grand chose tant qu'on n'a pas fait
quelque chose pour quelqu'un d'autre". C'est dans cet esprit que, pendant de
nombreuses années, il reçoit dans son établissement, le soir de
Noël, des personnes âgées nécessiteuses. Discret, il n'aime
pas en parler. Le général
Lecorre le fera pour lui. C'est enfin un travailleur acharné qui, lors de la
remise des Palmes académiques en 2005 au lycée hôtelier, expliquait
aux élèves : "Laissez
tomber les horaires. Quand on veut réussir, il n'y a plus d'horaires. C'est
vous qui ferez votre vie. Sans passion, il n'y a pas de bonheur."
Dominique
Fonsèque-Nathan
zzz14
Article précédent - Article suivant
Vos questions et vos remarques : Rejoignez le Forum des Blogs des Experts
L'Hôtellerie Restauration n° 3060 Hebdo 20 décembre 2007 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE