Le magicien du Château

Rehainviller (54) Depuis 2003, Cyril Leclerc enchante la table du Château d'Adoménil, près de Lunéville. Étrange parcours que celui de ce pâtissier de boutique devenu chef étoilé.

Publié le 26 octobre 2017 à 11:35
L'étoile Michelin et les honneurs réguliers de la presse locale ne semblent pas être montés à la tête de Cyril Leclerc. Entré en 1996 au Château d'Adoménil (Meurthe-et-Moselle) en tant que pâtissier, il en dirige les cuisines depuis 2003, d'où il régale une clientèle internationale autant que locale.

Cyril Leclerc, 46 ans, a grandi à Nancy puis près de Lunéville, où il a suivi une formation de pâtissier-confiseur. En 1994, retour à Nancy où il entre chez le chocolatier Roger Lalonde. La même année, il épouse Sophie Million, fille de Michel Million, propriétaire du château d'Adoménil et chantre de la gastronomie lorraine revisitée. En 1996, ce dernier le convainc de devenir le pâtissier du château. "Je me suis demandé si j'avais bien fait, sourit l'intéressé. Ici on travaillait au coup de feu, ce n'était plus du tout le même boulot." Mais sa belle-famille veille au grain. Son beau-père et sa belle-soeur, chef de cuisine, lui mettent le pied à l'étrier, et en trois mois, il prend ses marques. 

Commis à 30 ans

En 1999, une nouvelle proposition de Michel Million va changer sa vie. "Il m'a proposé de passer en cuisine. Il m'a dit : 'Si un jour tu veux reprendre la maison avec Sophie, il faut que vous sachiez tout faire...' Je n'ai pas pu refuser, j'en avais envie depuis toujours..." À 30 ans, il se retrousse les manches et redevient commis. "C'était dur, admet-il. À 15 ans, votre cerveau est vierge. À 30 ans, votre personnalité est déjà là." Mais son travail paye. En 2001 il passe second, puis remplace Michel Million en 2003. C'est le début d'une transmission d'entreprise qui durera cinq ans. 

Le changement se sent surtout en cuisine. "Mon beau-père avait une cuisine de terroir. La mienne est plus voyageuse." Il faut dire que Cyril Leclerc est féru de voyages. Dernière destination en date : le Japon l'hiver dernier, où il a déniché quelques fournisseurs. Mais s'il aime choisir poisson sauvage et viande française pour ses clients, dans son assiette à lui on trouve peu de protéines. "Je mange beaucoup moins de viande qu'avant. On tue plusieurs centaines de milliers d'animaux en trop chaque année. C'est un vrai carnage. Dans mon métier, le mot d'ordre est le respect. On ne peut pas changer les choses sans se montrer un peu intégriste." Des notions dans lesquelles baigne sont aîné, 18 ans, en formation dans la pâtisserie de boutique. Mais Cyril Leclerc entend bien le laisser mener seul son cursus, sans le noyer de conseils. Bien placé pour savoir que si elle a parfois besoin d'un coup de pouce, une vocation a surtout besoin de place pour s'épanouir.

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Publié par Lucie DE GUSSEME



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