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SECRETS DE CHEF

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L’Hôtellerie Restauration

N° 3524 - 10 novembre 2016

C’est à La Verrière que j’ai créé

ces macaronis. Ils étaient farcis

à la morille et aux champignons

de Paris et gratinés au fromage.

Ils me servaient de garniture

pour un quasi de veau. Quand

je suis arrivé au Bristol, je me

suis dit qu’ils étaient tellement

bons qu’il fallait que je les serve

seuls, en plat. Je les ai travaillés

à la truffe et au foie gras avec

de l’artichaut. Il a fallu trouver

les bons dosages et le temps de

cuisson. Je reconnais que c’est

un plat très technique, un tra-

vail de fou même, et qu’il coûte

très cher à concevoir. Mais les

macaronis sont à la carte depuis

dix-sept ans et ils n’ont pas

changé. Je les goûte tous les

matins en testant la farce et je ne m’en lasse pas. Ils représentent

toujours 50 à 60 % des ventes des entrées. Les clients viennent

pour eux.

Comment avez-vous réagi la première fois

que vous avez vu que votre plat était copié ?

En voyant certaines photos, on se rend compte

que ma cuisine est regardée, pour ne pas dire

copiée. Pour moi, 3 étoiles dans une cuisine,

c’est une signature, donc on ne peut pas co-

pier, ou plutôt, on ne devrait pas copier. Au

départ, ça m’énervait un peu. Je me disais que

si certains copiaient, c’était qu’ils n’étaient pas

inspirés et que nous, on l’était ! Mais la copie ne vaut pas l’ori-

ginal. Quand on copie, c’est que l’on a déjà un train de retard !

Quel grand plat de l’histoire de la cuisine est votre favori ?

Le lièvre à la royale, qui est l’un des plus grands plats de la

cuisine française et que j’ai mis trente ans à mettre au point…

D’abord, j’ai appris avec les chefs des recettes toutes différentes,

et quand je suis arrivé au Bristol, j’ai fait mon propre lièvre à

la royale, qui a évolué jusqu’à il y a cinq ans, où je l’ai figé. J’ai

pris les meilleurs morceaux du lièvre, les épaules, j’ai créé une

farce parfumée et pas trop grasse, on a trouvé le point de cuis-

son - 36 heures à basse température -, et le fond de lièvre est

quasiment fait en direct. On a ainsi une sauce beaucoup plus

légère. Avec ce plat, le cuisinier peut s’exprimer : la sélection

des produits, les marinades, les sauces, les farces, la cuisson…

là il y a de la cuisine ! Le métier de cuisinier s’exprime et ne

s’improvise pas. C’est un condensé de savoirs et de techniques

de la cuisine française.

Votre plat préféré à votre carte ?

Le Ris de veau aux couteaux et coquillages. C’est une belle créa-

tion terre et mer car le mariage des goûts est un peu improbable

et surtout original. Il est aussi très surprenant avec ses diffé-

rentes textures. Ça bouscule le cerveau !

La critique qui vous a le plus marqué ?

Je suis déçu lorsqu’un client ne comprend pas ma cuisine. Cela

arrive très rarement heureusement, mais c’est frustrant car on

fait ce métier pour faire plaisir. Il faut être à l’écoute du client

pour redresser la barre tout de suite, proposer des plats qui lui

correspondent mieux.

Le secret de la réussite ?

Il faut savoir être patient, même si on a une as-

cension plutôt rapide dans ce métier. Prendre

le temps de faire plusieurs maisons pour expé-

rimenter des cuisines modernes ou plus clas-

siques permet aussi de se construire un CV qui

fera la différence. Il faut échanger, parler avec

ceux qui ont une grande expérience dans la bri-

gade. C’est enrichissant. Même s’il y a quelques

sacrifices à faire, ce métier vous le rend telle-

ment !

Il faut savoir être patient, même si on a une

ascension plutôt rapide dans ce métier. Prendre

le temps de faire plusieurs maisons pour

expérimenter des cuisines modernes

ou plus classiques.”

Ouverture :

inauguration

du nouveau restaurant

Épicure en octobre 2011

Nombre de places

assises :

45

Nombre de couverts par

jour :

90

Nombre de services par

semaine

:

14

Prix des menus :

145 €

(déjeuner) et 320 €

(dégustation)

Ticket moyen :

200 € au

déjeuner et 380 €

au dîner

Effectifs en salle

:

37

personnes

Effectifs en cuisine

:

48

personnes

EN CHIFFRES

L’équipe

Chef de cuisine :

Éric Frechon

Adjoint :

Franck Leroy

Chef pâtissier :

Laurent

Jeannin

Directeur de restaurant :

Frédéric Kaiser

Chef sommelier :

Bernard

Neveu

Le restaurant compte 45 places.