Pas facile de vendre son affaire aujourd'hui. Trouver le bon acquéreur au bon prix demande du temps, voire une part de chance. Cela dit, la chance, ça peut aussi se mettre de son côté. C'est sans doute ce que pensent ces vendeurs nouvelle génération qui proposent de se séparer de leur établissement sous forme de concours. Pour 400 ou 500 F, ils offrent la possibilité de gagner leur superbe affaire, un bar-restaurant, bar-glacier, bar tout court. Valeur annoncée : 1 million de francs et plus. Tentant, alléchant, attrayant et si facile pour le tout venant. Surtout que la bonne foi de l'opération est certifiée par huissier.
Les quelques exemples qui viennent en mémoire ont un autre point commun que le principe du concours, le jeu porte sur des questions de culture générale ou locale mais ne s'intéresse pas vraiment aux motivations professionnelles de l'éventuel gagnant. C'est bien au TOUT VENANT qu'on s'adresse et à qui on fait miroiter qu'il va pouvoir prendre les rênes d'une vraie entreprise. Car, ne l'oublions pas, un bistrot, c'est une vraie entreprise avec du personnel à gérer, des comptes à tenir, une réglementation à connaître sans oublier un savoir-faire qui s'apprend d'abord au bas de l'échelle...
Et puis, aujourd'hui, quand quelqu'un n'a pas l'expérience derrière, il y a le montage financier qui se transforme en parcours du combattant et permet, dans une certaine mesure, de faire ses preuves. Là, pour 400 ou 500 petits francs, l'affaire est dans le sac, enfin à portée de sac. Quelque part, ça fait peur.
Oui, ça fait peur car ça peut vouloir dire également que les repreneurs potentiels attendront maintenant le prochain concours pour se lancer dans la course aux fonds. Ça peut vouloir dire aussi que le vendeur va désormais pouvoir abandonner en l'état son affaire, dans n'importe quel état. Ça peut vouloir dire enfin que la profession, à qui on reproche parfois de manquer d'imagination, tombe cette fois dans l'excès inverse. La belle affaire !
L'HÔTELLERIE n° 2565 Magazine 11 Juin 1998
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