Bastia
Alors que depuis l'été 97 la Corse recommence à croire en son développement touristique, la ville de Bastia intensifie ses efforts pour attirer et surtout garder dans ses murs les touristes. Des touristes qui, encore aujourd'hui, ne font "qu'embarquer ou débarquer" à Bastia, lui préférant d'autres lieux de séjour dans l'intérieur ou l'extrême sud de l'île. Pourtant, la ville représente la "principale porte d'entrée" de la Corse. Son port de commerce est le deuxième de France avec plus d'un million et demi de passagers par an. Elle bénéficie d'un aéroport moderne, de deux ports de plaisance pour un total de 600 anneaux, "mais aussi d'un monde associatif dynamique, d'un patrimoine culturel et architectural important !", explique-t-on à la mairie. Ces derniers éléments ont poussé la municipalité à s'investir dans une nouvelle politique touristique. Pendant longtemps, en effet, Bastia appelée "la ville industrieuse de Corse" s'est concentrée sur le développement industriel et commercial. "Aujourd'hui, tout le monde convient que le développement économique de l'île doit s'articuler autour du tourisme, souligne Antoine Scoffoni, secrétaire général de la mairie. Même si, au plan régional, il n'existe pas encore de consensus sur une politique touristique rationnelle, nous ne voulons plus laisser passer les opportunités."
Augmenter la capacité d'accueil
C'est pourquoi, dès 1991, la ville se porte candidate pour signer un contrat de station
littorale qui doit permettre d'organiser l'offre. Il y a quatre ans, un office municipal
est constitué : "Il s'agit pour nous de mettre en valeur toutes les initiatives,
poursuit Antoine Scoffoni. La mairie à travers son OMT s'investit pour la promotion
des nombreuses manifestations culturelles organisées tout au long de l'année (festival
de la BD, du cinéma italien, du film méditerranéen...) et de la richesse patrimoniale
de la ville avec la création de produits autour des églises et monuments de la cité"...
mais tous ces efforts ne peuvent que s'appuyer sur les professionnels. Car Bastia
intra-muros, et donc la municipalité, est face à une difficulté structurelle : la
faiblesse des capacités d'accueil. "Il n'y a en effet en ville que treize
établissements hôteliers, des structures familiales de faible capacité. Des
propriétaires d'hôtels rénovent, mais nous ne pouvons pas pousser les murs pour
construire de nouveaux établissements." "Il est vrai qu'il est difficile
d'initier
un développement, explique Mme Albertini, propriétaire de l'Hôtel des Voyageurs
depuis deux ans. L'office de tourisme de Bastia multiplie les initiatives. Apparemment,
cela commence à porter ses fruits. Nous voyons de plus en plus de groupes qui viennent
passer une journée ici. Mon établissement appartenait auparavant à mes beaux-parents.
J'ai beaucoup investi pour le moderniser car je crois au développement touristique de la
ville. Malgré tout, je n'ai que 17 chambres et tous les hôteliers bastiais ne font pas
obligatoirement le même pari que moi sur l'avenir."
Alors, si des projets d'investissements hôteliers ne sont encore que dans les cartons, la
solution retenue par la ville, intégrée au niveau administratif à un district avec la
majorité des communes limitrophes, est de s'appuyer sur les capacités hôtelières de
ces communes (plus de 900 chambres). "A terme, d'ici un an ou deux, un office de
pôle devrait voir le jour, permettant d'organiser et promouvoir l'offre de toute la
région bastiaise", souligne-t-on encore à la mairie.
L. Perreti
L'HÔTELLERIE n° 2606 Hebdo 25 Mars 1999