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du 25 octobre 2007
L'ÉVÉNEMENT

UNE INTERVIEW EXCLUSIVE DU SECRÉTAIRE D'ÉTAT À LA CONSOMMATION ET AU TOURISME

SELON LUC CHATEL, LE TOURISME PEUT APPORTER UN POINT DE CROISSANCE SUPPLÉMENTAIRE

L'Hôtellerie Restauration : Comme vous l'avez rappelé à plusieurs reprises, les normes hôtelières actuelles sont aujourd'hui dépassées et ne correspondent plus à la demande des consommateurs. Toutefois, certaines associations européennes se sont mobilisées et proposent un texte de 15 résolutions au sein de l'Hotrec (lire L'Hôtellerie Restauration n° 3017 du 22 février 2007 'L'apparition de normes hôtelières européennes se profile à l'horizon'), communes à tous les pays. Pensez-vous reprendre à votre compte ces recommandations pour le système français ?


Luc Chatel : "Un plan stratégique pour 2008."

Luc Chatel : En effet, les normes de 1986 sont totalement dépassées. Un gros travail de réflexion a déjà été réalisé par le groupe Pierret et la mission d'audit de modernisation, avant mon arrivée à ce ministère. Nous en sommes maintenant à la phase finale. J'ai réuni l'ensemble de la profession le 22 octobre. Début 2008, nous devrons rendre nos conclusions et faire nos propres recommandations. Bien entendu, elles prendront en compte celles de l'Hotrec comme l'harmonisation des procédures, le traitement des réclamations, la démarche qualité… Ces 15 recommandations viendront nourrir les travaux de notre groupe.

Nous sommes en plein Grenelle de l'environnement. La mise en place d'une démarche environnementale chez les hôteliers-restaurateurs est assez disparate. Il faut dire que, d'une part, les investissements pour devenir 'vert' sont assez lourds, et que, d'autre part, aucune réglementation ne les y oblige. Pensez-vous proposer un dispositif sur le plan financier comme sur le plan réglementaire pour aider la profession à mieux s'adapter dans le respect de l'environnement ?
C'est un sujet très important. Et pour deux raisons. La première est que le tourisme repose sur un paradoxe. Il offre des perspectives de développement fort tout en étant un facteur de pollution. La deuxième, c'est que le consommateur final attache de plus en plus d'importance aux normes environnementales. C'est devenu un argument de vente. Il est essentiel de s'y intéresser. Pour autant, je ne suis pas en mesure de décider des dispositifs à mettre en place, n'étant pas maître d'oeuvre de ce grand chantier. En revanche, ce que l'on peut dire, c'est qu'il existe déjà des dispositifs fiscaux, accessibles à l'industrie hôtelière, même s'ils ne leur sont pas dédiés. Je pense, à tous les amortissements exceptionnels que l'on peut faire en réalisant des investissements liés aux économies d'énergie. À titre d'exemple, ce peut être, pour un hôtel, l'installation de piles photovoltaïques sur le toit ou l'achat d'un véhicule électrique…
Toutefois, nous sentons la nécessité d'aller plus loin. Ce sujet sera donc traité dans les mois qui viennent, et des réponses seront apportées avec un objectif de moyen terme.
Enfin, je lance une grande étude sur le thème 'Quelle offre touristique pour demain ?'. Dans ce cadre, les normes environnementales seront intégrées, et permettront de mettre en place des dispositifs innovants. La restitution de ce travail est prévue pour fin 2007. En effet, il est prévu d'aborder la question : Quelle spécificité pour le marché France ? Quelle image pour la France ? Or, nous savons que le secteur de l'hôtellerie-restauration représente une part importante de l'activité économique du secteur, mais que ce patrimoine est diffus et tarde à se moderniser. Nous devons donc approfondir notre soutien aux entreprises, aborder le thème des ressources financières qui nous manquent pour trouver des systèmes permettant aux entreprises du secteur de se moderniser.

Justement, le candidat à la présidentielle représentant votre parti avait demandé la mise en place d'un grand ministère du Tourisme et le rapatriement de toutes les lignes budgétaires 'tourisme' de tous les ministères au sein d'un seul et même ministère. Qu'en est-il exactement de ce projet ?
Il me semble que le fait d'être rattaché directement à Christine Lagarde, ministre de l'Économie, des Finances
et de l'Emploi, au sein d'un vaste ministère de la Consommation et du Tourisme, signifie que nous sommes déjà dans un grand ministère. Sur la question du redéploiement des lignes budgétaires, j'ai demandé l'assistance et l'aide de l'équipe travaillant sur la Révision générale des politiques publiques (RGPP), qui a été lancée, l'été dernier, par François Fillon pour mesurer la performance de toutes les politiques mises en place. La RGPP va donc traiter ce sujet. Nous connaîtrons le résultat de cet audit fin 2007.

Les entreprises de l'hôtellerie et de la restauration sont déçues car, dans la loi de Finances 2008, le gouvernement qui avait instauré une exonération des charges hôtelières sur une enveloppe de 700 ME en 2007 l'a faite passer à 556 ME en 2008, et que seules les entreprises de moins de 30 salariés vont y avoir accès.
Il est faux de dire que nous avons diminué l'enveloppe. D'abord, si la loi de Finances 2008 plafonne l'aide à 30 salariés, c'est parce que nous avons une contrainte communau
taire. Les versements maximums attribués à une entreprise doivent être inférieurs à 200 000 E sur trois ans. Par ailleurs, le budget stricto sensu des exonérations de charge, sans les avantages en nature, était de 546 ME en 2007. En y ajoutant les autres dispositifs dont les avantages en nature pour les hôtels, cafés et restaurants, l'effort budgétaire de l'État représentait 697 ME de crédits. En 2008, les crédits prévus dans le PLF concernant les exonérations de charge sont de 556 ME , donc en progression, et si l'on ajoute les efforts budgétaires concernant les avantages en nature, le montant est porté à 716 ME dans le budget 2008, en augmentation également. Par ailleurs, nous avons pris également, depuis cet été, deux mesures très favorables pour la profession : d'une part, la signature du décret sur la reconnaissance du titre de Maître Restaurateur (qui permettra de distinguer les 'meilleurs' d'entre eux et de les faire bénéficier d'un crédit d'impôt de 15 000 E pour moderniser leur installation), et d'autre part, la charte du droit des entreprises harmonisant les contrôles dans la profession, et cela a été, je peux vous le dire, extrêmement bien accueilli par la profession.

Pensez-vous que le tourisme est en mesure d'apporter ce point de croissance qui manque à l'économie ?
Oui, puisque le tourisme est un secteur économique important en France, et pour trois raisons : une fréquentation touristique étrangère qui devrait doubler d'ici à 2020 d'après l'OMT, un secteur fortement créateur d'emplois et, enfin, un excellent positionnement puisque la France est dans le trio de tête des destinations les plus visitées au monde. Mais ceci dans certaines conditions. La
première, c'est qu'il faut adapter l'offre touristique. En effet, si nous sommes les premiers en quantité, nous sommes les troisièmes en valeur. Par ailleurs, il faut tenir compte du fait que le touriste n'est plus le même que dans les années 1980 : il est allé partout, et il peut même connaître le monde entier sans sortir de chez lui (comme Paris à Las Vegas !)… Par ailleurs, il est zappeur, préfère les séjours courts, fait son choix sur internet, se décide au dernier moment, choisit la qualité… Nous devons donc, d'une part, adapter notre offre à cette nouvelle demande et, d'autre part, travailler nos marchés, notamment le développement de nouvelles filières, afin d'optimiser les recettes sur le territoire français. C'est l'objectif du plan stratégique que je pense pouvoir mettre en oeuvre dès 2008.

Mais pour avoir une politique de promotion efficace, encore faut-il en avoir les moyens. Pensez-vous que Maison de la France a ces moyens ?
Je suis toujours étonné que l'on parle de la faiblesse des moyens de Maison de la France. Le budget qui lui était dédié en 2007 était de 33 ME, auxquels il faut ajouter les budgets des CDT et des CRT qui accompagnent souvent Maison de la France dans ses actions. Toutefois, dès que nous aurons validé notre plan stratégique, pour mieux positionner nos actions vis-à-vis de nos marchés, nous pourrons alors envisager de doter Maison de la France de moyens supplémentaires. Ainsi, et avec la modernisation de l'offre, nous atteindrons, je l'espère, le point de croissance qui nous manque aujourd'hui.
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La réforme du classement des hébergements touristiques

Lundi dernier, Luc Chatel a réuni les dirigeants des différentes composantes du tourisme français afin de définir une méthodologie de travail en vue de la réforme du classement des hébergements. Un groupe de travail plénier et 5 groupes de travail thématiques ont été formés.
Le groupe chargé de la modernisation des critères 'physiques' de classement est présidé par Jean-François Giraud, président de la CPIH, les autres groupes étant consacrés à l'intégration des critères liés à l'environnement, à l'accessibilité des handicapés, à la qualité de service et au classement des chambres d'hôte.
Le groupe plénier est placé sous l'autorité de Michel Champon, directeur du Tourisme, et doit rendre ses conclusions au mois d'avril 2008.
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L'Hôtellerie Restauration n° 3052 Hebdo 25 octobre 2007 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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