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du 11 octobre 2007
L'ÉVÉNEMENT

RASSURÉS PAR UN DISPOSITIF DE SÉCURITÉ DE GRANDE ENVERGURE

Les touristes de retour sur la Côte d'Azur

Nice (06) La signature d'une convention en 2004 a été le point de départ d'une mobilisation générale entre pouvoirs publics, police, gendarmerie et professionnels des CHR, afin de lutter contres les agressions de touristes dans la région. Trois ans après, le bilan est positif et la fréquentation redémarre.


Jean-Charles Geray sous préfet de Nice Montagne.

Georges Gasperini, commissaire divisionnaire.

Michel Tshann, président du Syndicat des hôteliers Nice-Côte d'Azur.

La région Provence-Alpes-Côte d'Azur accueille tous les ans 10 millions de visiteurs pour 62 millions de nuitées. 2e région touristique de France, c'est aussi celle qui reçoit le plus grand nombre de touristes de séjours, attirés par la beauté des sites et le climat privilégié. Mais ce privilège a une contrepartie. Depuis quelques années se sont multipliées les agressions à répétition contre les touristes. Pas moins de 3 000 vols à la portière étaient recensés chaque année entre 2000 et 2003. La signature d'une convention le 4 octobre 2004 entre le préfet, le président du conseil général, le président de l'Umih et le président de la CCI, intitulée "Pour le codéveloppement des industries touristiques et de la sécurité publique", devait être le point de départ d'une mobilisation générale pour éradiquer les agressions permanentes contre les touristes, en réinstallant la confiance, permettant ainsi d'augmenter la fréquentation, élément-clé de l'économie locale.
L'arrivée en novembre 2004 d'un nouveau sous-préfet, Jean-Charles Geray devait donner l'impulsion qu'il fallait. "J'ai présenté une méthode pour en faire un vrai projet", affirme-t-il. Et ça marche. Au fil des réunions "15 officiellement, mais en réalité trois fois plus si l'on compte le nombre de réunions off", déclare Christian Roussel, directeur du syndicat des hôteliers Nice-Côte d'Azur et directeur de l'Umih 06, les partenaires sont chaque fois plus nombreux : police nationale, gendarmerie, mais aussi la société Nice Escota, le comité régional de tourisme (CRT)... Pour que 'la mayonnaise prenne', Jean-Charles Geray s'est imposé de rédiger les comptes-rendus des réunions dans les 24 heures après leur tenue et de les envoyer par voie électronique à tous les partenaires. "C'était impératif pour que chacun se sente concerné et c'était une façon de créer une mémoire de ce projet, de lui donner les moyens de survivre". En sa qualité de représentant de l'État, les portes lui sont ouvertes et le comité technique fonctionne.

Des affichettes distribuées dans 800 hôtels et 3 000 restaurants
La convention prévoyait autant de travailler sur la prévention que sur l'assistance aux victimes. Des opérations de 'formation-prévention' sont lancées. Avec le concours de la CCI, des 'flyers' ainsi que des affichettes sont distribués dans tous les hôtels et les restaurants. Le texte du dépliant est rédigé par le groupe de travail, son contenu marketing est confié aux bons soins du CRT que dirige Dominique Charpentier. Ces documents sont apposés dans tous les moyens de transport (aéroport, gares…) ainsi que sur les autoroutes. Un partenariat a même été passé avec Nice Escota pour déposer les documents dans la nouvelle Maison d'accueil qui va être installée sur la Promenade des Anglais. "Désormais les hôteliers niçois de toute la région n'hésitent plus à parler de sécurité. Ils savent que l'information et la prévention sont incontournables dans un univers où tout se sait et où l'on joue perpétuellement la transparence, confie Michel Tschann, président du syndicat hôtelier Nice-Côte d'Azur. Nous préférons aborder le sujet radicalement. Ça ne sert à rien de se voiler la face. Les quelques 800 hôtels du départements, toutes catégories confondues, et les 2 à 3 000 restaurants se sont sentis impliqués et ont apposé l'affichette et ses 10 recommandations bien en vue des clients."

La police nationale s'investit
Par ailleurs, des actions précises portant sur l'assistance aux victimes sont menées. La police nationale s'investit sous la houlette de Georges Gasperini, commissaire divisionnaire. "Nous étions face à trois types de problématiques : le barrage de la langue par rapport aux touristes, le besoin d'être en contact permanent avec les hôteliers, et enfin, l'obligation d'assurer la sécurité des touristes en adoptant une conduite répressive contre les vols à la portière."
Le chef de la police recense dans un premier temps tous les fonctionnaires parlant au moins deux langues, surtout l'italien et l'anglais, installe dans tous les commissariats des bornes informatiques multilingues (au minimum 4 langues) qui permettent aux touristes de déposer leur plainte, et fait appel à une société de traduction pour aider ceux qui parlent une langue moins usitée dans la région, comme le coréen le chinois, ou le russe. Il installe dans les 6 circonscriptions du département un 'référent police', personne ressource que les hôtels peuvent appeler à tout moment alors que de leur coté les hôteliers nomment en parallèle un 'facilitateur'. Enfin, il met en place une brigade d'intervention dédiée à ce type de délinquance, dotée du meilleur équipement technologique possible et il propose également d'aménager les voies de circulation afin de limiter les arrêts des véhicules de touristes dans des zones sensibles. Les résultats sont spectaculaires : en 2006, les vols ont baissé de 72 % et on assiste enfin au retour des Italiens, première victimes puisque venant en voiture, alors que leur fréquentation avait baissé de 30 % dans la région.

Des partenaires fortement engagés
Si le côté positif du projet réside d'abord dans les résultats obtenus, il est également exemplaire sur le plan de l'engagement de tous les partenaires. En tant qu'animateur, Jean-Charles Geray a su "mettre en lumière toutes les actions en leur donnant puissante et cohérence", mais l'aspect non moins exemplaire est certainement celui de communiquer sur le thème de la sécurité sans a priori ni réticence. "Pour Madame Léao, hôtelière, c'est une formidable opération de prévention qui a permis de créer des partenariats entre tous les acteurs. Police, gendarmerie, hôteliers, institutionnels, nous avons tous collaboré ensemble et appris à nous connaître", confirme par Monsieur Le Ven, l'un des quatre initiateurs de la convention. Les hôteliers, premiers concernés, s'engagent même à proposer des 'hébergements occasionnels' aux victimes en cas de besoin.
Enfin, au-delà du projet, c'est l'engagement de tous les acteurs de la vie économique locale qui est exemplaire : "C'est du gagnant-gagnant, précise Jean-Charles Geray, car assurer la sécurité, et la tranquillité, c'est d'abord jouer la carte de l'attractivité de la région." Car le problème de sécurité des touristes est d'abord un problème économique. L'industrie touristique représente en effet 5 milliards d'euros de dépenses par les visiteurs chaque année (source CRT/Observatoire Riviera Côte d'Azur) dans la région.
Ce problème n'est toutefois pas spécifique à cette région. D'autres ont mené des actions dans ce sens. En revanche, aucune ne lui a donné ce retentissement et cette dynamique de projet où tous les acteurs se sont sentis reconnus et solidaires : syndicat des hôteliers, CCI, CRT, mairie de Nice, police nationale, gendarmerie, sans oublier l'État. Et de surcroît avec des résultats incontournables. Un bon exemple de solidarité territoriale. zzz70

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L'Hôtellerie Restauration n° 3050 Hebdo 11 octobre 2007 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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