m Jean-François Mesplède
Pour justifier la création
de l'à KGB, les deux associés expliquent : "Tout est parti d'un coup de
foudre." Celui qu'ont éprouvé Pierre Chambon et Thierry Lahon pour les anciens
locaux de la Société Lorraine de Métallurgie, à la frontière du quartier de Gerland
qui ne cesse de séduire les investisseurs !
Les deux compères, déjà associés à Lyon au Jardin rue Royale pendant cinq ans avant
de s'expatrier à Paris et de changer de voie, n'ont pas longtemps hésité lorsqu'ils ont
découvert les lieux : une surface de 900 m2 au sol et une terrasse de 300 m2 dans un coin
calme, où le bruit et le stationnement des véhicules des clients ne devraient pas poser
de problèmes majeurs...
"Nous n'avons conservé que les murs, tout le reste a été réaménagé et nous
avons signé un bail pour les locaux", explique Pierre Chambon qui, avec son
associé, a déboursé 3 MF pour modifier totalement la physionomie du lieu.
Désormais, rue Victor Lagrange, on parle de cercle-souping (lisez club-restaurant)
avec une architecture, une décoration et certaines animations directement inspirées de
l'art, de la communication et du design de l'URSS des années 20 aux années 80 !
Une architecture industrielle
Même si une partie du bâtiment date du siècle dernier, l'ensemble est très
représentatif de l'architecture industrielle des années 50... et les deux propriétaires
ont su tirer parti des structures en fer, des poutres métalliques rivetées, des grandes
verrières et du marbre que l'on trouve dans le hall d'entrée.
Les volumes ont été réinventés et remodelés, les anciens bureaux ont été
transformés en espaces de restauration et d'expositions picturales par David Massot, le
décorateur, imaginant une succession de lounges autour du vaste couloir.
Pour appuyer la tendance du moment, il a joué sur les contrastes entre le minéral et le
végétal : les sols en béton brut et coloré, le plexiglas, le verre ondulé, le
stratifié et le bois pour les soubassements très années 50.
"Depuis deux ans, nous imaginions ce concept sans avoir trouvé le local nous
permettant sa création. Nous avions découvert La Pravda à New York et La Flèche d'Or
dans le XXe arrondissement de Paris... et c'est un peu cet esprit que nous voulions
transposer ici. Nous souhaitons que la clientèle vienne à l'heure de l'apéritif, puisse
dîner dans un coin tranquille, puis danser. L'intensité de l'éclairage - réduit à sa
plus simple expression, fil de fer barbelé et lumière - et de la musique est variable
selon les endroits", explique Pierre Chambon.
Trois bars aux ambiances différentes
Il y a donc le souping, où l'accent est mis sur une cuisine plus "raffinée
et originale" que "classique et roborative", avec la
réalisation des plats du jour confiée au traiteur lyonnais Michéa qui assure les
livraisons quotidiennes avant l'ouverture des portes, les plats étant ensuite mijotés et
valorisés dans l'assiette selon les conseils du chef.
Si l'accent est fatalement mis sur le côté russe de la maison (caviar béluga, osciètre
et sévruga, saumon, poissons fumés, marinés ou salés), la carte offre "un
éventail de saveurs représentatives des tendances métissées et multiculturelles"
des années 2000, avec recettes hexagonales et goûts venus d'ici et d'ailleurs,
accompagnés de bières (dont une bière maison : l'à KGB beer premium, à 18 F le demi)
ou de vins à la bouteille ou au verre. "Nous voulons offrir chaque soir aux
gourmets présents une cuisine de haute qualité sans qu'ils soient freinés par des
contraintes économiques ou budgétaires", affirme Thierry Lahon. Pour l'after
souping, outre le fumoir pour les amateurs de cigares (modules de 10 à 150 F) et le
bar d'accueil, trois bars spécialisés accueilleront les clients : le premier,
"très à KGB", avec vodkas pures, glacées ou givrées, citronnées, au poivre,
au melon ou au miel ; le second avec en vedette cognacs bruns ou blancs dégustés à
l'ancienne ou en long drink, sur glace ou avec un tonic et enfin le troisième pour les
amateurs de whiskies et champagnes...
"Nous voulons également miser sur l'originalité en matière d'animation
musicale, en réinventant la fête chaque semaine. Le cur de cible est la clientèle
de 25-35 ans, sans élitisme et avec le souci de faire se côtoyer le fêtard du samedi
soir et l'aficionado éclairé... Nous proposons chaque soir un ton musical différent :
jazz le mardi, oriental le mercredi, pop-electro-wave le jeudi, musiques nouvelles le
vendredi, club le samedi et BBM (Best Before Monday) le dimanche avec excentricités et
débordements contrôlés, piano-bar et chanteuse sur le modèle du Banana Café de
Paris", dit encore Pierre Chambon qui affirme pour son projet novateur que "si
la cohabitation pub-restaurant existe déjà, ce n'était pas le cas à Lyon... du moins
pas dans cette façon de le traiter". n
|
|
En chiffresCréation |
Vos commentaires : cliquez sur le Forum des Blogs des Experts
L'HÔTELLERIE n° 2660 Magzine 6 Avril 2000