L'internet et la restauration
L'intérêt de la vente d'hébergement hôtelier sur l'internet n'est plus guère contesté
Restotel est un portail internet basé
à Roubaix (59), créé par Gianni Fior, un ancien sommelier, aujourd'hui entré en tant
qu'associé minoritaire dans un groupe de e-services également roubaisien mais plus
important, nommé I. Puzzle. Dirigé par Christian Samra, I. Puzzle est une agence conseil
en communication internet bien introduite entre autres dans le monde de la vente à
distance. Restotel a débuté avec la restauration, s'intéresse aux traiteurs dès à
présent. En partant d'une adresse de départ unique, www.restotel.com, le surfeur accède
par une liste ou par moteurs de recherche multicritères intégrés au portail aux sites
individualisés créés pour chaque restaurant adhérent. Il existe une certaine unité
graphique, et certaines idées forces de menu et de présentation que l'on peut retrouver
ou ne pas retrouver au choix du client sur le portail. On retrouvera ainsi le plus souvent
une présentation physique de l'établissement avec photo (s) et une déclinaison par menu
arborescent des salles, salons, terrasse selon les possibilités du lieu, des rubriques
plats à la carte, menus, carte des vins et bien sûr réservation en ligne. Ces deux
ingrédients, moteurs de recherche internes et réservation en ligne, ne sont pas
fréquents dans les sites de restauration. S'y ajoute le référencement systématique
dans les grands moteurs de recherche. Cela représente pour la simple construction du site
plus de 600 000 francs d'investissements, indique l'actionnaire majoritaire, non compris
les heures non rémunérées très nombreuses investies par Gianni Fior. S'y ajoute une
équipe de trois salariés à plein temps sur la vie du site fédérateur, et des sites
affiliés.
Disons tout de suite que techniquement, le portail tient la route. Partant il est vrai
d'une machine de bonne facture avec ligne numérique, les ouvertures de pages sont
efficaces, rapides, la lecture est claire et simple car les concepteurs ont eu le soin de
ne pas surcharger le tableau, sauf peut-être la page d'accueil qui commence à devenir
encombrée. Les moteurs internes tournent bien. Exemple, quelques secondes pour accéder
à la liste des quatre restaurants du département du Nord qui proposent des spécialités
à base de crevettes. La réservation semble simple (toutefois nous n'avons pas été
jusqu'au bout du processus), mais peut indisposer certains clients : en effet, il est
demandé, procédure ultra classique sur l'internet, de s'enregistrer (gratuitement) avec
un numéro (un "pass") et une adresse e mail avant de réserver. Cela peut
apparaître comme une indiscrétion, une atteinte à la liberté. Une "offre du
jour", un "programme" contenant d'autres formes de promotions vite
accessibles attirent l'il. Les restaurants "partenaires" défilent à tour
de rôle sur le bandeau de présentation.
Le portail a déjà attiré du beau monde. Manifestement la toile interroge le métier.
Les sites personnalisés sont à notre avis suffisants, mais attention aux pages "en
construction" qui déçoivent le visiteur. On trouve les noms de l'Auberge de la
Garenne, la Bascule de l'Hippodrome à Marcq-en-Baroeul, le Cheval Blanc à Wattignies, le
Baan Thai, la Coquille ou Clément Marot, le Connétable, la Tête de l'Art ou la Cave aux
fioles à Lille, l'Auberge du Forgeron à Seclin, etc... La prospection a débuté dans le
Nord, d'abord strictement limitée à la restauration. Elle s'étend dans le Pas-de-Calais
et en Belgique, et les promoteurs ont l'ambition de gagner la France à leur idée. Ils
attaquent dès à présent le monde des traiteurs, et pensent déjà à l'hôtellerie.
Mais le résultat, l'objectif réel ?
Christophe Scherpereel, le très jeune chef du Cheval Blanc à Wattignies, un restaurant
créé avec sa mère Madame Duquesne, s'est déjà taillé une réputation enviable dans
la métropole nordiste. Parmi les tous premiers démarchés par l'équipe de Restotel,
Christophe et sa patronne ont pu accéder au portail avec un site complet pour une somme
modique de 1 400 francs. Mais un an plus tard, pas de réservation en vue ! Est-ce un
problème de contenu ? Est-ce un problème de vécu du site ? Le chef avoue ne s'en être
guère préoccupé depuis l'adhésion, en fait l'avoir quasi oublié. A l'inverse,
Philippe Belot, jeune successeur de son père à l'Auberge du Forgeron, qui lui aussi a
payé voici un peu plus d'un an un prix très éloigné du prix catalogue d'aujourd'hui,
estime avoir fait une "très bonne affaire". "J'aurais payé près de 30
000 francs mon site à huit boutons, je les aurais déjà retrouvés et au-delà, avec une
clientèle jamais vue autrement", révèle-t-il. Des cars de Belges, des individuels
qui lui ont d'emblée indiqué l'avoir trouvé grâce à l'internet. Pourtant, la
réservation n'est pas pour lui l'objectif premier. "C'est la recherche de
notoriété, la présence visible grâce au référencement et à l'effet fédérateur
d'un site de masse, ce sont les actions de promotions sur la toile qui comptent
d'abord", indique-t-il. Ensuite, que les clients achètent en ligne ou téléphonent,
peu importe. A l'actif du site, Philippe Belot note les qualités techniques, l'apport
rédactionnel, le soutien au restaurateur pris par le temps par exemple sur l'exécution
de photos. Le principe est bien que le restaurateur client, après avoir payé son entrée
peu sans limitation et de chez lui mette son site à jour (intégrer ses promotions, ses
changements de menu, une offre spéciale séminaire, une animation etc...). Mais il n'en a
pas toujours le temps. Philippe Belot apprécie aussi les opérations d'animation
commerciale, les partenariats noués avec d'autres portails ou médias. Tout ce que l'on
ne peut pas faire seul. Il aime moins les photos, trop petites à son goût mais la
place est limitée et demande à cor et à cri une traduction en anglais.
Jean-Marc Legleye, successeur de ses parents à l'Auberge de la Garenne est allé à
l'internet "parce qu'il ne faut pas être le dernier dans un nouveau moyen de
communication". "C'est d'abord un moyen d'être visible. Il faut être
référencé dans le plus grand nombre de moteurs possible", ajoute-t-il. L'auberge
disposait déjà d'un site monté avec une PME, sans doute plus esthétique que le site
Restotel. Mais moins complet, moins présent sur les moteurs, trop seul. Il demeure, avec
un lien au site logé chez Restotel. Le plus important à terme, c'est le contact
international, la puissance et la facilité du net. "J'ai déjà des contacts de la
sorte", précise Jean-Marc Legleye. "Et quand un client potentiel étranger me
contacte par fax, je lui réponds de consulter le les deux sites, qui lui donneront
très simplement et visuellement les informations". Effectivement, c'est imbattable.
Encore faut-il aller jusqu'à la traduction en anglais. Encore un investissement
supplémentaire. Il faut le répéter. Bien fait, tout cela ne peut pas être gratuit.
A. Simoneau
La question du vrai prixCombien coûte Restotel ? L'abonnement annuel coûte 2 990,00 F Le client
restaurateur a aujourd'hui le choix entre une page standard à 3 990 F hors abonnement,
puis une personnalisation à quatre ou huit boutons vendus de 7 500 à 29 990,00 F La page
standard propose une fenêtre coordonnée, une photo de l'établissement, un zoom photo,
un texte et l'adresse internet type www.restotel.fr/nomdurestaurant. Les quatre boutons
suivants parlent menu, carte, carte des vins, et en revenant au bouton présentation, une
offre plus riche avec notamment la réservation en ligne, le logo, la mise en avant de la
spécialité maison. Les quatre boutons suivants sont remplis à la carte en toute
liberté. Cela payé, le site est entièrement entré à la main la première fois par
l'équipe de Restotel, puis en ligne et sans supplément, le restaurateur peut le faire
vivre. Sans être donnée, à notre avis cette offre est compétitive face à des
propositions en apparence plus alléchantes au début, mais ensuite sources d'incessants
suppléments à chaque problème de maintenance ou d'enrichissement, ou de simple
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L'HÔTELLERIE n° 2705 Hebdo 15 Février 2001