Régis Marcon, président de l'Umih Haute-Loire, restaurant Régis et Jacques Marcon,
Saint-Bonnet-le-Froid (43)
Nous payons les pots cassés
d'une mauvaise image de nos métiers, et de ce mal français : ceux qui entreprennent,
ceux qui embauchent ne sont pas encouragés. Une baisse de la TVA m'aurait permis
d'augmenter les effectifs de 5 à 6 personnes. Elle aurait été une bouffée d'oxygène
essentiellement pour les petites entreprises en permettant notamment d'améliorer la vie
sociale, de favoriser la formation des professionnels et des jeunes.
P. B. |
Frédéric Caby, responsable de l'Auberge Napoléon, Grenoble (38)
Je n'ai jamais cru à cette
baisse de la TVA. Ce sont des promesses électorales. Si le gouvernement avait voulu faire
quelque chose, il l'aurait passé en force. Pourquoi n'a-t-il même pas proposé de faire
une moyenne de TVA en Europe ? La France est en dépôt de bilan, vous le savez bien. Le
gouvernement préfère continuer à nous ponctionner des milliards d'euros. Il préfère
tenir que courir parce qu'il ne croit pas du tout que la baisse de la TVA puisse créer de
l'emploi et de la richesse. Pessimiste et sans illusion, je ne pense pas que le renvoi au
24 janvier change quoi que ce soit. Mais ce dont je suis certain, c'est que bien des
restaurateurs vont finir par fermer boutique. On étouffe avec toutes ces taxes !
N. R. |
Laurent Balat, Le Provençal, Pont-de-Claix (38)
Il n'y a rien à attendre de l'Europe. Quand bien même l'Allemagne dirait oui, 7 États
membres s'étaient d'emblée opposés à cette réduction. La solution ne passera donc pas
par l'Europe. La France a déjà les moyens de faire tomber la TVA à 15 %. Cela
permettrait aux restaurateurs de sortir la tête de l'eau. La vraie solution est
franco-française. C'est de diminuer les charges.
N.R. |
Michel Lantelme, maire d'Allos, Hôtel-Restaurant du Hameau, Allos (04)
Une fois de plus on nous laisse
espérer. Ce que promettent les politiques reste à l'état de promesse non tenue. La TVA
à 5,5 % mettrait fin à une injustice et une anomalie fiscale. Quand on achète à 5,5 %,
et qu'on revend en appliquant un taux de TVA à 19,6 %, c'est l'État qui empoche la
différence. Nous avons fait de gros efforts de mise aux normes alors que le pouvoir
politique n'est pas capable d'en faire autant.
Il s'abrite derrière les instances européennes alors qu'il pourrait imposer le taux
réduit de TVA au titre de la subsidiarité. Quand on veut, on peut et on fait.
D. F.-N. |
Max, serveur,
La Chiffonnade, Paris
Cela fait plus de 5 ans
que l'on en attend parler de cette baisse, il faudrait qu'on y vienne rapidement
maintenant. D'ailleurs, beaucoup de restaurateurs ne tiennent plus, ils sont à bout,
certains vivent de leurs réserves tandis que d'autres patrons ne touchent même pas leur
paie, et sont contraints de travailler gratuitement, à ce point-là
une TVA à 19,6
%, ça fait vraiment mal, faut pas que ça continue ! Avec la TVA à 5,5 %, le patronat
pourra augmenter les salaires, rajouter du personnel, ça arrange tout le monde.
L.-C. T. |
Jean-Marc Pourcher, président des Toques d'Auvergne
C'est l'Arlésienne de Bizet. Mais je pense que c'est fini
malheureusement. Malgré tout un jour, il y aura forcément une uniformisation de la TVA
en Europe sur la restauration.
P. B. |
Georges Viklovszki, chef au restaurant Georges, Lyon (69)
Moi, j'y crois toujours même si cela fait trop longtemps
que la profession réclame la TVA à 5,5 %. Les responsables politiques nous font languir
alors qu'il y a urgence. Pour ma part, j'attends une baisse de la taxe pour investir dans
des travaux. J'aimerais refaire la salle de mon établissement, les toilettes, le système
de climatisation. Et également embaucher du personnel. Mais tous ces projets sont
conditionnés par un geste du gouvernement. J'espère qu'il arrivera vite.
JBP |
Alain Girard,
président de la section hôtellerie de l'Umih 12
Il faut dire les choses telles
qu'elles sont : on nous prend pour des charlots ! Je suis persuadé que le prochain
rendez-vous débouchera sur la même décision, ou plutôt sur la même absence de
décision. Inutile de se leurrer : on n'a pratiquement aucune chance de fédérer l'Europe
sur cette baisse de la TVA. Mais il ne faut pas pour autant lâcher le morceau. À
présent que nous savons à quoi nous en tenir au niveau européen, il faut que la France
prenne ses responsabilités, et que nous appliquions au niveau national cette promesse
reportée depuis trop longtemps.
Même si les espoirs, une nouvelle fois déçus, me portent plutôt au pessimisme, je
crois donc qu'il faut continuer de se battre, en menant des actions qui fédèrent tous
les départements de l'Hexagone. Évidemment, compte tenu des déficits publics, c'est
encore une décision politique qui sera difficile à prendre, mais les professionnels
doivent rester unis pour faire respecter la parole donnée.
F. M. |
Damien Thuriès, chef du Grand Écuyer, Cordes (81)
C'est évidemment une très
grande déception, car on se dit maintenant qu'on ne verra rien venir avant longtemps.
Pourtant, cette baisse de la TVA n'aurait vraiment pas été superflue, surtout pour un
restaurant comme le nôtre qui se positionne sur une cuisine gastronomique, avec tout le
service qui doit correspondre. Nous avons besoin d'avoir un personnel en nombre, qui soit
qualifié et que nous puissions fidéliser, donc rémunérer à sa juste valeur : c'est
tout ce que pourrait nous permettre
de réaliser la baisse de la TVA, sans fragiliser l'établissement. Il faut croire que nos
représentants politiques ne l'ont pas encore compris. Nous voulons cependant continuer à
y croire, mais sans trop y compter dans l'immédiat. Pour ce qui nous concerne, nous
profitons de la fermeture hivernale pour réaliser des travaux de rénovation. C'est aussi
ce qu'il faut faire comprendre à nos élus : la vie d'un hôtel-restaurant, ce sont des
investissements permanents. Et il nous faut cette baisse de la TVA pour assurer ces
investissements nécessaires.
F. M. zzz22v zzz66f |
Marc Vanhove, copropriétaire de la Brasserie Le Régent, Bordeaux (33)
On
est en train de nous balader. Le 24 janvier, on a 1 chance sur 100 d'obtenir cette TVA à
5,5 %. En fait, le gouvernement se cache derrière Bruxelles pour ne pas honorer ses
promesses. Mais auparavant, il a fait une erreur. En nous accordant une aide compensatoire
sur les Assedic, il a prouvé qu'il pouvait prendre des décisions sans passer par
Bruxelles. La profession a fait l'effort d'accorder la 6e semaine de congés et
2 jours fériés supplémentaires au personnel. C'est énorme. Pour un établissement
comme le nôtre, la charge induite a représenté l'équivalent d'un emploi. Si la TVA
n'est pas accordée, le gouvernement doit au moins prendre 3 mesures compensatoires : un
allégement de 50 % sur le paiement des cotisations de l'Urssaf, l'exonération totale de
la taxe professionnelle et sur les Assedic. Pour mon établissement, la TVA à 5,5 %
signifierait une croissance de 30 % de la masse salariale afin d'élargir la plage
horaires du service. La prochaine échéance, le 24 janvier, permettra de faire tomber les
masques. On verra bien si le président Chirac est un homme de parole.
B. D. |