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Restauration

Franck Launay au Chambord

Le dauphin en son château

Chef du Chambord à Rennes depuis à peine deux ans, Franck Launay est un jeune cuisinier ambitieux. A 24 ans, ses projets sont nombreux.

Au Chambord, le titre de roi ne se discute pas. Le trône revient sans conteste à Jean-Yvon Launay, qui l'occupe depuis maintenant douze ans, date à laquelle il fonda cette maison rennaise. Mais tout monarque sait qu'un jour ou l'autre, il faudra bien en introniser un plus jeune. En 1996 J.-Y. Launay choisit donc son dauphin, son fils Franck. Ce dernier n'occupe pas encore tout le royaume, mais seulement les cuisines où il règne en maître. "Je décide tout en cuisine, les cartes, les plats... J'essaye quotidiennement d'améliorer ma cuisine." Dans sa cuisine, dans ses mots, dans sa vision du métier, ce chef démontre une forte exigence et une ambition non dissimulée. "C'est vrai, je suis plein d'ambition, mais à mon âge c'est normal. La cuisine n'est pas un don, elle n'est pas innée. C'est un labeur quotidien et pour continuer, il faut être passionné. Je le suis, poursuit Franck Launay. La cuisine est ma raison d'être, elle nourrit ma vie, alors je sais que j'y arriverai. On ne peut pas échouer lorsque l'on est un fanatique comme moi."
Et lorsqu'il se retrouve confronté à ses nouvelles cartes, il n'y a pas de place pour deux. "Je réalise mes cartes seul, je décide seul. Là aussi, c'est un travail complexe. Il faut toujours se remettre en cause et pas question pour moi de retrouver un plat d'une carte à l'autre. Je me creuse les méninges et trouve de nouvelles associations à chaque renouvellement de carte, tous les trois mois. A mon âge, il serait d'ailleurs dangereux de tomber dans la facilité. Il faut que je me bouscule sans cesse." Ces nouvelles associations ont, petit à petit, conquis la clientèle du Chambord, les jeunes couples en quête de tranquillité, les familles du dimanche... "Il faut épater les gens sans les brusquer. Je ne ferai jamais par exemple un magret au chocolat", ni d'ailleurs de viandes trop exotiques tels l'autruche ou le kangourou. "Ces produits ne m'ont pas convaincu", à l'inverse de l'oie du Couesnon qu'il s'apprête à travailler. Pour autant, la carte demeure largement influencée par les produits de la mer, du bar de ligne à l'esturgeon en passant par la rascasse, la morue ou le saumon. Cinq poissons en carte pour trois viandes, pas de doute, nous sommes bel et bien à proximité de la mer. Aujourd'hui en tout cas, "tout est fait maison. Les pains, les pâtisseries que je réalise moi-même, les fromages affinés etc." Pâtisserie, viande, poisson, pain ? Franck dit n'avoir aucune préférence : "J'aime tout faire. Pour moi, négliger une partie est un défaut."
A l'avenir, le jeune chef aimerait encore s'améliorer et surtout, "m'investir davantage dans l'établissement. Développer le service au plat, le découpage, et attirer une clientèle plus large, au moins régionale." Car selon cet ancien élève de Jacques Thorel, "il n'y a pas de gastronomie rennaise. C'est une ville difficile à travailler et pour se développer il faut voir ailleurs. Il n'y a jamais eu de très grandes tables sur Rennes !" Sera-t-il le chef de cette grande table ? "Il me faudra des années pour être reconnu. Mais ma marge de progression est encore grande."
Ce jeune homme serait-il un stakhanoviste du piano ? "Non, parfois, il faut que je m'évade." Il prend alors sa guitare électrique et se plonge dans la musique. Juste quelques heures... la cuisine l'attend déjà.
O. Marie


L'HÔTELLERIE n° 2606 Hebdo 25 Mars 1999

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