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du 9 juin 2005
ÉDITO

La limousine de Chicago

Le temps a passé, les présidents et les gouvernements se sont succédé, les quais du Rhône ont été bétonnés, le TGV a fait de Paris la banlieue de la 'capitale des gueules', l'OL a détrôné l'OM de l'Olympe footballistique, mais lui, il n'a pas bougé, fier de ses certitudes ancrées dans cette terre lyonnaise vouée depuis toujours à l'art culinaire. Lui, bien sûr, c'est Paul Bocuse, 'Paul' pour tous ceux qui se réclament de sa gloire, même si parfois… Mais enfin, Paul est un seigneur, un vrai, et il ne s'offusque jamais de ces amitiés fugitives et intéressées, tant il a pu éprouver les vanités insondables et les mesquineries les moins glorieuses. Depuis 40 ans, et c'est bien le moins de fêter un tel anniversaire, le restaurant de Collonges arbore ses 3 étoiles Michelin avec la régularité dans l'excellence que bien peu sont capables d'atteindre. Oh ! les critiques n'ont pas manqué à l'égard de Paul Bocuse qui fut soupçonné de connivence avec les inspecteurs du Guide Rouge (comme si ces messieurs de l'avenue de Breteuil avaient l'habitude de copiner avec les restaurateurs), Paul à qui certains reprochèrent ses voyages, ses incursions dans le monde du marketing, ses prises de position frappées au coin du bon sens. Souvenons-nous d'une réplique à l'un de ces critiques qui ne juraient que par ce qu'on appelait alors la 'nouvelle cuisine' : "Mon cher, il n'y a que deux cuisines : la bonne et l'autre." Tout était dit.

Paul Bocuse incarne depuis près d'un demi-siècle un métier qu'il a sorti de l'obscurité, voire du mépris dont il était l'objet. Si tant de cuisiniers jouissent aujourd'hui de la faveur des médias, c'est à Paul Bocuse qu'ils le doivent, même si certains l'oublient parfois. Si les 'étoilés' du Michelin sont de nos jours adulés plus que de raison parfois, ils le doivent à M. Paul, à sa présence dans les médias, à sa notoriété quasi planétaire.

Et puis, il serait injuste de ne pas rendre hommage au plus remarquable découvreur de talents, promoteur des jeunes qu'il sut lancer dans ce métier difficile de la cuisine. De Chicago à la Floride, aux 4 points cardinaux de Lyon à Paris et ailleurs, beaucoup lui doivent leur formation, leur carrière et leur réussite. Sans oublier les promotions de l'Institut Paul Bocuse en partenariat avec un autre Lyonnais célèbre de la profession, Gérard Pélisson, et le plus prestigieux, le plus international des prix culinaires, le Bocuse d'or, bien sûr. Comme vous pourrez lire tout ou presque sur Paul Bocuse dans les pages suivantes de ce numéro, juste une minuscule anecdote : descendant de l'avion à Chicago pour présider la finale régionale du fameux Bocuse d'or, le maître de Collonges s'engouffra dans une de ces stretch limo que les Américains adorent, immatriculée pour la circonstance… 'Chef Bocuse' par ses amis de la capitale du Middle West. Mieux qu'un ministre, M. Paul.
L. H. zzz80

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L'Hôtellerie Restauration n° 2928 Hebdo 9 juin 2005 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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