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du 15 septembre 2005
L'ÉVÉNEMENT

FORT D'UN BILAN HONORABLE

JEAN-MARC ESPALIOUX PART LA TÊTE HAUTE

Le président du directoire de Accor a réussi à sauver les apparences. Au plus tard dans 4 mois, il aura passé les rênes à son successeur. Le suspense demeure quant au nom de l'heureux élu. Gilles Pélisson, p.-d.g. de Bouygues Télécom, figure toujours dans la short liste.


Encerclé d'une meute de photographes, Jean-Marc Espalioux lance : "Je suis très photogénique et très charismatique."

L'exercice était difficile. D'autant que tout le monde ou presque l'attendait au tournant. Y compris les photographes qui, telle une véritable meute, se sont rués sur lui dès son entrée dans le salon Magnolia du Sofitel Le Parc à Paris. Lui, c'est Jean-Marc Espalioux bien sûr, l'actuel président du directoire du groupe Accor. L'annonce du non-renouvellement de son mandat à la tête de l'entreprise ayant fait la une de nombreux de journaux au début de l'été, l'intéressé avait tout lieu d'appréhender un peu la rencontre programmée avec la presse à l'occasion de la présentation des comptes du 1er semestre 2005. Et ce, même si ces derniers résultats s'avèrent plus que flatteurs (lire page 04), accréditant la stratégie qu'il mène depuis 1997.
Malgré certaines questions pas 'vraiment gentilles', notamment concernant ses indemnités de départ, l'homme s'en est pourtant assez bien sorti. Mieux. Il a fait preuve d'un sens de l'humour dont on ne pouvait imaginer jusqu'alors l'existence. Assailli par les flashes des photographes, Jean-Marc Espalioux, affichant un large sourire, a ainsi lancé à la salle : "Jamais je n'ai été autant photographié. Il est vrai que je suis très photogénique et très charismatique." Une allusion aux reproches évoqués dans différents articles concernant son "déficit d'image" et son manque de "charisme".
Interrogé par ailleurs sur les raisons de son éviction, l'ancien énarque a sauvé les apparences rappelant tout d'abord les propos laconiques d'un communiqué remis pour la circonstance aux journalistes. "Le conseil de surveillance de Accor, dans la perspective de l'échéance au 15 janvier 2006 du mandat du directoire, a estimé qu'il convenait de mettre en place une relève au sein de l'équipe actuelle de direction, en vue de conduire une nouvelle phase de développement du groupe", explique en substance ledit document.

1 000 hôtels supplémentaires à l'horizon 2009
Et de poursuivre : "Jean-Marc Espalioux, qui a indiqué qu'il ne demandait pas le renouvellement de son mandat, est associé à ce processus." Comprenez tout simplement que personne n'a sommé le président du directoire de passer la main. Il n'est pas candidat à sa succession. Une sortie honorable qui permet à Jean-Marc Espalioux de garder la tête haute et de déclarer, s'agissant de son départ : "D'une certaine façon, mon départ est un non-événement ! Il est normal que l'on envisage une troisième phase pour Accor. Tout le monde le souhaite."
Qualifiant son action de "deuxième phase", après celle des coprésidents Gérard Pélisson et Paul Dubrule, "deux hommes exceptionnels", l'actuel président du directoire a également indiqué qu'il "piloterait le navire" jusqu'au 15 janvier 2006. Tout en précisant au passage que bien que la décision finale revienne au conseil de surveillance, il n'excluait pas de "donner son avis" sur son successeur.
Un successeur auquel il estime laisser un "groupe qui va bien". Les performances chiffrées étayent d'ailleurs ces propos. Tout comme les différentes politiques engagées sur le long terme. À commencer par la stratégie immobilière qui vise à céder les actifs non rentables et à vendre les murs des hôtels avec maintien des contrats de management suivant les segments ou location variable. Vient ensuite la montée en puissance de la chaîne Sofitel qui, ayant réussi son repositionnement sur le haut de gamme, collectionne aujourd'hui les récompenses.
Notons également le dynamisme des activités de services - véritable planche à billets du n° 1 de l'hôtellerie européenne - dont l'avenir apparaît très prometteur. Sans oublier un vaste programme de développement hôtelier. "Accor a franchi le cap des 4 000 hôtels en juin 2005 et prévoit d'ouvrir près de 200 unités sur l'ensemble de l'année", a
affirmé Jean-Marc Espalioux. L'objectif final étant de 1 000 établissements supplémentaires à l'horizon 2009.
Il n'empêche que l'heureux élu - dont le nom devrait être révélé d'ici à début d'octobre - aura tout de même du pain sur la planche. En effet, de l'avis de certains professionnels du secteur, Accor a impérativement besoin de davantage de visibilité médiatique quant à sa stratégie, et de "retrouver un esprit créatif et visionnaire". "Véritable amortisseur de crise, l'hôtellerie économique réalise aujourd'hui encore de bons résultats. Il faut cependant rapidement régler le problème de Formule 1 qui a pris un sérieux coup de vieux. Quant à Ibis, à quand une évolution du produit ? Et les clefs de la ville de Mercure ?…", ironise un expert souhaitant garder l'anonymat. Autre dossier sur lequel devra rapidement s'exprimer le nouveau venu : l'hôtellerie de loisirs et le Club Med. Sans oublier l'organisation interne de l'entreprise qui semble souffrir d'une pénurie de quadras "d'envergure", ou bien peut-être ne leur a-t-on pas donné la possibilité d'exprimer pleinement leur talent. Au dire de plusieurs franchisés, la mise en place d'une politique marketing innovante des marques hôtelières paraît en outre indispensable.


Jean-Marc Espalioux laisse les comptes de Accor en ordre.

Quel successeur ?
De quoi envisager de joyeuses soirées. D'autant qu'il faudra aussi dorénavant compter avec la présence musclée des fonds de pension - comme Colony Capital - qui gagnent beaucoup d'argent en faisant tourner très vite les actifs. En clair, Accor s'apprête à tourner une nouvelle page de son histoire. "Page qui ne se tournera qu'à une seule condition : que les hommes et les femmes de terrain suivent. Pour ce faire, mieux vaudra les responsabiliser et leur redonner le goût d'entreprendre", commente un observateur.
Un challenge qui requiert pas mal de qualités. Depuis le 29 juillet, le cabinet Russel Reynolds a pour mission de dénicher l'homme idéal. Alors qu'une short liste a été établie, Gille Pélisson figure parmi les favoris. N'en déplaise aux bonnes règles de gouvernance. Âgé de 48 ans, ce diplômé de l'Essec et de Harward "bénéficie d'une légitimité indiscutable auprès des équipes opérationnelles de Accor. Et pas seulement parce qu'il est le neveu de Gérard", confie un proche du dossier. Et pour cause. L'homme a fait ses classes au sein du groupe, y passant plusieurs années. D'abord directeur du marketing des restaurants Seafood Broiler, puis senior-vice-président pour la zone Asie-Pacifique, Gilles Pélisson a par la suite dirigé Courtepaille avant de coprésider aux côtés de Philippe Brizon l'enseigne Novotel. Il rejoint Euro Disney dès 1995 dont il devient le p.-d.g. 2 ans plus tard. En 2000, il intègre le groupe Suez. Enfin, il prend les rênes de Bouygues Télécom en septembre 2001. Un parcours pas inintéressant question connaissance du secteur touristique, de l'international et de la mécanique financière.
Claire Cosson zzz36v

Quand la presse se déchaîne

Depuis le début du mois, "l'affaire Espalioux" a fait couler beaucoup d'encre. La presse s'est déchaînée.Un florilège des titres les plus frappants.

Résultats du 1er semestre 2005 : Accor affiche un large sourire

Jamais satisfaits, les marchés financiers ont été déçus après l'annonce des pronostics de Jean-Marc Espalioux concernant le résultat courant avant impôt du groupe Accor pour l'exercice 2005.
Selon les prévisions du président du directoire, ce dernier devrait pourtant afficher une progression de 15 à 20 % sur l'année atteignant entre 590 et 610 ME. Quant au résultat net, la hausse devrait avoisiner les 30 % à 300 ME. Des chiffres qui démontrent bien que l'on marche aujourd'hui sur la tête ! D'autant que ces prévisions s'établissent à partir du 1er semestre 2005, qui, dans le détail, est assez encourageant. D'ordinaire, l'activité du n° 1 de l'hôtellerie européenne s'avère toujours moins importante durant les 6 premiers mois de l'année. Avec une croissance du résultat courant avant impôt de 22,80 % (230 ME) à fin juin, accompagnée d'une augmentation de 7,60 % du résultat brut d'exploitation (RBE), l'horizon annuel s'annonce indiscutablement prometteur.

Même si - il faut bien l'admettre - la plus-value dégagée par la cession de 128 murs d'hôtels (109 ME) en France à la Foncière des Murs a largement contribué à gonfler les profits de Accor sur le 1er semestre. "Depuis le début 2005, nous avons constaté une reprise de l'activité dans tous les secteurs", a expliqué, enthousiaste, Jean-Marc Espalioux. À commencer par l'hôtellerie dont le chiffre d'affaires a grimpé de 6,80 % (5 % à périmètre comparable) à 3,643 ME. Concrètement, le haut et milieu de gamme (Sofitel, Novotel, Mercure) ont repris du poil de la bête avec un RBE en hausse de 5 % et une marge en amélioration de 0,6 point. En France par exemple, le taux d'occupation s'est établi à 60,90 %* sur ce segment, tandis que le prix moyen augmentait de 4,80 % à 101 E.

Hôtellerie économique : RevPar par pays à fin juin 2005

Pays Taux d’occupation Prix moyen

RevPar

  En % Var pts En E Var en % En E Var en % publié P.C.C.
France 73,30 % - 0,5 43 + 4,60 % 31 + 3,80 %
Allemagne 68,20 % + 0,2 51 + 0,50 % 35 + 0,80 %
Pays-Bas 71,10 % - 2,1 69 + 1,50 % 49 - 1,40 %
Belgique 73,60 % + 1,8 61 - 1,20 % 45 + 1,30 %
Espagne 71,80 % - 0,9 48 + 5,90 % 35 + 4,60 %
Italie 57,90 % + 4,5 74 - 10,60 % 43 - 3,00 %
Royaume-Uni (£) 74,50 % + 1,30 % 48 + 4,70 % 36 + 6,60 %
États-Unis ($) 64,90 % + 1,30 % 43 + 3,60 % 28 + 5,80 %
* Performances des filiales uniquement à périmètre comparable

Hausse sensible du chiffre d'affaires du pôle services
Du côté de l'hôtellerie économique en Europe (Ibis, Etap Hotel, Formule 1), la tendance a continué de rester bien orientée puisque le RBE a crû de 6 % à données constantes. Le tout engendrant une hausse de la marge de 0,5 point à 34 %. À noter toutefois que cette branche a "bénéficié d'une revalorisation généralisée des prix". Outre-Atlantique, les enseignes Red Roof et Motel 6 ont, elles aussi, bien tiré leur épingle du jeu. En dépit d'une hausse des coûts d'énergie et d'un rattrapage salarial, les recettes ont ainsi augmenté de 4,8 % à base similaire alors que le RBE grimpait de 4,5 %. Poursuivant son développement en Europe et sur les marchés porteurs en Amérique latine, les services ont - comme à leur habitude - réalisé d'excellents scores. En 6 mois, le chiffre d'affaires s'est amélioré de 14,40 % en données publiées à 239 ME. Et le RBE a progressé de 15 % entraînant une amélioration de la marge d'exploitation de 0,8 point. Autre résultat intéressant : la bonne santé des agences de voyages. La reprise du tourisme international associée à celle du voyage d'affaires, et les effets positifs des synergies issues de l'acquisition de Protravel en France et Maritz aux États-Unis ont entraîné un bond en avant de 40 % du RBE de ce pôle. Autant d'éléments qui incitent à un certain optimisme.
De surcroît, les revenus par chambre disponible (RevPar) ont eux aussi évolué favorablement durant les mois d'été. L'indicateur-clé de la profession a ainsi augmenté (en cumul) de 1 % pour le haut et le milieu de gamme sur le Vieux Continent, de 2,8 % pour l'hôtellerie économique européenne
et de 4,8 % pour les chaînes Red Roof et Motel 6 aux États-Unis. Sans oublier une hausse sensible (+ 14,50 %) des recettes générées par les services sur juillet et août.
C. Cosson zzz36v

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L'Hôtellerie Restauration n° 2942 Hebdo 15 septembre 2005 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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