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DECORATION
Décor

«Pierre» au Palais Royal à Paris

Jean-Paul Arabian ouvre le premier
restaurant-fleuriste

Il fallait y penser. Catherine Feff, la célèbre artiste remarquée pour ses gigantesques oeuvres sur bâches, l'a fait. Elle a soufflé à Jean-Paul Arabian l'idée d'un concept inédit dans lequel la table côtoie le monde végétal. Voici le premier restaurant-fleuriste. Une idée qui pourrait être jugée saugrenue par certains mais qui séduit la clientèle.

Par Cécile Junod

Au mois de mai dernier, Jean-Paul Arabian rachetait le restaurant Pierre, à deux pas du Palais Royal. Il réalisait ainsi son rêve : posséder à nouveau sa propre affaire. Jusqu'à présent l'insatiable propriétaire de cette maison traditionnelle dotée d'une étoile au Michelin ne souhaitait pas apporter de modification : «Les équipes en place sont très bonnes, quant au décor, les clients font avec depuis un certain temps, ils continueront. Ce n'est pas parce que le propriétaire change qu'il faut tout changer !», déclarait-il dans nos pages au moment du rachat.
Mais le hasard en décide parfois autrement. La mise en vente de la boutique de fleurs attenante au restaurant va bousculer les convictions de Jean-Paul Arabian. «C'était l'occasion d'agrandir le restaurant. Une occasion qui ne se représenterait pas deux fois. Aussi l'ai-je saisie au vol».
L'affaire conclue, Jean-Paul Arabian envisage quelques travaux pour transformer ce magasin de fleurs en hall d'accueil et fait donc appel à Catherine Feff, qu'il connaît de longue date. «Et c'est là que Catherine a eu une idée géniale : du jamais fait, du jamais vu, un restaurant-fleuriste !».
Sitôt dit, sitôt fait. Les travaux sont engagés, la boutique de fleurs est entièrement cassée et rénovée. Cependant, sur les plans, on prend soin d'implanter en retrait dans la boutique, une table d'hôtes. On sait déjà qu'elle est très demandée par la clientèle d'habitués.

Sortie de l'Ecole nationale supérieure des Arts Décoratifs, Catherine Feff s'est déjà beaucoup intéressée au monde de l'hôtellerie-restauration. Spécialisée dans le trompe-l'oeil, elle a réalisé de nombreuses fresques pour des établissements de grande renommée. Mais c'est surtout avec l'art de la rue et ses immenses bâches peintes, que cette jeune femme a étalé au grand jour sa créativité. Habiller de peintures gigantesques les grands monuments en réfection était une idée tout à fait géniale. Il suffisait d'y penser... Et elle l'a fait. Chez Jean-Paul Arabian aussi, il suffisait d'y penser, et c'est encore elle qui l'a fait. Désormais, les clients de chez Pierre entrent par le magasin de fleurs. Cette idée paraîtra peut-être saugrenue à certains, mais force est de constater que la clientèle apprécie la nouveauté.

Un repas à savourer et des fleurs à offrir

«Ils sont tous «bluffés», reprend l'heureux propriétaire. Certains, et non des moindres, m'ont même assuré que cette idée bucolique rendrait le restaurant encore plus attractif. En fait, c'est un peu comme si nous étions revenus à la Belle Epoque, lorsque les aristocrates et les bourgeois achetaient des fleurs à leur belle aux vendeurs à la sauvette qui arpentaient les brasseries d'autrefois».

«En fait, poursuit Catherine Feff, ici, nous avons voulu inventer une autre façon d'accueillir les clients. Ici, l'occasion nous était donnée d'imaginer un accueil fleuri. Par ailleurs, les fleurs qui se marient agréablement à la table, ont un langage symbolisant l'amitié, l'attention, les sentiments. L'idée de faire revivre cette boutique de fleurs s'est donc imposée tout naturellement à nous».
Outre son aspect inédit, cette opération engage Jean-Paul Arabian dans un nouveau challenge : il est impératif de faire vivre la boutique de fleurs. En aucun cas, elle ne doit être une charge pour le restaurant. Il lui faut donc acquérir son autonomie. Pour ce faire, Jean-Paul Arabian a fait appel à la Chambre syndicale des Fleuristes d'Ile-de-France. «Zone d'accueil d'un restaurant fréquenté par les membres du Conseil d'Etat et du Conseil Constitutionnel, ce magasin de fleurs représente pour les fleuristes professionnels une exceptionnelle vitrine de leur savoir-faire. Elle constitue également un original outil pédagogique pour les élèves de l'Ecole de la Chambre syndicale qui viennent tous les après-midi réaliser de superbes compositions florales. En fait, c'est désormais à eux de faire vivre cette unique boutique !»
Avec cette opération, Catherine Feff a renoué avec ses premières amours : la décoration et la rénovation d'hôtels-restaurants. Un challenge qu'elle est prête à saisir à nouveau.

 


Catherine Feff instigatrice du restaurant-fleuriste de Jean-Paul Arabian : un concept original mariant les fleurs et les mets qui plaît aux clients.


En retrait dans la boutique, cachée derrière de superbes bouquets, la table d'hôtes très prisée par les habitués.


L'HÔTELLERIE n° 2565 Magazine 11 Juin 1998

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