Récusant toute
volonté protectionniste LE
SYNHORCAT POUR 'UNE BANQUE' DES LICENCES
Dans L'Hôtellerie Restauration du 17 mars, le sondage www.lhotellerie.fr portait sur la libéralisation des licences IV. Sujet épineux.
À la question "Êtes-vous favorable à la création de nouvelles licences
IV ?", 64 % des sondés ont répondu oui, contre 23 % non et 13 % sans
opinion.
Hervé Dijols et Robert Henry, du Synhorcat, travaillent à la révision du Code des
débits de boissons et s'inquiètent que le principe de libéralisation des licences IV
puisse l'emporter dans l'esprit des professionnels. Entretien croisé.
Propos recueillis par Sylvie Soubes
Hervé Dijols et Robert Henry
travaillent
à la révision du Code des débits de boissons.
L'Hôtellerie Restauration : Les résultats de ce sondage s'inscrivent aussi
dans l'esprit du rapport qui a été remis l'an dernier à Bercy et qui soulève le
problème du protectionnisme dans le secteur.
Hervé Dijols : On irait à l'encontre de ce que l'on nous crie aux oreilles. On ne peut
pas d'un côté vouloir combattre 'l'alcoolisme juvénile ou excessif' et en même temps
libérer le créneau. On nous demande actuellement de mettre en place un permis
d'exploitation qui cernerait l'ensemble de nos responsabilités. Quel intérêt aurait-il
si on libérait les licences ? Je sais que nous sommes confrontés à pas mal de
contresens : nous avons demandé, par exemple, que ce permis soit obligatoire pour les
gérants des grandes surfaces, eh bien cela nous a été refusé, alors qu'on sait
parfaitement que c'est là que se vend l'essentiel des volumes d'alcool.
Robert Henry : Il y a un autre argument. La disparition des licences empêche
prétendument le développement de la profession. Or, beaucoup disparaissent faute de
rentabilité. Nous ne sommes pas du tout protectionnistes. Cela fait des années que nous
réclamons que l'administration reprenne toutes les licences tombées en désuétude pour
les remettre en circulation. Nous déplorons la disparition des licences et demandons
qu'elles puissent continuer d'exercer. On ne peut pas prétendre dépenser des millions
pour limiter les ventes d'alcool et laisser se multiplier de manière anarchique les
points de vente d'alcool à consommer sur place. Nous exerçons notre métier au travers
d'un code, nous sommes très contrôlés par l'administration, et je regrette de voir
aujourd'hui que des sandwicheries avec une licence I vendent de l'alcool
C'est
malheureux, mais c'est la réalité. Aux États-Unis, la prohibition a entraîné le
développement de la clandestinité et des produits frelatés. Ne tombons pas dans les
excès, quels qu'ils soient.
La disparition des licences IV reste pourtant un sujet
de préoccupation pour la profession.
Hervé Dijols : Il
y a 2 ans, une commission a été créée pour la révision du Code des débits de
boissons, intégré au Code de la santé publique. Les 4 syndicats patronaux nationaux ont
participé aux discussions avec une position commune face aux ministères de la Santé et
du Tourisme. Nous avons étudié tous les articles un par un et nous avons demandé à
faire évoluer certaines choses devenues caduques. Lorsque nous en sommes arrivés à
l'article concernant les licences, et devant leur disparition, nous avons émis l'idée
d'une banque des licences. Or, il manquait aux débats la présence du ministère de
l'Intérieur
et le principe est resté au point mort. Le principe, contrairement à
ce qui est dit, n'est pas un frein à l'emploi.
Les choses bougent-elles quand même en faveur du
secteur ?
Hervé Dijols :
Comme vient de le rappeler Robert Henry, libérer les licences favoriserait de manière
anarchique les développements des points de vente. Lors de cette commission, nous avions
aussi soulevé le problème de la vente
d'alcool aux mineurs : c'est interdit, or
nous n'avons aucun moyen de contrôler l'âge des consommateurs. À l'instar des
buralistes, nous devrions très prochainement obtenir la possibilité de vérifier si la
personne est en âge ou non de pouvoir consommer de l'alcool dans nos établissements. Le
Synhorcat est favorable à cette mesure.
Le prix des licences IV est-il selon vous un frein
pour les entrepreneurs ?
Robert Henry : Si
l'on doit mettre une fourchette, je la situerai allant de 3 000 à 30 000 E. Mais le prix
de la licence est un faux problème. Il y a quelques années, le délai de vie d'une
licence qui n'est pas en activité est passé à 3 ans, ce qui a permis de conserver un
certain nombre de licences. Dans les villages, on en trouve, et très souvent, ce sont les
municipalités qui les rachètent. Dans les villes, où elles se négocient plus chères,
leur prix est insignifiant par rapport aux travaux que représente l'installation d'un
café. Ce qui renforce notre désir que l'administration s'adjuge la gestion de la banque
des licences et permette la mise sur le marché de licences à coût 'normal'-
régulé, si vous préférez.
On parle de réunir les licences III et IV pour n'en
faire qu'une. Qu'en pensez-vous ?
Hervé Dijols :
Cela pourrait ouvrir le réservoir, mais de manière peu significative selon moi. Tenir un
café est un métier difficile, qu'on ne vienne pas nous lancer que les jeunes ne peuvent
pas s'installer parce que le principe est protectionniste. Mettons le cas de Paris à
part. Ailleurs, le souci,
c'est bien de trouver quelqu'un pour reprendre nos établissements.
Robert Henry : Ceux qui prennent une licence IV investissent énormément. Nos cafés,
nos brasseries ont servi de modèle dans le monde entier. Grâce à ces licences, elles
avaient une pérennité. Si on retire aux gens la sécurité d'exercer, pourquoi
investiraient-ils ? zzz74v |