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du 13 octobre 2005
VIE PROFESSIONNELLE

ENTRAÎNANT LA PARALYSIE ÉCONOMIQUE DE L'ÎLE DE BEAUTÉ

LE NAUFRAGE DE LA SNCM COULE LA DESTINATION CORSE

Corse L'addition est déjà trop lourde pour l'ensemble des acteurs socioprofessionnels de l'île, qui ont débuté la saison touristique 2005 par un conflit social à la SNCM et l'achèvent sur une grève encore plus dure, entraînant de nombreuses annulations et surtout un déficit d'image.


Après trois semaines de conflit social à la SNCM, non seulement du nord au sud de l'île tire-t-on la sonnette d'alarme, mais interpelle-t-on aussi l'État pour que soient rétablies au plus vite les liaisons maritimes avec le continent.

En revenant en septembre dernier de Deauville, les opérateurs qui étaient aux côtés de l'Agence du tourisme de la Corse (ATC), présents à Top Résa, avaient repris des couleurs malgré la morosité ambiante des Français préoccupés par la dégradation de leur pouvoir d'achat et la grève des marins de la SNCM opposés à la privatisation de la compagnie maritime publique.
Considéré par tous comme "un bon cru", le salon 2005 laissait entrevoir de bonnes perspectives, que 2006 bénéficiera d'un calendrier favorable, avec des vacances de Pâques plus tardives et donc mieux adaptées à la destination Corse, et une série de ponts qui, cette année, a fait défaut.
Mais aujourd'hui, ni le lancement de la nouvelle ligne d'édition du tourisme corse ni les partenariats en passe d'être noués avec les responsables de Maison de la France pour mutualiser, notamment en Belgique, les actions de promotion et de communication, ne parviennent à susciter la moindre note d'optimisme.
Après trois semaines de conflit social à la SNCM, non seulement du nord au sud de l'île tire-t-on la sonnette d'alarme, mais interpelle-t-on aussi l'État pour que soient rétablies au plus vite les liaisons maritimes avec le continent. À l'instar de Roland Dominici, président de la Coordination des industries touristiques de la Corse, qui, dans un courrier adressé au préfet de région, demande quelles sont les mesures que l'État compte mettre en oeuvre pour dédommager la profession.  

L'espoir effondré
"La saison touristique 2005 a débuté au mois d'avril par une grève perturbant les transports", rappelle le professionnel, qui exploite à Porto-Vecchio la résidence hôtelière E Casette. "Malgré de nombreuses annulations de TO, nous étions par nos efforts parvenus après un démarrage difficile à redresser la barre, avec les meilleures prévisions depuis longtemps pour l'arrière-saison", poursuit Roland Dominici, soulignant que le mois d'octobre aurait dû "facilement" enregistrer une hausse de 20 % par rapport à l'an dernier.
Dénonçant 20 ans de gestion "catastrophique" de l'État (premier actionnaire de la SNCM), le président du Syndicat des professionnels du tourisme de la Corse confirme que cet espoir est en train de s'effondrer. "Non seulement nous ne pourrons pas pérenniser les emplois, mais au moment où nous commercialisons la saison 2006, la Corse risque de ne pas se relever du déficit d'image qu'engendrent ces crises récurrentes."
Au fur et à mesure que le conflit s'enlise et que s'amenuisent les stocks de matières premières et de denrées périssables, la facture s'alourdit pour l'ensemble des acteurs économiques de l'île qui ne cachent plus leur exaspération. Dimanche, les transporteurs routiers de Corse, contraints d'aller chercher à Ajaccio - le seul port de l'île contrôlé par les autorités - les remorques destinées à la région bastiaise (60 % du fret), ont décidé de cesser le travail, mettant en avant "la fatigue" des chauffeurs et les menaces de chômage technique qui pèsent sur près d'un millier d'emplois.

Sauve-qui-peut
"Si la situation perdure, nous aussi nous allons entrer de façon virulente dans la danse en bloquant l'ensemble des filières économiques de l'île et, si possible, toutes ses institutions", avertit Raymond Ceccaldi. Et le président de la chambre de commerce et d'industrie de Corse-du-Sud d'aligner des chiffres sans appel. L'annulation à Ajaccio de l'escale de 7 bateaux de croisière représente à elle seule une perte de 12 000 touristes et de 120 000 E de recettes, dont plus de 80 % au détriment direct des commerçants, sans compter tous les prestataires privés d'activité. Rien qu'en taxes, le blocus des ports engendre pour les chambres consulaires concessionnaires un manque à gagner d'environ 1 150 à 1 524 E par navire… "C'est le sauve-qui-peut !", s'emporte l'élu, depuis une semaine attaché avec son homologue de Haute-Corse, Jean Femenia, à tenter d'aider les entreprises à affronter leurs difficultés.
"Nous allons suspendre nos charges fiscales et sociales au 15 octobre et évaluer nos pertes", relève Agathe Albertini, présidente du Syndicat des hôteliers de Haute-Corse, qui, parallèlement, envisage de déposer une requête auprès du tribunal administratif de Bastia à l'encontre de l'État et des syndicats. À l'exemple de nombreux établissements, son hôtel-restaurant La Madrague, dont les 17 emplois sont chaque jour un peu plus menacés, accuse avec l'annulation des séminaires une baisse de 50 % de son chiffre d'affaires. Alors que les agences de voyages évaluent déjà, pour l'ensemble de la profession, le déficit à 250 000 E, l'annulation de la 5e édition du Tour de Corse historique, qui, du 11 au 14 octobre, aurait dû accueillir une centaine de véhicules anciens et une caravane de 450 personnes, fait perdre à la région 1 300 nuitées et 80 000 E de recettes pour les restaurateurs.  
Dominique Faux
zzz70

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L'Hôtellerie Restauration n° 2946 Hebdo 13 octobre 2005 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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