De nationalité française, Nathalie Scialom a su se faire adopter rapidement par les Anglais tant et si bien qu'elle resta sept ans chez nos voisins anglo-saxons, avant de revenir en France comparer les différentes techniques de travail.
Après avoir suivi une formation classique (Bac B et BTS hôtelier à Médéric), Nathalie Scialom a commencé à travailler dans la restauration au sein du groupe Hilton à Paris où elle réalise ses premiers pas en tant que serveuse, au sein du restaurant de l'hôtel parisien La Terrasse. Six mois plus tard, le groupe lui offre la possibilité de travailler dans divers services de l'hôtel, lui permettant de découvrir les multiples facettes de ce type d'établissement.
«Au bout d'un an, je suis tombée dans une période de remise en question quant à mon avenir, se souvient-elle. Allais-je rester et persister dans le métier de l'hôtellerie et de la restauration? Question à laquelle je restais sans réponse. A ce moment-là, l'hôtel Concorde-Lafayette me convoque à un entretien et me propose un poste dans le secteur de l'hébergement. Seulement, le fait de ne pas parler l'anglais me sanctionne. Ce jour-là, ma décision est prise. Le meilleur moyen de devenir parfaitement bilingue est d'aller séjourner quelque temps dans le pays.»
Nathalie Scialom débarque à Londres en avril 1984 et trouve une situation chez Inter-Continental où elle grimpera les échelons de la hiérarchie les uns après les autres, tant et si bien qu'on lui laissera la place de manager d'un des restaurants de l'hôtel, une «coffeehouse», qu'elle gérera au mieux pendant un an et demi. Parallèlement à sa vie professionnelle, Nathalie suit des cours d'anglais et passe des diplômes qui lui permettent de partir faire une session d'été à Cornell University aux Etats-Unis.
Cinq années s'écoulent au bout desquelles Nathalie pense retourner en France. Mais on lui propose de s'occuper d'une petite affaire de restauration française au Nord de Londres, à Highgate très exactement. Le restaurant, «The Village Bistro», appartient à quelqu'un dont le souhait est de laisser la gestion de l'endroit à un professionnel. «Une expérience fantastique, explique Nathalie Scialom, étant donné que j'ai appris à gérer une affaire sans avoir les soucis que peut connaître un propriétaire. D'autant plus positive que j'ai réalisé au cours de ces deux années expérimentales que je n'aimerais pas être un jour propriétaire.»
Privilégier sa vie professionnelle
Cette fois-ci, après ses sept années passées en Angleterre, Nathalie rentre en France au moment où Disney ouvre les portes de son parc d'attractions à Marne-la-Vallée. Heureuse coïncidence pour Nathalie qui est embauchée comme directrice adjointe d'un des restaurants du parc «Le Blue Lagoon». Très vite, elle s'occupe d'un autre restaurant du parc, L'Auberge de Cendrillon. Au total, Nathalie Scialom aura passé dix-huit mois très fructueux chez Disney.
Après cette expérience franco-américaine réalisée en France, Nathalie entend parler de deux places disponibles à l'Inter-Continental et au Hilton de Londres, ayant pour objet le management des restaurants. Parallèlement, un des chefs cuisiniers, avec qui elle avait travaillé auparavant à l'Inter, lui apprend qu'un nouveau restaurant a ouvert en plein coeur de la capitale et qu'il s'agit d'une importante unité. A ce moment-là, le restaurant en question, répondant au nom de «Quaglino's», recherchait un manager. Nathalie tenta sa chance et fut acceptée. «Les six premiers mois ont été très durs, souligne-t-elle, car je me suis retrouvée reléguée au rang de serveuse. Au bout de six mois, une première sélection au sein des managers, nous étions huit, a été faite. Il ne restait plus que le directeur du restaurant et trois assistants dont je faisais partie. Six nouveaux mois se sont écoulés au bout desquels le responsable m'a demandé si j'étais capable de prendre en charge le restaurant et le bar. Ce que j'ai accepté sans hésiter. Puis, au fur et à mesure, les deux autres managers avec qui je travaillais sont partis et je me suis retrouvée seule face à la gestion d'un restaurant et d'un bar employant 140 personnes. Un vrai challenge !»
Aujourd'hui, Nathalie dirige depuis trois ans l'une des créations de Sir Conran. «Je m'occupe de tout, explique-t-elle, de la gestion des équipes, de la formation, du recrutement, etc. Et si j'ai été choisie en tant que femme pour ce poste, c'est avant toute chose pour avoir fait preuve d'ambition, de disponibilité et de compétence ; une fois sachant cela, je pense avoir été choisie parce qu'une femme est sans doute plus à l'écoute de son équipe, ainsi qu'à celle des clients du fait qu'une femme a plus de métier dans les relations publiques. Par ailleurs, ce poste demande les qualités d'une maîtresse de maison, plus souvent développées chez la femme que chez l'homme. Je ne cache pas le fait d'avoir privilégié ma vie professionnelle à ma vie privée. Mais ça, c'est un choix délibéré, déterminé lorsque j'ai accepté de travailler dans la restauration.» A méditer pour toutes celles qui auraient envie de suivre le même chemin que Nathalie ! *
Voir carnet d'adresses p. 114
«Je ne cache pas le fait d'avoir privilégié
ma vie professionnelle à ma vie privée, souligne Nathalie Scialom. Mais ça, c'est un choix délibéré, déterminé lorsque j'ai accepté de travailler
dans le milieu de la restauration.»
L'HÔTELLERIE n° 2477 Magazine 3 Octobre 1996
Podcasts
