du 28 juillet 2005 |
UNE JOURNÉE AVEC |
À L'HÔTEL ÉDOUARD VII
UN BAGAGISTE-CHASSEUR QUI SE SURPASSE
Christophe Dubrulle est bagagiste-chasseur à l'Hôtel Édouard VII depuis 2 ans, un 4 étoiles situé à Paris (IIe). Son métier : faciliter l'arrivée, le séjour et le départ des clients. Un travail, dont les missions sont bien plus variées qu'on ne l'imagine, et où les contacts humains sont primordiaux. Reportage.
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6
h 45
Baskets dernier cri, jean fashion,
cheveux noirs parfaitement gominés, Christophe Dubrulle dévale d'un pas décidé
l'avenue de l'Opéra. Direction : les vestiaires de l'Hôtel Édouard VII. Ce samedi-là,
comme à chaque fois qu'il prend son service, ce bagagiste-chasseur de 28 ans, troque ses
vêtements de tous les jours pour arborer fièrement son uniforme de travail : un
impeccable costume trois pièces gris anthracite, agrémenté d'une cravate noire sur une
chemise blanche.
7
heures
La journée de travail démarre. Son
terrain : le hall d'entrée de l'hôtel, élégante salle en rotonde aux tons rouge-beige.
Christophe commence par traquer saleté et autres poussières. Le service est rôdé.
"À mon arrivée, je passe un rapide coup de balai, je vide les cendriers, je
secoue les tapis, explique-t-il d'une voix posée. Tout doit être impeccable avant
le réveil des clients."
Ses responsabilités,
c'est aussi : À l'arrivée d'un client Accueil à sa descente de voiture ou à l'entrée de l'hôtel ; porter ses bagages depuis le véhicule jusqu'à sa chambre, qu'il est chargé de lui faire visiter ; si, besoin, l'accompagner garer sa voiture au parking le plus proche. Au départ d'un client Tout au long de la journée |
8
h 15
"Bip ! Bip ! Bip !"
Une camionnette blanche klaxonne nerveusement. En un éclair, Christophe accourt sur le
parvis marbré de l'hôtel. "L'arrivée de la presse internationale, lance-t-il
en signant hâtivement le bon de livraison. Je lis souvent les journaux, car suivre
l'actualité permet de créer des liens avec les clients et de les renseigner sur ce qu'il
y a à faire par ici. S'ils veulent en savoir plus, je les oriente vers le concierge."
9
heures
Pas le temps de souffler. Un taxi se
gare devant l'hôtel. La démarche assurée, Christophe accueille un couple de Belges à
leur descente de voiture. Le sourire aux lèvres, il ouvre la portière, puis décharge le
coffre en à peine 20 secondes. 5 minutes plus tard, ceux-ci sont déjà installés dans
leur chambre, prêts à profiter du séjour. En accueillant ainsi une centaine de clients,
le jeune homme porte en moyenne 150 bagages par jour. Un travail qui nécessite une grande
résistance physique.
10
h 30
"We need a taxi",
s'écrient la plupart des clients qui finissent à peine leur petit-déjeuner. Son
téléphone portable vissé à la main droite, la gauche servant à éponger la sueur qui
perle sur son front, il ne lui faut que quelques minutes pour satisfaire les plus
pressés. Réactivité et débrouillardise : deux qualités indispensables au
bagagiste-chasseur.
11
h 15
Première accalmie de la matinée
pour Christophe, qui en profite pour prendre un café. "C'est vrai que c'est un
boulot speed, confie-t-il. Je travaille du jeudi au dimanche, en horaires
décalés. Soit en journée, soit en soirée. Mais en contrepartie, on a une totale
liberté de mouvement, et on n'est pas derrière un bureau. En plus, comme l'hôtel est à
taille humaine (N.D.L.R. : 69 chambres), ça me permet d'être très polyvalent."
13
heures
Toujours prêt à donner un coup de
main, Christophe n'hésite pas à outrepasser ses fonctions : une commande en terrasse
par-ci, une recherche sur internet pour un passant égaré par-là
Sa devise : en
faire toujours plus. Son dynamisme hors pair et ses petits services lui valent d'ailleurs
d'être souvent récompensé : "En général, un bagagiste gagne aux alentours de
1 500 E mensuels. Mais si vous faites le compte des pourboires à la fin du mois
(entre 1 000 et 1 500 E), il est tout à fait possible de doubler son salaire de
base !"
Rétrospective Avant ce poste Christophe Dubrulle a été : À 24 ans Standardiste, portier, puis voiturier à l'hôtel Sofitel Rive Gauche 4 étoiles (Paris XIVe) À 22 ans Serveur banquet et privé (service militaire) à la Maison du ministre de la Défense (Paris VIIe) À 21 ans Chef de rang à la brasserie Les Chefs de France aux États-Unis (Floride) À 19 ans Serveur à l'hôtel Peninsula (4 étoiles) en Grande-Bretagne À 18 ans Titulaire d'un CAP et d'un BEP hôtellerie-restauration |
14
h 45
Après une pause déjeuner d'une
heure, Christophe ne sait plus où donner de la tête. Un client âgé l'attend pour qu'il
l'accompagne récupérer son véhicule garé dans le parking Saint-Honoré. Voiturier : un
métier qu'il a déjà exercé par le passé, tout comme portier, standardiste,
serveur
En effet, il a déjà connu différentes expériences professionnelles en
France, comme à l'étranger. Des voyages qui lui ont permis de parfaitement maîtriser la
langue anglaise.
16
h 30
Les demandes se succèdent.
Concentré, Christophe passe plusieurs coups de fil : "J'essaie de réserver deux
minivans pour un groupe d'Américains qui désire se rendre à l'aéroport."
Autre vertu d'un bagagiste : savoir se forger un carnet d'adresses en béton.
18
h 30
En trombe, Christophe court
récupérer un costume chez un grand couturier pour l'un de ses clients. Livraison de
fleurs, retrait de billets de spectacle, achat de médicaments
Le chasseur doit
effectuer, dans des délais souvent réduits au minimum, toutes sortes de courses à
l'extérieur de l'hôtel. L'anecdote la plus folle à ce sujet ? "Trouver 100
roses rouges dans la demi-heure. Le hic, c'est qu'il était minuit !"
20
h 15
Retour au vestiaire. Christophe
tombe le costume. Ambitieux, le jeune homme espère "devenir un jour directeur
d'hôtel à l'étranger". S'il continue à ce rythme, le rêve pourrait bien
devenir réalité. zzz18p
Mylène Sacksick
Hôtel
Édouard VII
39 avenue de l'Opéra
75002 Paris
Tél. : 01 42 61 56 90
L'avis
de Laurent Cautru, chef réceptionniste à l'Hôtel Édouard VII
Chargé de faciliter l'arrivée, le
départ et le séjour des clients, le bagagiste-chasseur est un électron libre. Il doit
toujours avoir l'oeil sur la clientèle pour détecter et satisfaire ses moindres désirs.
Aucune formation particulière n'est exigée, mais il faut posséder une multitude de
qualités : un sens inébranlable du service, une grande résistance physique, ainsi
qu'une aptitude à l'organisation et à la rigueur, et le sens des initiatives. L'anglais
est impératif, la maîtrise d'une autre langue étrangère est un plus. Ce métier est
une belle porte d'entrée pour évoluer dans les divers métiers de l'hôtellerie.
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n° 2935 Hebdo 28 juillet 2005 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE