Actualités

Page d'accueil
 Sommaire
du 3 mai 2007
SAGA

Du petit salon thé avec 6 modestes chambres - acheté en 1947 par la grand-mère Élisabeth Mirigay - au chalet-hôtel de charme d'aujourd'hui, les générations se succèdent à la tête de La Marmotte, aux Gêts en Haute-Savoie. Avec le même goût des autres, du travail bien fait et un sens de l'anticipation certain.
Claire Cosson

La Marmotte, une affaire de famille


De gauche à droite Henry, René Alexis et Josette Mirigay : le flambeau passe de génération en génération.


Chaussez les skis et vous êtes au pied des pistes.

Mi-février, 8 heures du matin, à la station des Gêts. Un petit coin de paradis, niché à 1 172 m d'altitude, au coeur du territoire des Portes du Soleil. Contrairement à ce que son nom suggère, La Marmotte est en pleine ébullition. Bien loin d'hiberner. Ce chalet-hôtel de charme est même - disons-le franchement - sur le pied de guerre. Sa trentaine de collaborateurs actuels, aussi. Normal ! La saison d'hiver bat son plein. "À cette époque, il est difficile de recevoir davantage de clients. À moins de pousser les murs", plaisante Josette Mirigay, propriétaire de ce 3 étoiles, avec son frère Henry. Et de poursuivre : "La saison d'hiver dure à peine 4 mois. Mieux vaut donc ne pas se louper."
En l'occurrence, la fameuse période dite 'froide' générant plus 80 % des recettes annuelles de cette exploitation familiale, les enjeux économiques sont indéniablement de taille. D'autant qu'au cours des dernières années, les stations de moyenne altitude paient au prix fort les aléas climatiques. "Voilà des semaines que j'essaie de faire prendre en photo la maison et ses nouvelles installations sous la poudreuse, mais les conditions météorologiques n'ont pas encore été assez favorables jusqu'à présent pour réaliser le reportage", précise au passage Josette Mirigay.
À contempler les vieilles cartes postales jaunies de La Marmotte à ses débuts - 1947 - ensevelie sous des montagnes de neige fraîche, la question de l'or blanc ne se posait visiblement pas autrefois. D'ailleurs lorsque la grand-mère Mirigay, Élizabeth, acquiert - après avoir cédé l'Hôtel du Lac sur les rives du lac Léman - ce petit salon de thé doté de 6 modestes chambres, perdu au milieu des pâturages, ce qui importe, c'est la solidité de la bâtisse. Et son accès, bien sûr.

Père et oncle en cuisine, mère et tante…
Un accès devenu aujourd'hui idéal. La preuve. Ouvrez la porte de La Marmotte et chaussez les skis. Les remontées mécaniques sont à 2 pas en hiver. Si vous vous sentez d'humeur plus pédestre, vous êtes en bordure de prairies bucoliques l'été. Et si d'aventure la frénésie du shopping vous titille, l'hôtel se trouve au centre d'un authentique village savoyard. "Location, location, location", il n'y a que cela de vrai, martelait le célèbre Conrad Hilton. Certes !
En attendant, si le succès rencontré par La Marmotte auprès des vacanciers étrangers et français - un taux d'occupation moyen supérieur à 70 % en hiver, de 40 % en été - ne fléchit pas depuis 60 ans, il y a autre chose caché derrière tout cela. Quelque chose d'immatériel et de tangible à la fois, qui se ressent dès le seuil de cette maison - habillée de bois chaud, meubles de montagne et d'antiques chaussures de ski - franchi : un esprit de famille inimitable. Après l'achat de l'établissement en 1947, les 2 enfants d'Élisabeth - René et sa soeur Joséphine - rejoignent très vite en effet leur mère (veuve). Leur épouse (Marie-Antoinette) et époux (Georges Mathieu) respectif suivent dans la foulée. Rapidement, les rôles se répartissent entre les membres de la tribu Mirigay. Histoire de ne pas se marcher sur les pieds. René - prisonnier de guerre durant 5 longues années - et son beau-frère Georges (pâtissier) prennent en mains les cuisines tandis que Marie-Antoinette assure l'accueil et Joséphine gère les étages. Cette équipe de choc ne ménage pas sa peine. Les idées fusent et les ambitions aussi. Ainsi, un premier agrandissement a lieu en 1953. Puis un second, en 1967, qui s'accompagnera d'une modification de classement. Passé de 30 à 40 chambres, le chalet grimpe de 2 à 3 étoiles.

Membre des Hôtels-Chalets de Tradition
Entre-temps, la famille qui tenait l'été un restaurant au bord du lac Léman, cède l'affaire afin de se consacrer toute l'année à La Marmotte. "Je dois admettre que la saison estivale n'est pas rentable. Cela permet toutefois d'annualiser une partie de nos collaborateurs", avoue l'actuelle maîtresse des lieux. Un élément indispensable pour la bonne marche des entreprises saisonnières. Tout comme l'est d'ailleurs le logement des membres du personnel. Sur cette question, la famille Mirigay n'a rien à se reprocher. Au contraire. L'occasion faisant le larron, elle a racheté une station de service qui, depuis, a été entièrement rénovée en 10 studios dont profitent les collaborateurs.
Reste qu'ouvrir un hôtel de montagne en juillet et août nécessite quelques équipements complémentaires. On n'attrape pas en effet les clients uniquement avec de splendides vues sur le Mont-Blanc. Le clan Mirigay en a toujours eu pleinement conscience. Résultat : il fait construire assez tôt (1972) une vaste piscine de 17 m de long sur 7 m de large. De quoi 'marmotter' ! Chemin faisant d'ailleurs, La Marmotte prend ses aises poussant toujours plus loin les murs. L'équipe familiale s'étoffe, elle aussi. Au fil du temps, les enfants de René - Josette, Noëlle et Henry - viennent de fait grossir les rangs. Et au début des années 1980, Josette et Henry reprennent seuls le flambeau. Tous deux de formation hôtelière, l'école de Besançon pour elle, de Thonon pour lui, ils apportent leur savoir-faire à l'édifice et l'imprègnent de leur personnalité (forte) boostant le chiffre d'affaires au-delà des 2,1 ME.
Jusqu'à offrir, aujourd'hui, une maison cosy à souhait - constituée de 48 chambres douillettes, entièrement décorées de bois blond - membre de la chaîne volontaire Hôtels-Chalets de Tradition et figurant dans le Guide de Charme (éditions Payot & Rivages). Une table généreuse où il fait bon se restaurer le soir après avoir dévalé des kilomètres de pistes ou bien encore dévorer les savoureuses confitures de 'papy' (René) avant de partir tôt le matin pour une randonnée vers les sommets.

Conçu par Martine Mirigay, le spa dispose de 8 cabines de soins, hammam, sauna, pédiluve… Après le sport, le réconfort !

Un splendide spa de 750 m2
Sans oublier une équipe chaleureuse qui travaille ensemble depuis des lustres (cela n'empêche pas la présence d'une pointeuse pour respecter la législation du travail). Chef de cuisine, maître d'hôtel, femme de chambre font en vérité partie de la famille. Et cela se sent ! "Madame Mathieu m'a accueilli dès mon plus jeune âge. Elle m'a tout de suite accordé sa confiance. Melle Josette Mirigay - avec laquelle je découvre tous les jours quelque chose de nouveau - a fait de même. Cette famille donne beaucoup, c'est normal que l'on ait envie de leur renvoyer la pareille", confie Thierry Boulay, un maître d'hôtel unique en son genre dont on conserve - à jamais - le souvenir. Rien de surprenant donc à ce que l'on se sente comme chez soi à La Marmotte ! Néanmoins, le chalet-hôtel regorge encore de bien d'autres atouts. Observant au cours des décennies l'évolution de la demande des touristes vers des besoins de bien-être et de détente, Josette et Henry ne cessent de se remettre en cause. "La montagne française glisse en douceur de l'ère des sports d'hiver à l'aire des loisirs", martèlent le frère et la sÏur. Une nouvelle donne inéluctable qui les a conduits à créer, en premier lieu, un joli centre de remise en forme, transformé depuis en un magnifique spa - baptisé Séréni-Cîmes - de 750 m2, accessible à la clientèle extérieure. Le tout moyennant un investissement avoisinant au minimum 600 000 E.
Cerise sur le gâteau : ce spa - partenaire de 3 grandes marques Décléor, Pevonia Botanica et Thalgo - a été imaginé et est tenu par Martine. Mirigay, bien sûr. La femme d'Henry, qui en connaît un rayon côté beauté/santé. Et pour cause ! Esthéticienne à l'origine, cette dernière a peaufiné ses techniques en Suisse et ailleurs dans le monde.

La famille a acheté les 7 premières actions du golf 18 trous et propose des prix préférentiels à ses clients…

Restaurant d'altitude
Résultat : les soins sont riches et variés. Ce qui ne gâche en outre rien à l'affaire, leur qualité est irréprochable. Dans ces conditions, les 8 cabines du Séréni-Cîmes - dont 1 balnéo, 1 douche à affusion, 1 dry floating bed… son sauna, sa douche sensorielle, son hammam et pédiluve Kneipp - ne désemplissent pas. Au point d'employer 5 personnes, à plein-temps, en hiver, pour satisfaire la demande croissante des clients. "Le spa dégage près de 200 000 E de recettes par an. Cela ne constitue pas encore un centre de profit. Par contre, c'est un produit d'appel extrêmement attractif", avoue Josette Mirigay.
Tout comme le sont les autres offres proposées par La Marmotte. Partenaire du golf 18 trous des Gêts (dont elle a acheté les 7 premières actions), la famille Mirigay propose des prix préférentiels à ses hôtes pour aller 'putter' ainsi que diverses formules de stage. Sur son site internet fort bien ficelé, figurent également des offres VTT et yoga pour l'été. Et d'autres devraient voir le jour dans l'avenir. Parce que le frère et la soeur n'arrêtent pas de s'interroger. Ils réfléchissent en ce moment à l'éventuel lancement d'un practice de golf indoor dans l'attente de pouvoir réaliser une extension de 8 à 10 suites. "Compte tenu des conditions climatiques, nous envisageons aussi de louer l'hiver un minibus pour emmener nos clients vers d'autres domaines skiables", explique Josette.
À l'heure où nous publions cet article, ils ont achevé la saison d'hiver. Mais ils planchent déjà sur la reconstruction d'un restaurant d'altitude (Le Chalet de Turche) qui a brûlé l'an passé. Ajoutons à ce projet l'entretien classique de la maison (230 000 E). Nos 2 chefs d'entreprise n'ont guère le temps de s'ennuyer. La montagne est belle, mais elle se mérite ! La relève le sait ! Élève de Vatel, Alexis, le fils d'Henry, se prépare… Quand à l'une des nièces de la tribu, elle s'éclate sur les bancs de l'Institut Paul Bocuse. Encore une affaire de famille à suivre…
n zzz36v

Article précédent - Article suivant


Vos questions et vos remarques : Rejoignez le Forum des Blogs des Experts

Rechercher un article

L'Hôtellerie Restauration n° 3027 Magazine 3 mai 2007 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

L'Application du journal L'Hôtellerie Restauration
Articles les plus lus...
 1.
 2.
 3.
 4.
 5.
Le journal L'Hôtellerie Restauration

Le magazine L'Hôtellerie Restauration