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Succès et difficultés

Comment le Château d'Esclimont fidélise son personnel

Esprit d'équipe et respect de chacun

Située à 60 km de Paris, l'ancienne demeure des La Rochefoucauld fait un tabac auprès des clients. Mieux encore ! Elle séduit aussi bon nombre de collaborateurs. La recette de cette 'dream team' ? Le respect de chacun...

Claire Cosson

"Je mets simplement dans ma conduite de chaque jour une attention particulière à les comprendre tous"

"Vraiment, vous avez réussi à faire tout ça de chez vous ?" Pierre Traversac, p.-d.g. des Grandes Etapes Françaises (GEF), a du mal à prendre pour argent comptant le récit de Stéphane Jitiaux, directeur général de l'un de ses plus beaux fleurons, le Château d'Esclimont (27). Est-ce le pays des songes ? La séquence d'un vieux film ou bien encore une véritable bande dessinée vivante ? Il faut reconnaître qu'il est difficile d'imaginer un dîner champêtre, organisé au pied d'un platane centenaire auquel est accroché un lustre électrique en cristal. Des convives, absorbés par le spectacle d'un feu d'artifice tiré d'une montgolfière sous laquelle pend un cheval grandeur nature. Animal qui, une fois le sabot posé à terre, lance au triple galop un divertissement équestre. Le tout exécuté par une petite équipe de 76 personnes.
"Pourtant, à cœur vaillant, rien n'est impossible !", lance Olivier Voarick, ancien bras droit de Stéphane Jitiaux, aujourd'hui directeur du Château de l'Ile, en se remémorant la scène. Et d'ajouter : "Il n'y a pas de limites à la réalisation professionnelle avec cet homme-là. Il adore les challenges et est capable de monter des opérations d'exception aussi bien pour 2 couverts que pour 2 000. Le pire, c'est que tout le monde le suit !" Comme il l'a inscrit sur son écran d'ordinateur, ce père de quatre enfants s'est en effet fixé une ligne de conduite : "Pourquoi se contenter d'être bon, quand se surpasser est un plaisir ?"
Voilà en effet 4 ans que Stéphane Jitiaux réalise un travail passionné et inventif au sein de ce qui fut jadis la résidence des La Rochefoucauld. Avec d'autant plus de brio qu'en dépit des charmes cachés de cette demeure du XVIe siècle (les charges d'entretien annuel pour la maintenance du site s'élèvent à 330 000 e), le Château d'Esclimont n'en demeure pas moins situé au milieu de nulle part, proche certes de Paris, mais à 6 km du premier commerce.  

Moral au beau fixe
N'empêche que les amoureux se disputent le lieu pour y célébrer leur mariage. Le nombre de ces derniers a bondi de 48 % en 2002, alors qu'il enregistrait déjà une progression de 25 % au terme de l'exercice précédent. Sont également accrocs à ce lieu de très nombreuses sociétés et organisateurs de séminaire (+ 20 % en prévision en 2003). Sans oublier les fans de soirées musicales, les pêcheurs amateurs, les golfeurs... L'engouement est réel. A tel point qu'Esclimont est devenu le second pourvoyeur de fonds du groupe familial français. Le chiffre d'affaires de la propriété a grimpé de 20 % environ depuis 1999 pour atteindre les 5,80 Me en 2002. "L'objectif est maintenant de dépasser les 7 Me l'an prochain", chuchote le directeur général. Côté ratios, Esclimont a de quoi également faire pâlir d'envie certains concurrents : cave inférieur à 22 %, bar 19,86 %, nourriture 29,02 %. Quant au moral des troupes, il semble toujours au beau fixe. Alors, comment expliquer ces résultats ? Plusieurs facteurs bien sûr. D'abord, le fait qu'il y ait un manager compétent et créatif aux commandes de ce domaine de 60 hectares en la personne de Stéphane Jitiaux. Diplômé de l'école hôtelière de Paris et de la Sorbonne (en gestion), ce dernier sait de quoi il parle, ayant évolué à la fois chez des indépendants (Grand Hôtel Littré 4 étoiles, restaurants Le Merisier et Germain à Paris...) et dans de grandes entreprises (Latitudes, Société de Gestion et Commercialisation Hôtelière Guadeloupe et Martinique...).
N'hésitant jamais par ailleurs à retrousser ses manches, cette fine 'gueule' se caractérise aussi par une énergie et une imagination débordantes. "Il y a un petit brin de folie chez lui qui permet d'entreprendre tout plein de choses inédites", confie Olivier Voarick. Création de forfaits thématiques golf, zoo de félins, pêche, brochure mariage, partenariat avec des palaces parisiens..., tout y passe ! Y compris le développement d'outils de gestion performants (cardex clients, système de fiches de fonction séminaire...), dont certains ont été étendus à l'ensemble de la chaîne. Autre bon capital de départ pour ce site, l'appui de la maison mère, notamment en termes commercial et financier.

Esclimont est le château qui affiche le record de poses d'hélicoptères en 1 an.

Un turn-over diminué de moitié
Enfin, un esprit d'équipe comme il est rare d'en croiser dans la profession. Ici, le turn-over a diminué de moitié en moins de 3 ans. "Faire naître chez les jeunes qui cherchent leur voie le sentiment de s'élever en professionnalisant le service n'est pourtant pas gagné d'avance", confie Stéphane Jitiaux. Tout comme de les retenir dans la région. Qu'à cela ne tienne ! Les collaborateurs paraissent bel et bien sincèrement attachés à cette maison. Pourquoi ? Parce que Stéphane Jitiaux considère que la qualité de son équipe est la clé du succès. Et pour s'en assurer, il développe des méthodes de recrutement et de management plutôt originales dans l'univers de l'hôtellerie. Ainsi, plus que des pros du secteur, l'entreprise embauche parfois des jeunes venant d'autres cercles culturels. "Ils apportent un regard différent sur nos métiers, et nous permettent d'envisager des solutions que nos œillères professionnelles nous empêchaient même d'entrevoir", argue le directeur général d'Esclimont.
Stéphane Jitiaux n'hésite pas non plus à rechercher l'adhésion de ses collaborateurs en leur confiant rapidement des responsabilités et en leur ouvrant des perspectives de carrière. D'ailleurs, sa plus belle récompense, comme il le dit souvent, est de voir évoluer les membres de son personnel, soit au sein du groupe, soit à l'extérieur. "Il sait en effet détecter les potentialités de chacun", précise Johnny, sommelier à Esclimont.
Ce fut le cas notamment pour l'un des night-audits. Passionné d'informatique, le garçon en question a été récemment nommé responsable de la maintenance informatique au siège des GEF. Ou bien encore, cet autre chef de rang, qui, au bout de 2 ans, a accédé au poste de second maître d'hôtel à Esclimont, et assure maintenant les fonctions de responsable de salle au Château de Gilly en Bourgogne.
Les exemples de ce type sont pléthore. Reste que, pour découvrir tous ces talents, il faut sérieusement s'investir en matière de ressources humaines. Voilà un point sur lequel Stéphane Jitiaux ne transige pas. Son credo consiste, d'une part, à "toujours laisser les portes de mon bureau ouvertes". Et d'autre part, vivre en contact direct avec les hommes et les femmes qui l'entourent. Il déjeune et dîne ainsi au réfectoire. Mieux encore, il dort de temps en temps au logement du personnel, voire parfois pratique des activités sportives avec quelques-uns. Le Château d'Esclimont ayant constitué une équipe de rugby.
"Il faut savoir briser la glace et trouver des occasions de relâcher la pression. Année après année, cela permet de renforcer le sentiment d'appartenance à l'entreprise", commente Stéphane Jitiaux. 

"S'impliquer dans la communication interne, c'est aussi être à l'écoute"

Cours de golf offerts au personnel
A l'évidence, ce dernier soigne ses salariés. Anniversaires, cadeaux pour les événements heureux, prix négociés pour les entrées de cinéma, possibilité de suivre des cours de golf aux frais de la princesse..., rien n'est laissé au hasard afin de conserver ses collaborateurs à Esclimont. Le directeur général va même jusqu'à organiser au moins 4 soirées par an. "Une soirée d'entreprise sert à découvrir ceux qu'on côtoie tous les jours sans véritablement les connaître", indique Stéphane Jitiaux. Et de poursuivre : "C'est de mon devoir de m'impliquer auprès des équipes."
Implication qui ne se borne pas au domaine des loisirs. Le patron d'Esclimont joue en effet aussi la confiance en termes de communication. "S'impliquer dans la communication interne, c'est aussi être à l'écoute", avoue-t-il sans détour. Informés de la situation financière de l'entreprise et de ses projets, les collaborateurs prennent d'autant mieux conscience de leur rôle dans la bonne marche de l'affaire. On sait où l'on va et comment on doit y aller ! Sachant que chacun participe concrètement à la vie de la société. "Pour l'organisation des 20 ans du château, le positionnement des buffets et la chronologie des animations sont, par exemple, le fruit de réflexions issues de nouveaux venus", note le directeur général. La concertation et le respect des uns et des autres, voilà comment Esclimont mène sa barque. Elle avance plutôt bien... n zzz36i zzz18

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L'Hôtellerie n° 2794 Magazine 7 Novembre 2002 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE