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Fonds de commerce

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L’Hôtellerie Restauration :

L’emplacement est au

cœur de l’estimation d’un restaurant. Selon vous,

qu’est-ce qu’un bon emplacement ?

PhilippeMaitre :

La qualité de l’emplacement est

déterminée à travers des facteurs locaux de commercialité,

c’est-à-dire les caractéristiques de la zone de chalandise.

Celle-ci correspond à la zone géographique qui entoure

le restaurant et comprend la clientèle susceptible de le

fréquenter. Plus il y a de passage, plus la chance de capter

une clientèle est grande. C’est pourquoi des emplacements

de centre-ville, à la fois proches des zones de bureaux,

d’autres commerces et d’attractions touristiques

présentent d’emblée des atouts. Ensuite les transports en

commun sont un plus s’ils permettent à la clientèle non

seulement de passer mais aussi de rester plus longuement

dans la zone - sortie d’autoroute, bus, tramways,

métro, stationnement. Cependant, ce qui importe le

plus, c’est l’adéquation entre l’offre du restaurant et les

attentes de la clientèle. Un très bon emplacement n’est

pas nécessairement synonyme de succès ; a contrario,

certains établissements fonctionnent très bien dans des

lieux improbables. La qualité du professionnel peut faire

la différence. Ce qu’il faut retenir, c’est que le choix de

l’emplacement est primordial et qu’il dépend à la fois de la

clientèle et du concept.

Lorsque vous cédez une affaire en perte de vitesse

malgré un emplacement que vous estimez de bonne

qualité, comment peut-on dissocier la qualité de

l’emplacement des mauvais résultats de l’activité du

fonds, et attribuer une certaine valeur de marché à cet

emplacement ?

La jurisprudence admet que la valeur d’un fonds de

commerce ne peut être inférieure à celle du droit au bail.

Pour un emplacement recherché, cette valeur peut être

particulièrement élevée - cas typique des emplacements

‘premium’ en centre-ville. Lorsque la valeur du fonds

est faible, il faut donc rechercher celle du droit au bail.

En théorie, la valeur de celle-ci est calculée en mesurant

l’économie réalisée par la différence entre les conditions

proposées pour des locaux disponibles - valeur locative de

marché - et le montant du loyer appliqué au bail en cours.

En pratique toutefois, on constate des écarts importants

en fonction de l’offre disponible et de la demande sur des

rues très prisées, notamment.

Dans quelle mesure l’agencement et l’équipement

influent-ils sur l’estimation d’un fonds de commerce

disposant d’un bon emplacement et d’une rentabilité

correcte ?

La non-conformité aux normes applicables

aux établissements recevant du public - et plus

particulièrement celles relatives à l’accessibilité des

personnes handicapées - influent inévitablement

à la baisse sur la valeur du fonds. Pour mesurer

cette influence, nous recommandons de recourir à

un organisme spécialisé qui établira un diagnostic

de manière à identifier exactement les travaux à

réaliser, ainsi que leur coût. On peut en tenir compte

pour déterminer le prix de commercialisation ou

s’en servir comme un élément de négociation avec

un acquéreur. Également, lorsqu’ils sont en mauvais

état, les gros équipements comme le piano, le four, le

frigo, la hotte, la chambre froide peuvent avoir une

influence sur le prix d’un restaurant, en particulier

sur les établissements de type gastronomiques,

car ils affectent directement la qualité de l’outil de

travail.

L’emplacement,

un élément primordial lors de l’estimation

œ

La situation géographique est l’un des éléments clés de la valorisation d’un fonds de commerce. Mais son appréciation doit tenir

compte de l’activité implantée. Explications avec Philippe Maitre, président de la commission commerce de la Fnaim.

PROPOS RECUEILLIS PAR TIPHAINE BEAUSSERON

L’AVIS DE L’EXPERT

Exemple d’évaluation d’un droit au bail de restauration rapide type sandwicherie dans

une galerie commerciale de centre-ville en province. Le propriétaire du fonds n’a pas

réussi à capter la clientèle et les résultats de son activité sont insatisfaisants.

Droit au bail à évaluer

Établissement de 150m² (la surface doit éventuellement être pondérée en fonction de la

zone) avec un loyer annuel de 100 €/m²

Références du marché sur ce type de bien dans la zone

Valeur locative annuelle moyenne au m² : 200 €

Droit au bail moyen ramené au m² annuel : 150 €

Coût locatif annuel moyen : valeur locative moyenne au m² + droit au bail moyen/m² = 350 €/m

2

Évaluation du droit au bail par le coût locatif

L’économie annuelle est donc de 350 € - 100 € = 200 € au m², soit pour une surface de 150m

2

, 150 x 200 €

= 30 000 € par an. Si la durée du bail restant à courir est de six ans, nous avons (en simplifiant) une valeur

théorique de droit au bail de 30 000 € x 6 = 180 000 €

Philippe Maitre

,

expert en transmission

de commerces et

d’entreprises.

Bpifrance

veut soutenir

les projets

innovants à

l’international

avec de

nouvelles

solutions de

financements.

De nouvelles solutions

pour s’installer hors de France

œ

Pour aider les entrepreneurs à réussir leur implantation

à l’étranger, Bpifrance et Business France proposent un

financement inédit et un dispositif facilitateur, simple et rapide.

L

es implantations de professionnels

des CHR sont encore rares à

l’international, surtout s’ils sont

indépendants. Pourtant, certains chefs

d’entreprise (notamment en restauration)

font des miracles à l’étranger, où le savoir-

faire français est très apprécié. Un

savoir-faire que Bpifrance (banque

publique d’investissement) souhaite

soutenir dans le cadre de projets

innovants, en offrant de nouvelles

solutions de financement.

“Nous

intervenons auprès des entrepreneurs qui

veulent se développer à l’international à

deux titres : d’une part en les finançant,

et d’autre part en les accompagnant avec

Business France [fusion d’Ubifrance et de

l’Agence française pour les investissements

internationaux, NDLR]”,

explique

Éric

Tainsh

, responsable export de Bpifrance.

Le premier dispositif proposé est un prêt

à l’export d’un montant maximum

de 5 M€, d’une durée de sept ans,

remboursable à partir de la troisième

année. Exclusivement proposé par

Bpifrance, ce dispositif est sans garantie

pendant toute la durée du prêt.

Seule une retenue de garantie (5 % du

montant initial du prêt) est prévue. Elle

est restituée après le remboursement

complet, augmentée des intérêts qu’elle a

produits. Les bénéficiaires sont les PME,

les entreprises ou groupes d’entreprises

employant moins de 5 000 personnes,

dont le chiffre d’affaires est inférieur à

1,5 milliard d’euros. Autre avantage de ce

prêt,

“le déblocage des fonds se fait dans

un délai extrêmement court”,

précise

Éric Tainsh.

Business France, ‘coach’

de l’entrepreneur

Le deuxième dispositif concerne

l’accompagnement, par Business France,

des chefs d’entreprise à l’étranger. Cette

agence publique, implantée dans 70 pays,

peut conseiller un entrepreneur hôtelier

dans sa recherche de locaux, dans son

recrutement, et peut le connecter avec ses

experts, via un système de visioconférence.

Elle dispose pour cela de 40 chargés

d’affaires internationaux.

“En effet, quand on se développe à

l’international, le plus difficile est

de trouver la bonne personne, le bon

partenaire, le bon hôtel sur place. Nous

aidons les entrepreneurs en leur offrant ce

service”,

ajoute Éric Tainsh.

Deux p.-d.g. ont, entre autres, déjà tenté

l’expérience :

Jean-Bernard Falco

,

de Paris Inn Group, avec la signature

d’un joint-venture en Chine, et

Jérôme

Quentin-Mauroy

, du groupe Tagerim.

Une expérience à l’international qui

pourrait faire des émules.

CATHERINE AVIGNON

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Œ

Retrouvez le portrait de Jean-Bernard Falco sur :

www.lhotellerie-restauration/QR/RTR439738

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