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	du 3 mai 2007	ÉDITO

INTERNET, DANGER

C'est une histoire vraie qui arrive à un restaurateur dont nous préserverons l'identité pour ne pas rajouter à son désagrément.
Il y a quelques mois, ce jeune chef mu par l'esprit d'entreprise reprend, dans un centre-ville, l'archétype de 'l'institution' tombée en désuétude. Cas fréquent d'un établissement pendant des décennies le haut lieu des rencontres du chef-lieu, ambiance balzacienne, dîners interminables où la lapidation verbale des absents tient lieu de sport national, où les réputations se défont, où les stratégies des politiciens locaux s'échafaudent. Bref, on pense à tout et à rien, sauf… à la qualité de la cuisine. Jusqu'au jour où, fatalement, le verdict de la rumeur l'emporte : l'endroit est infréquentable, le décor ringard, le personnel démotivé et l'assiette immangeable.
Avant, mais c'était il y a très longtemps, la sale réputation héritée de la décadence s'évanouissait avec l'arrivée d'un repreneur qui savait y faire, reconquérir la clientèle et gagner la faveur de nouveaux habitués, en attendant le passage de l'inspecteur du Michelin.
Temps révolus, hélas, avec l'explosion d'internet qui est en train de devenir une foire d'empoigne permanente où tous les coups sont permis.
Ce nouveau Far West serait supportable si quelques règles élémentaires de bonne conduite permettaient au bout du compte aux 'bons' de l'emporter sur les 'méchants'. Comme au bon vieux temps de Gary Cooper qui défendait l'opprimé (chanson connue).
Hélas, trois fois hélas, sur la toile, c'est la loi du n'importe quoi qui est en train de s'installer.
Revenons à notre jeune chef aventureux : pianotant sur son ordinateur un soir de fermeture, quelle ne fut pas sa surprise de tomber sur un site que les 'geeks' appellent 'Web.2', c'est-à-dire où n'importe qui peut sans contrainte raconter n'importe quoi. Y compris si l'on est incapable d'écrire 3 lignes en français. En l'occurrence, la surprise était plutôt franchement désagréable : sur un de ces sites où les internautes sont conviés à donner leur avis sur les restaurants qu'ils fréquentent, son établissement était assailli de critiques plus assassines les unes que les autres, et fort heureusement, si l'on peut dire, datées. Cela rassura notre homme qui constata que depuis son arrivée, il avait eu droit à 2 avis positifs de clients avertis qui avaient constaté le changement. Mais les opinions antérieures restaient bien lisibles sur le site, et le lecteur distrait ne pouvait que faire l'amalgame et donc prendre pour argent comptant ce qui relevait d'un passé révolu. br> S'adressant aux responsables du site concerné, notre chef essaya de convaincre le webmaster qu'il serait loyal de faire disparaître les critiques aujourd'hui obsolètes. Face à un mur d'incompréhension volontaire, il lui fallut s'adjoindre les services d'un avocat et entrer en contentieux contre le site indélicat. À ce jour, il paraît que c'est pas gagné…
L.H.R. zzz80

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L'Hôtellerie Restauration n° 3027 Magazine 3 mai 2007 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE