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du 2 novembre 2007
ÉDITO

Métiers "en tension"

Dans le langage technocratique que la "rupture" annoncée par Nicolas Sarkozy n'a pas encore eu le temps d'éradiquer, un métier "en tension", vous l'avez compris, c'est une profession qui manque de main-d'oeuvre. Instantanément, vous vous sentez concernés par la lancinante question du recrutement.
C'est pourquoi, en annonçant de nouvelles dispositions relatives à l'ouverture du marché de l'emploi aux travailleurs étrangers, le Gouvernement espère aider les entreprises à résoudre, du moins partiellement, leur problème récurrent de pénurie de salariés qualifiés.
Or, si l'idée est bonne, sa mise en application ne va pas forcément dans le sens des intérêts de la profession. Pourquoi restreindre l'accès aux métiers de l'hôtellerie-restauration, sous prétexte qu'ils seraient peu ou pas qualifiés, aux ressortissants des nouveaux états membres de l'Union européenne ? D'abord, les travaux dits d'exécution ne sont pas forcément moins qualifiés que d'autres fonctions, même si, dans notre beau pays où la vénération pour les 'intellos' est profondément ancrée dans nos mentalités, et un cuisinier ou un maître d'hôtel doit aujourd'hui être doté d'une formation aussi qualifiante qu'un géomètre ou un conducteur de travaux, professions tout aussi honorables que nos technocrates jugent plus exigeantes en matière de diplômes. Passons…
Mais surtout, pourquoi refuser aux travailleurs d'origine non européenne l'accès à l'emploi dans la profession (et d'autres) et réserver cet accès aux diplômés de l'enseignement supérieur ? Si l'on comprend bien la légitime volonté des pouvoirs publics de maîtriser les flux migratoires, il faut néanmoins tenir compte des spécificités de chaque secteur d'activité.
C'est d'ailleurs le sens des propos tenus par André Daguin à notre confrère Les Echos, quand il souligne que la profession pourrait créer 40 000 à 50 000 emplois supplémentaires par an avec une réglementation plus souple, notamment au niveau des détenteurs d'un contrat de travail sans papiers, le président de l'Umih citant l'exemple de l'Espagne qui a adopté cette solution.
D'autant, pour reprendre les considérations d'André Daguin, qu'un dispositif de cette nature permettrait également "de tuer le travail au noir qui est une pratique immorale et qui, en plus, fausse la concurrence". Dont acte, mais c'est à toute la profession de faire valoir, d'abord que les fonctions qu'elle propose exigent des qualifications reconnues, et ensuite qu'elle offre des conditions de travail convenables à ses salariés. Et que rien n'empêche que les étrangers puissent y accéder, d'autant, dernière citation d'André Daguin, que "l'afflux des travailleurs étrangers est une très bonne chose, et que nos clients sont très contents d'être servis par eux".

L. H. zzz80

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L'Hôtellerie Restauration n° 3053 Hebdo 2 novembre 2007 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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