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du 13 octobre 2005
VIE PROFESSIONNELLE

ALORS QUE LA VILLE CROYAIT À NOUVEAU EN L'AVENIR

MARSEILLE S'ENFONCE DANS LES GRÈVES

Paralysie du port autonome, grève des transports, débordements en tout genre : la cité phocéenne s'enfonce dans les conflits sociaux. L'économie est touchée et les professionnels de l'hôtellerie-restauration sont très inquiets pour l'avenir.


Georges Antoun, vice-président tourisme à la CCIMP : "Quand le port tousse, la ville s'enrhume."

Marseille venait de se refaire une bonne réputation. Jacques Pfister, président de la CCIMP, voulait secouer la ville et la faire entrer au top 20 des grandes métropoles européennes. L'effet TGV et Coupe du Monde de Football (1998) attiraient enfin les touristes séduits par le cadre et l'ambiance. Les croisiéristes jetaient l'ancre dans un port où les installations avaient été rénovées de fond en comble. Bref, à l'exception d'une saleté récurrente, d'une insécurité, Marseille croyait en son avenir. Les enseignes de luxe avaient tendance à quitter Aix-en-Provence, l'éternelle rivale, pour s'installer en centre-ville. Les chantiers des nouveaux hôtels étaient en cours. Le conflit de la SNCM, avec blocage du port par les employés, a mis le feu aux poudres. Pire : il se conjugue avec une longue grève du bus et du métro. "Il ne manque plus que la grève des poubelles", commentait amèrement un professionnel. Depuis, si Marseille fait la une de la presse, ce n'est pas pour la bonne cause. On se croirait revenu à la période noire du conflit des dockers. Selon le pointage réalisé par l'UPE 13 (Medef local) vendredi dernier, le blocage du port frapperait 3 500 entreprises. Les pertes ont été estimées à 125 ME de chiffres d'affaires, 1 000 personnes seraient en chômage partiel et 2 000 emplois pourraient être supprimés définitivement. "Quand le port tousse, c'est toute la ville qui s'enrhume", commente Georges Antoun, vice-président tourisme à la CCIMP.


Alain Paulin, responsable de l'Hôtel Hermès :
"La disparition des croisiéristes."

21 000 croisiéristes détournés
En dehors des croisières, le port aurait perdu 81 000 passagers. Quant aux bateaux de croisière, ils ont été détournés vers Toulon ou Saint-Tropez. Cela représente une perte sèche de 21 000 personnes qui ne débarquent ou n'embarquent plus ici, et ne font plus leurs emplettes dans les magasins, cafés et restaurants du centre-ville. Christian Buffa, patron du Miramar, observe : "Le samedi midi, mon chiffre d'affaires a été divisé par deux, les croisiéristes ne venant plus manger la bouillabaisse. Quant aux autres jours de la semaine, c'est difficile. Avec la grève des transports, les Marseillais ne viennent plus déjeuner et tous les restaurants du Vieux Port sont touchés." Alain Paulin (Hôtel Hermès) qui recevait quelques croisiéristes avant leur embarquement à Marseille constate quelques annulations. "C'était un petit plus qui disparaît."


Loïc Fauchille, directeur général du Sofitel Vieux Port : "Les touristes ont fui la ville."

Au Sofitel Vieux Port, Loïc Fauchille, directeur général, est catastrophé : "Je n'ai jamais eu aussi peu de réservations pour la semaine. La clientèle d'affaires qui travaillait en relation avec l'activité portuaire ne vient plus. Quant aux touristes de loisirs, ils fuient une ville en proie à de graves conflits et paralysée par la grève des transports en commun." Sans vouloir avancer de chiffres, Georges Antoun (New Hotels) s'estime "touché par la diminution de la clientèle d'affaires".

Organiser les transports pour le personnel
Au Sofitel Palm Beach, quelque peu éloigné du port, Domenico Basciano, directeur général, ne ressent pas la baisse d'activité. Mais, il a dû s'organiser pour permettre au personnel de venir travailler, en dépit de la grève des transports. Au menu : covoiturage et taxis. "Il nous faut 15 femmes de chambre pour remettre à blanc nos 160 chambres. Si 5 d'entre elles ne peuvent pas venir, on peut perdre 50 chambres, soit le tiers du CA de la journée." Idem au Rhul (10 % de CA en moins au restaurant, le samedi midi) où Alexandre et Anne-Marie Galligani payent le taxi au personnel et aménagent les horaires pour regrouper les transports. "Ce sont des frais en plus", remarque Anne-Marie Galligani.


Domenico Basciano, président des hôtels de chaîne à la FIH 13 : "Pas de baisse d'activité."


Pierre Alfonsi, président général de la FIF 13 : "Il est inadmissible qu'une poignée de gens bloque une ville."

Une image ternie
À l'office de tourisme et des congrès, Maxime Tissot, directeur, est très inquiet pour le prochain congrès national des avocats (3 000 personnes attendues du 20 au 22 octobre).
Si, à court terme, les pertes de chiffre d'affaires sont réelles, bien que "difficiles à mesurer pour le moment", le climat est au pessimisme chez les professionnels quant à l'avenir. Pour Maxime Tissot, "l'image de Marseille est ternie. Cela ruine des années de promotion. Combien de temps nous faudra-t-il pour changer cette image de destination peu fiable. On espère que les croisiéristes ne vont pas partir de Marseille". Même discours chez Domenico Basciano, président des hôtels de chaîne à la FIH 13 : "En termes de notoriété, c'est très mauvais. On risque de perdre des pans entiers de clientèle d'affaires." Pour Loïc Fauchille, "on était sur de bons rails. On ne mesure pas encore les conséquences à moyen et long terme. C'est cela le plus grave". Pour Pierre Alfonsi, président général de la FIF 13, "l'image de Marseille est laminée. C'est la seule ville d'Europe à subir de telles crises. Le destin de Marseille est étroitement lié au Port. Quand on y touche, c'est toute l'activité économique qui souffre". Il ajoute : "Il est inadmissible qu'une poignée de gens bloque une ville et empêche les entreprises de travailler. Je demande que le droit soit respecté."
Dominique Fonsèque-Nathan
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L'Hôtellerie Restauration n° 2946 Hebdo 13 octobre 2005 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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