Actualités

Vie professionnelle
________________

Grenoble

Fin de crise à l'office de tourisme

Depuis plus de dix ans, l'OT de Grenoble est continûment secoué par des crises. Devenu en 1997 un EPIC (Etablissement public d'intérêt commercial), la municipalité croyait enfin connaître le bout du tunnel en recrutant comme directeur un professionnel avéré, Dominique Roffet. Il part au bout d'un an.

C'est assez dire combien le directeur qui vient d'être recruté par le nouveau conseil d'administration après un appel à candidatures en bonne et due forme a de quoi faire. Apparemment, le panier de crabes dans lequel Emmanuel Briant met les pieds ne lui fait pas peur. Grenoblois d'origine, d'abord cadre dynamique dans de grandes entreprises industrielles et commerciales, il a su gérer l'office de tourisme de Villard-de-Lans qui, outre ses fonctions habituelles d'accueil, englobe plusieurs espaces de loisirs ainsi que le centre aquatique dont il a spectaculairement réduit le déficit.

Au rez-de-chaussée de la Maison du tourisme, cogérée par le conseil général, dans le cœur historique de la cité, l'office de tourisme occupe de larges locaux auxquels sont associés d'autres services : billetterie de spectacles, de transports en commun, guichets d'associations sportives et même de la SNCF et de La Poste. Or, depuis des années, le climat est détestable : grèves à répétition pendant les vacances scolaires - un comble et une exception en France ! - trois directeurs et directrices remerciés, personnel entièrement renouvelé, horaires peu compatibles avec ceux de la clientèle, incidents, fâcheries, querelles de personnes, etc... Les maires successifs, Alain Carignon et Michel Destot, en ont eu par-dessus la tête, alors que leurs municipalités assuraient l'essentiel d'un (maigre) budget pour une agglomération de 500 000 âmes : bon an, mal an, trois millions.

Exit l'association 1901

D'où, après d'interminables jérémiades et palinodies, la décision de mettre un terme à une association 1901 obsolète qui, à force de multiples modifications de statuts était complètement verrouillée, d'où la création d'un EPIC associant des professionnels au sens large (agences de voyages et de location, autocaristes, chambres consulaires, école hôtelière internationale, hôteliers-restaurateurs, World Trade Center, etc...) mais avec également des élus de la ville qui sont les principaux bailleurs de fonds.

A deux ans des élections, l'actuelle municipalité dite de gauche plurielle mais néanmoins fort divisée ne peut se permettre un nouvel échec face à la grogne grandissante des professionnels déplorant une absence de politique touristique cohérente et la volonté d'attirer des congrès d'affaires en y mettant le prix et en modernisant les installations.

Certes des travaux longtemps promis ont été engagés pour rendre plus accueillant un palais des congrès délabré et surtout excentré même s'il est proche du palais des expositions Alpexpo édifié au moment des Jeux olympiques d'hiver 1968.

Lancement du bureau des congrès

Parallèlement, et c'est un bon point pour Emmanuel Briant dès sa prise de fonction en juin, le bureau des congrès tant attendu après des péripéties clochemerlesques est enfin lancé. Un local situé juste à côté de l'office de tourisme a été loué et une professionnelle recrutée, Marylène Brun, laquelle a déjà occupé un poste semblable à Lyon. Ce bureau des congrès devrait être opérationnel dès septembre, le temps de mettre en place la logistique et les outils correspondants.

Comme pour les actions de l'office, le bureau aura une politique claire et réaliste : d'abord un inventaire de l'offre avec des propositions consensuelles, puis une stratégie commerciale non moins précise et cohérente.

Le club grenoblois des hôteliers de congrès qui englobait les établissements "utilisables" de l'agglomération, avec charte à l'appui, et dont la CCI avait obtenu la formation il y a cinq ans mais qui n'a jamais fonctionné, sera probablement refondu. Le Syndicat CHR de l'Isère (FNIH) à la présidence duquel vient d'être réélu Pierre Cochet envisage en effet d'admettre enfin les hôtels de chaîne, sans la participation desquels il est évidemment impossible de mettre sur pied une prospection et une commercialisation rationnelles et d'accueillir des congrès d'une certaine échelle.

Financements insuffisants

Reste maintenant à financer toutes ces actions de l'EPIC dans une agglomération présentant un vice majeur : le chef-lieu Grenoble, avec 200 000 habitants, n'est pas majoritaire dans une communauté de communes de 500 000 habitants à cent lieues d'un district urbain efficace.

Alain Pilaud, conseiller municipal grenoblois délégué au Tourisme, a toutefois officiellement formulé deux demandes auprès de la "Métro" (nom donné à la communauté) : une participation au budget du bureau des congrès et une participation à la mise en place d'une carte d'hôtes pour l'ensemble de l'agglomération comme cela a déjà été fait dans le Vercors et la Chartreuse.

Reste qu'actuellement la subvention de Grenoble avec 4 MF sur un budget de 8 MF, après deux augmentations de 800 000 F, ne correspond ni à l'ampleur de la réputation et des possibilités du Grand Grenoble et de la tâche actuelle, ni aux projets et aux stratégies élaborées.

200 000 "flyers"

Une dynamique semble avoir été lancée et lors de sa première conférence de presse le 1er juillet, Emmanuel Briant a démontré qu'un nouveau cap avait été pris. Il a rencontré les commerçants, les hébergeurs, les partenaires institutionnels afin d'établir des relais d'information indispensables à une activité touristique.

Deux cent mille "flyers" avec une... noix de Grenoble et un catalogue de réductions dans les hôtels, les lieux de loisirs, le téléphérique de la Bastille, les quatre musées ouverts tout l'été (dont celui de peinture avec la remarquable exposition Cent ans d'art à Berlin) sont distribués aux péages du réseau maillé des autoroutes de Rhône-Alpes (AREA).

"Notre action doit être claire et réaliste, d'une parfaite lisibilité, tant pour les touristes invités à faire de Grenoble une étape que pour tous ceux qui travaillent avec nous : notre accueil, notamment, doit être amélioré", a encore déclaré le nouveau directeur. Vaste entreprise, en tout cas, après des décennies de négligence de la part des municipalités grenobloises, toutes couleurs politiques confondues.

C. Bannières

Légendes photos

A : le nouveau directeur Emmanuel Briant.

B : Le bureau des congrès de la Ville de Grenoble ouvrira en septembre.

C : L'office de tourisme occupe le rez-de-chaussée de la Maison du tourisme, à côté de l'ancien collège des Jésuites.

D : Emmanuel Briant, le nouveau directeur avec Alain Pilaud, conseiller municipal, président de l'office de tourisme de Grenoble.

 
L'office de tourisme occupe le rez-de-chaussée de la Maison du tourisme, à côté de l'ancien collège des Jésuites.


Emmanuel Briant, le nouveau directeur avec Alain Pilaud, conseiller municipal, président de l'office de tourisme de Grenoble.


L'HÔTELLERIE n° 2627 Hebdo 19 août 1999

L'Application du journal L'Hôtellerie Restauration
Articles les plus lus...
 1.
 2.
 3.
 4.
 5.
Le journal L'Hôtellerie Restauration

Le magazine L'Hôtellerie Restauration