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L'Acadien à Cesson-Sévigné (35)

L'esprit du Grand Nord

Près de Rennes, l'Acadien invite au voyage. Celui des grands espaces, des paysages enneigés du Canada ou du Québec. Une belle adresse pour les trappeurs en herbe.

Par Olivier Marie

En ce mois de janvier, le vent glacial me pousse vers ce refuge chaleureux. A l'intérieur, l'âtre attend sa flambée et le vieux poêle son charbon. Les murs, de pierres et de bois, s'ornent de souvenirs de chasses passées. Un fusil, un cor, une cartouchière, un piège à ours... Le dernier visiteur a dû oublier sa toque de poils, accrochée au mur. Cette atmosphère chaleureuse et paisible m'incite à m'assoir devant l'immense baie vitrée. Sous mes pieds, le Saint-Laurent charrie quelques branches... Un rêve ? Bien sûr, je ne suis pas au Canada et l'eau qui coule n'a rien de commun avec le Saint-Laurent. Il s'agit de la Vilaine. "Mais nous lui avons donné le nom de Saint-Laurent, plus romantique et plus flatteur", expliquent de concert Serge et Marie Champigny, propriétaires de l'Acadien à Cesson-Sévigné près de Rennes. Le décor n'est pas un rêve, il existe bel et bien. Direction le Grand Nord.

Chacune des trois salles de l'Acadien ("Pêche à pied", "Trappeur" et "Saint-Laurent") renferme son lot de décorations, de ces petits détails que l'on ne remarquent pas immédiatement mais qui se dévoilent au fur et à mesure du repas. Un mini-piolet, un celtarion, un vieux téléphone mural caché derrière une porte... "Ces objets appartenaient pour la plupart à nos parents ou grands-parents, comme le fusil qui me vient de mon grand-père maternel, explique Serge Champigny. D'autres ont été dénichés dans des brocantes, le long du littoral breton, dans des greniers..." Des rames immenses, des casiers, de très beaux paniers à praires ou de rares raquettes à vase rappellent quant à eux la vocation maritime du Canada. Une ambiance déclinée dans la grande salle toute en longueur et bordée d'une immense baie vitrée donnant sur... le Saint-Laurent. La salle des groupes, de l'ambiance créée une fois tous les deux mois par les musiciens québécois de Caribou. "La musique est essentielle ici et lorsqu'ils ne sont pas là, nous passons exclusivement de
la musique canadienne,
québécoise... Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si vous trouvez sur les murs un violon, un banjo, un celtarion"
, souligne Serge Champigny. La musique d'accord, mais n'oublions pas la bouche.

Cela débute dès l'entrée où l'on plonge la main dans un petit tonneau rempli de cacahuettes. Une tradition canadienne. A côté, une armoire renferme de nombreux produits rappelant les grands espaces (sirop d'érable, de bleuet, guides cuisine, etc.). "Nous allons importer davantage de produits et les vendre", précise Marie. Côté cuisine, l'esprit Grand Nord ne se dément pas. Attablés sur des tables en bois, "sans nappe, à même le bois pour le respecter", les clients ont le choix : requin, esturgeon, flétan, morue, saumon, crabe des neiges, homard canadien, fesse de bœuf... le tout accompagné de pommes de terre ou d'érable. L'été, pour que le côté Grand Nord n'effraie pas, "nous servons de grandes salades froides de poissons fumés." Le midi, l'Acadien remplit ses 90 couverts grâce à une clientèle d'affaires alors que le soir, avec un prix moyen couvert de 120 F, "nous touchons les gens qui rêvent d'aller là-bas, ou qui y sont déjà allés et qui continuent à rêver."

Un concept franchissable ?

En ressortant et en admirant cette maison de bois si originale (façade extérieure en bois Klein), on se demande comment une telle idée est venue. Pour Marie et Serge, "elle a mûri lentement mais nous ne l'avons jamais abandonnée." Ils ont tout noté petit à petit dans leur cahier à spirale : style (Canada ou pays scandinaves où Serge à travaillé), carte, nombre de couverts, etc. "Mais il nous manquait un petit quelque chose. Nous sommes allés aux USA et nous avons trouvé. C'était le souci de perfectionnement dans la décoration." Revenus en France, il ne leur a pas fallu longtemps pour céder leur affaire précédente, La Braise, et monter l'Acadien après six semaines de travaux. Et aujourd'hui ? "Nous continuons a glaner de petits objets pour la déco, toujours fidèles à notre ligne de conduite." Serge et Marie gardent encore des concepts plein la tête. Vendre l'Acadien ? "Pourquoi pas. Vendre le concept ou le franchiser, nous sommes ouverts aux propositions. Mais nous sommes des indépendants et souhaitons conserver l'état d'esprit".


Inspiration «trappeurs» pour la décorationde l'Acadien.


Bois blond et objets chinés dans les brocantes pour une ambiance «terroir» canadien.


En exposition, des produits en provenance du Canada.


L'HÔTELLERIE n° 2565 Magazine 11 Juin 1998

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