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du 17 mars 2005
JOURNÉE DE LA FEMME

VASTE CHANTIER POUR LA PROFESSION

LES FEMMES GAGNENT DOUCEMENT DU TERRAIN

La place des femmes dans l'hôtellerie et la restauration ? L'accession aux postes-clés ? Il faut oser et s'imposer sans agressivité. Un conseil de femmes aux autres femmes.


"Les femmes doivent conquérir les postes de décision et les bastions masculins", déclare Léon Bertrand, entouré de Cathy Kopp et d'Élizabeth de Rozières.

La Journée de la femme, chacun aimerait la voir disparaître, parce que cela signifierait enfin qu'il n'y en a plus besoin. Or, que ce soit l'accession aux postes à responsabilités ou côté salaire, la parité hommes/femmes est loin d'être respectée. Qu'en est-il dans le tourisme ? Quelle est la place des femmes ? Le 8 mars dernier, Léon Bertrand, ministre délégué au Tourisme, a rempli l'amphi Louis Liard de la Sorbonne à Paris, en organisant une rencontre sur ce thème. Pour en savoir plus, il avait convié 8 femmes qui occupent des postes-clés, des pionnières : Véronique Brizon, directrice de la FNCDT, Sabine Freese, chef concierge de l'Hôtel Meurice, Cathy Kopp, directeur général des ressources humaines d'Accor, Michelle Laget-Herbaut, présidente du Snav Île-de-France, Annette Masson, présidente de Tourisme et Handicaps, Élizabeth de Rozières, chef de La Table de Babette à Poissy (78), Maria Outters, directeur innovation de Pierre & Vacances, et Marianne Delhomme, chef sommelier à L'Angle du Faubourg à Paris. Dans l'assistance, de nombreux étudiants. Le CFA des Métiers de la table, du tourisme et de l'hôtellerie (EPMTTH), Ferrandi, Stephanson, Jean Drouant, l'Irest et Paris III-Sorbonne Nouvelle étaient partenaires de cette manifestation.


"C'est bien moi le chef sommelier" : une formule que Marianne Delhomme, du restaurant L'Angle du Faubourg à Paris, a dû répéter maintes fois.

Du chemin à parcourir
"Les femmes doivent conquérir les postes de décision et les bastions masculins", a déclaré Léon Bertrand. Dans l'assemblée, il fait l'unanimité. Dans les faits, au quotidien, comment cela se passe-t-il pour celles qui ont accédé à ces responsabilités? Les témoignages ne laissent aucun doute : il y a encore du chemin à faire.
"C'est bien moi le chef sommelier, une formule que Marianne Delhomme a dû répéter inlassablement. Au début, les clients étaient étonnés de voir une jeune femme à ce poste. Alors j'ai décidé de porter la grappe. Maintenant, la clientèle me connaît, ça va mieux." Le chef sommelier de L'Angle du Faubourg explique qu'en tant que femme, il faut parfois se mettre un peu en avant pour qu'on ne vous oublie pas.
Expérience très proche évoquée par Sabine Freese, directeur de la loge de l'Hôtel Meurice à Paris. À la réception, elle entend souvent cette question : "Je
voudrais parler avec le responsable." C'est bien elle qui dirige une équipe de 35 personnes (concierges, bagagistes, voituriers, chasseurs…). D'ailleurs, elle admet que "certains collègues ont eu un peu de mal à s'adapter". Elle parle également de la "petite révolution" que le Meurice a souhaité provoquer en cherchant avant tout une femme pour ce poste.
Directeur général des ressources humaines du groupe Accor, Cathy Kopp donne quelques chiffres : 50 % des salariés du groupe sont des femmes, 40 % des cadres sont des femmes, 25 % des directeurs d'hôtels du groupe en France sont des femmes et 25 % en Europe. La bonne nouvelle ? Selon une enquête toute récente, il n'y aurait pas de disparités salariales entre hommes et femmes travaillant pour le groupe à formation et compétences égales. "J'encourage les femmes à entrer dans les métiers du tourisme, insiste Cathy Kopp. On peut très bien travailler et avoir une vie de famille. Oui, je pense qu'on ne fait pas assez pour aider les femmes avec des enfants en bas âge, mais on peut le faire. Il ne faut pas hésiter à s'affirmer, mais sans agressivité. La féminité, il faut en user sans en abuser."
Élizabeth de Rozières, 'chef Babette', fait partager son optimisme : "C'est une question d'organisation. On trouve le temps de s'occuper de son entreprise, de ses employés, de son mari, de ses enfants." Elle reconnaît qu'être une femme en cuisine n'a pas toujours été facile. "Il faut s'imposer ! Je suis aussi dure qu'un chef homme en cuisine, c'est ma passion. Je suis chef de cuisine !", le tout dans un sourire.

Le statut de conjoint-collaborateur doit avancer
On notera l'intervention très remarquée de Danièle Deleval, président de l'Umih 59, qui a 'sommé' le ministre de prendre date, et de s'engager à faire avancer le statut de conjoint-collaborateur dans les CHR. "Seulement 6 % des femmes ont un statut de conjoint-collaborateur aujourd'hui dans nos métiers. Donnons-nous un objectif pour le 8 mars 2006 ! Au moins 20 % !", annonce Dany Deleval. "C'est pas à pas que nous trouvons des solutions", répond Léon Bertrand. Et d'ajouter : "Je m'engage à ce que le prochain chantier que nous allons ouvrir soit celui-là." Il va même jusqu'à évoquer des "propositions concrètes" pour ce rendez-vous sollicité par Danièle Deleval. Il y a fort à parier qu'il ne sera pas oublié par toutes celles qui espèrent voir leur situation évoluer.
Nadine Lemoine zzz70 zzz54m

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L'Hôtellerie Restauration n° 2916 Hebdo 17 mars 2005 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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